La recette du bonheur selon Vicky Voyer

COURAGE. Le bruit de la sonnette se fait entendre au seuil de l’escalier qui mène au logement de Vicky Voyer. Au deuxième étage d’une charmante maison ancestrale à Granby, «Super Vicky» rayonne avec son rouge à lèvres, ses ongles colorés et son sourire pétillant. À première vue, elle parait coquette. Mais la Granbyenne a tout d’une fonceuse.

Au courant de 2012, Vicky Voyer, qui travaille à l’hôpital Brome-Missisquoi-Perkins, avait des douleurs au dos. «Depuis janvier, je prenais des antidouleurs. J’ai décidé de passer des tests et en mai 2012, à 34 ans, on m’a annoncé que j’avais une masse anormale de quatre centimètres», mentionne Mme Voyer.  

Après une batterie de tests, les douleurs de Vicky Voyer n’étaient plus illusoires et portaient même un nom à faire frémir les plus courageux: sarcome myéloïde aiguë.

«Les médecins n’avaient jamais vu ça chez une personne de mon âge. On voyait ça chez un enfant atteint de leucémie ou chez des personnes âgées. Mais dans ma tranche d’âge, j’étais le seul cas reconnu mondialement», précise-t-elle.

Oui, la vie de Vicky Voyer a basculé ce jour-là. Mais pas question d’en faire un plat. «Enfin! On venait de mettre le doigt sur le bobo. Je n’étais pas stressé du tout. On savait ce que c’était et on allait enfin savoir quoi faire», dit-elle bien franchement.

Comme la masse touchait sa moelle épinière, les médecins ne pouvaient l’opérer et retirer cette masse indésirable. La solution a été de le traiter comme une leucémie générale et de faire réduire, traitement après traitement, le corps étranger. «Je n’ai pas été un cobaye, mais ils m’ont dit qu’il n’allait pas prendre de chances et faire comme si j’avais la leucémie partout dans mon corps», explique Vicky Voyer.

Elle a donc tout connu, tout vécu: chimiothérapie, perte de cheveux, influenza, doute, espoir, courage. Un résultat de plus de 150 jours d’hospitalisation.

À la recherche de son donneur

Parmi les solutions miracles, une greffe de moelle osseuse est envisagée. «Je savais dès le départ que rien n’était certain avec une greffe de moelle osseuse, mais j’ai mis toutes les chances de mon côté.»

Le 14 mai 2013, Vicky Voyer recevait un don de moelle osseuse. Une fois l’opération complétée, elle voulait remercier la personne qui venait de lui donner «une deuxième chance».  

«Ça prend un an avant de pouvoir connaitre l’identité de ton donneur alors je l’ai imaginé tout ce temps-là. C’est mon rêve de voyager en Europe alors je l’imaginais venir d’outre-mer. Dans ma tête, il avait quelque chose d’exotique. C’était un grand Allemand blond qui m’avait sauvé la vie», confie-t-elle.

Finalement, son sauveur est un Américain. Il s’appelle Steven Beatty et il habite au Michigan. «À dix heures de route d’ici je l’ai calculé.» Depuis qu’elle a découvert l’identité de l’homme qui lui a sauvé la vie, Vicky Voyer veut aller à sa rencontre.

En attendant, les deux «frères et sœurs de sang» correspondent tous les jours. «On s’écrit des petits mots. Parfois, c’est bonne journée. D’autres fois, c’est….je pense à toi.»

Maéka

Vicky Voyer porte plusieurs chapeaux. Au travail, elle est «super Vicky», pour des amis, elle est «la ninja», et à la maison, elle est maman.

Maéka, sa grande fille de sept ans, a été d’une force et d’une maturité à toute épreuve. «J’avais peur pour elle. On aurait pu voir ses résultats chutés à l’école. Mais ç’a été tout le contraire. Elle considérait l’hôpital comme sa deuxième maison», explique Vicky Voyer.

Sans le soutien moral de ses proches, la Granbyenne avoue que la lutte de sa vie n’aurait pas été pareille. «Ma chambre n’était pas blanche. Elle était décorée et j’avais des choses positives partout. Il faut être entouré quand on est malade. Un câlin, un sourire, un petit mot peuvent faire toute la différence».

Les médecins ont découvert dernièrement une lésion au niveau de son genou droit. Le 18 décembre, Vicky Voyer aura les résultats de la biopsie. Il est d’ailleurs possible que ce soit à nouveau une forme de cancer.

Malgré tout, «super Vicky» garde espoir.

On lui laisse le mot de la fin. «Pour avoir descendu vraiment bas, à ne plus savoir si j’allais me réveiller le lendemain, ça fait toute la différence. Maintenant, je peux le dire, oui c’est vrai que quand on vit la maladie, on ne voit plus les choses de la même façon. Vivre au jour le jour et à la minute près, c’est primordial. Le futur, on ne le connait pas. Le passé, on l’a connu, mais on ne peut rien changer. Ce qu’on vit au moment présent, c’est ça qui est important.»