Des bibliothèques toujours à la page

Qu’en est-il du livre, du bouquin, de la «brique» à l’ère des liseuses électroniques? Les bibliothèques ont-elles toujours la cote? Que lisent les abonnés de la région? GranbyExpress.com a posé ces questions à plusieurs bibliothécaires dans le cadre de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur célébrée le 23 avril.

Nathalie Massé est comme un poisson dans l’eau dans sa bibliothèque de la rue de la Cour. Après avoir travaillé dans le domaine de l’esthétique elle a commencé à offrir de son temps à la bibliothèque de l’école primaire, puis la voici à la direction de la bibliothèque publique de Waterloo.

Avec un enthousiasme contagieux, elle offre un tour du propriétaire, décrit les lieux et les collections de chacune des pièces. Au sous-sol, on trouve les biographies et livres documentaires, mais surtout la salle de rencontre du club de Scrabble!

À l’étage, on sent tout le poids de l’histoire de l’établissement plus que centenaire. Les portraits des Foster, Robinson et autres bâtisseurs au-dessus des boiseries ajoutent un cachet historique à l’endroit.

Même si l’institution date du tournant du 20e siècle, cela ne l’empêche pas de demeurer d’actualité. Waterloo devrait entrer dans le mouvement du livre électronique d’ici la fin de l’été. «On est en processus d’adhésion à Biblio réseau. Je viens de suivre la formation et le règlement est en préparation pour le livre électronique», annonce Mme Massé.

L’affiliation à RESEAU biblio de la Montérégie ne va pas seulement bénéficier aux adeptes de la lecture sur tablette, mais aussi aux traditionnels bouquineurs. Pas moins de 6 000 nouveaux titres vont faire leur apparition sur les tablettes. «5 000 en français et 1 000 en anglais», précise Nathalie Massé en montrant plusieurs meubles vides qui n’attendent que d’être garnis.

Elle-même avoue ne pas être «pour ça bin bin» le livre électronique. «Je trouve que ça empêche la fréquentation des librairies et des bibliothèques. Ce n’est pas non plus comme toucher le livre», commente-t-elle.

Le numérique s’étend

D’autres bibliothèques de la région comme Granby et Farnham sont aussi sur le point de faire leur entrée dans le prêt virtuel. À la bibliothèque Paul-O.-Trépanier de Granby, le processus est enclenché, même si l’on observe peu de demandes d’après la directrice Linda Laberge. Dans une première étape, ce sont uniquement des livres québécois qui seront disponibles numériquement.

Dino Coudé, bibliothécaire à Farnham, dit être régulièrement interpellé par des membres qui attendent impatiemment ce virage. «On me le demande de plus en plus, les gens n’ont pas à venir à la bibliothèque, il n’y a pas de retard, pas de retour, la transaction se fait de la maison», mentionne celui qui s’attend à offrir le service cette année.

À Lac-Brome, la plus vieille bibliothèque publique en milieu rural du Québec est déjà passée au 21e siècle. Depuis 2012, la Bibliothèque commémorative Pettes dispose d’une collection numérique. «On se trouve dans une période de changement et c’est quelque chose que l’on voulait offrir comme alternative», souligne la directrice Jana Valasek.

Pour l’anecdote, elle raconte que beaucoup de membres se sont vu offrir des liseuses en cadeau lors du Noël 2011. La bibliothèque a ensuite mis un an à se doter d’une collection virtuelle pour répondre à la demande du public. Un sondage interne aurait alors démontré que 50% de la clientèle était intéressée par ce nouveau service.

Il demeure cependant un hic, il n’y a toujours pas de titre francophone disponible de façon numérique. La bibliothèque a toutefois entrepris des démarches avec l’organisme Prêt numérique pour corriger le tir.

Fréquentation en hausse

La croyance populaire que les bibliothèques sont désertées par la clientèle ne semble pas du tout fondée. Partout, la fréquentation est en hausse. À ce sujet, les données sur le nombre de prêts ne mentent pas. La croissance la plus spectaculaire devrait se révéler dans les chiffres de Farnham qui doivent être publiés sous peu.

En raison du changement de vocation de l’institution qui est devenue municipale en 2012, Dino Coudé s’attend à voir doubler le nombre de prêts par rapport à 2011.

Comme sa population est la plus importante de la région, c’est bien sûr Granby qui affiche le plus grand nombre de prêts avec 292 404 en 2012. Les membres ne font toutefois pas que passer, ils occupent les lieux.

«On a des habitués qui sont là tous les matins pour lire les journaux. D’autres qui viennent lire ici», affirme Mariève Massé, de la bibliothèque Paul-O.-Trépanier.

À Waterloo, plusieurs y viennent pour lire, mais beaucoup aussi pour jouer au Scrabble ou pour utiliser les postes d’ordinateur. Le service d’Internet sans-fil est aussi un puissant attrait à Lac-Brome, alors que bien des gens viennent y travailler avec leur ordinateur portable.

Les plus populaires

Entre les incontournables, les immortels et les coups de cœur spontanés, il faut se rendre à l’évidence que les choix des lecteurs se recoupent d’une bibliothèque à l’autre. Le cas du phénomène Cinquante nuances de Grey est un bel exemple.

«C’est la folie! Ça redonne de la libido aux madames», lance Dino Coudé, de la Bibliothèque de Farnham. Il s’étonne d’ailleurs que la saveur érotique de la série de livres ne gêne pas du tout la clientèle.

Du côté de Waterloo, Nathalie Massé note que la popularité des romans de E.L. James a pris naissance en version francophone. «On l’avait en anglais en premier et il ne sortait pas. Il a commencé à sortir quand on l’a eu en français et ensuite ç’a été la folie en anglais et en français», raconte-t-elle.

D’autres succès généralisés s’observent dans les rayons de romans historiques. Les Michel David, Louise Tremblay d’Essiambre et Marie-Bernadette Dupuy continuent de captiver les lecteurs de la région.

Chez les jeunes et les ados, la cote de popularité des Vampires tient la route à Granby et à Waterloo, mais le succès populaire se trouve surtout du côté de la bande-dessinée.

Mariève Massé énumère les séries Kid Paddle, Les légendaires et Les Canayens de Monroyal comme des titres que les jeunes s’arrachent. À Lac-Brome, on cite plutôt Les Dragouilles et Les Sisters, alors qu’à Farnham Les nombrils font un malheur.