Les syndicats inquiets de la réforme santé du Dr Barrette

INQUIÉTUDES. Les syndicats affiliés au Conseil central de la Montérégie – CSN remettent en doute la réforme santé du Dr Gaétan Barrette et sont inquiets des répercussions que pourrait avoir le projet de loi 10 du ministre de la Santé et des Services sociaux.

Présentée le 25 septembre dernier, la Loi modifiant l’organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux notamment par l’abolition des agences régionales permettrait une économie de l’ordre de 220M $ par année. Le projet de loi qui sera à l’étude au cours des prochains mois prévoit, dès le 1er avril prochain, la suppression des Agences de santé et de services sociaux ainsi que la fusion de l’ensemble des Centres de santé et de services sociaux (CSSS) pour en faire des Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) régionaux. Selon le Dr Barrette, cette restructuration du système apporterait des bénéfices économiques et améliorerait le service aux patients, notamment via un guichet d’accès unique.

Or, cette vision n’est pas partagée par les responsables syndicaux de la région. «On dirait que pour le gouvernement, plus c’est gros, plus c’est efficace. Alors que sur le terrain, on constate l’inverse», mentionne Steve Carter, vice-président pour la région de Granby du Conseil central de la Montérégie.

«On a de la misère à comprendre comment la gestion pourrait être plus facile que présentement. On pense qu’on risque de perdre une notion d’expertise dans l’approche psychosociale [au profit de l’approche santé]», indique Jean-François Landry, président du syndicat des centres jeunesse de la Montérégie.

Steve Carter ajoute que cette méga-structure a été instaurée sans que les travailleurs «sur le plancher» n’aient été consultés. «Tout le monde a été bâillonné», ajoute-t-il. M. Carter mentionne que le syndicat, s’il avait été mis à contribution dans les réflexions, aurait «vérifié l’organisation du travail. On aurait regardé les coupures pour couper à la bonne place. C’est de la dictature que le ministre fait.»

Un squelette

La présidente du syndicat du Centre de réadaptation en déficience intellectuelle de la Montérégie-Est-CSN, Lucie Bouthillette abonde dans le même sens. «On a déjà de la difficulté à donner des services. [Avec la fusion], on va faire la file à un seul établissement. Plus les établissements sont gros, plus on est loin des citoyens. Comme concitoyens, on est vraiment inquiet de cette réforme.»

Cette inquiétude s’explique, d’après Mme Bouthillette, par l’absence d’information. «Le projet de loi, c’est un squelette. On n’a pas la chair autour de l’os.»  

Lucie Bouthillette, qui compte 21 ans de carrière dans le réseau, précise avoir vécu la première vague de fusion. «Avant, on était plus proche de la population parce que le palier de décision était plus court. […] Actuellement, nous offrons un service de proximité. Avec la réforme, les décisions seront centralisées, loin des usagers. Il est faux de prétendre que cette centralisation va augmenter les services offerts aux citoyens. Au contraire… […] Avec la 2e vague de fusion, on sera moins proche.» Elle donne en exemple le cas de l’Alberta où les mégacentres, selon elle, ne répondent pas aux besoins. M. Landry poursuit dans la même veine. «Le gouvernement [du Québec] a déjà fait des fusions en 2005 [en créant les CSSS] et le service n’est pas plus rapide. Une fusion n’amène pas de nouveaux travailleurs», dit-il.

«Notre objectif final, c’est qu’il n’y ait pas de fusion. À la grosse limite, qu’on associe des établissements avec des missions similaires, mais ce n’est pas l’idéal parce que les missions sont trop spécifiques pour être fusionnées», conclut Jean-François Landry.

Soulignons que Gisèle Gince, présidente du syndicat des travailleuses et travailleurs du CSSS de la Haute-Yamaska CSN, a participé au point de presse.