Pascal Plamondon tonnelier

PERSONNALITÉ. Alors que le vin, la bière, le whiskey et autres alcool sont de plus en plus fabriqués au Québec, Pascal Plamondon y a vu une opportunité. Cet ébéniste passionné par le travail du bois a fait de la tonnellerie sa spécialité.

Un tonnelier, ça ne court pas les rues! Bien peu de gens savent encore aujourd’hui fabriquer des tonneaux de chêne. Pourtant, ces barriques sont essentielles aux vignerons et distillateurs qui souhaitent retrouver les saveurs de bois, de fumée et de noisette qui exhalent du fût de chêne.

Enfant, il regardait son père à l’œuvre à l’usine Meubles Gervais de St-Césaire. Ce n’est toutefois qu’au début de la vingtaine que la passion du bois a ressurgi en lui. «Je me suis inscrit à l’École du meuble à Montréal et dans mes temps libres, je travaillais sur mes propres meubles, mes projets personnels», raconte l’artisan rencontré dans son atelier de Shefford.

Une fois sa formation en poche, il revient à St-Césaire et se lance à titre de travailleur autonome. «Je travaillais 6 1/2 jours par semaine et ce n’était pas du marché de luxe. C’était des biens moyens avec des budgets limités. Je travaillais beaucoup pour ce que je gagnais», explique le jeune père qui a eu une prise de conscience.

«Je me suis dit, ce n’est pas vrai que je vais travailler comme ça toute ma vie», confie-t-il. Pascal Plamondon se met donc à réfléchir à un projet qui l’allume. Depuis un moment, le vin l’intéresse beaucoup. «Je m’étais planté 250 plants de vigne à flanc de rivière à St-Césaire», relate l’ébéniste qui se met à rêver de fabriquer des tonneaux.

Une simple formation d’une semaine avec l’artisan Gérard Maratier suffit pour qu’il se lance. «Une fois que tu sais comment faire, la seule façon d’apprendre et de t’améliorer, c’est d’en faire», résume M. Plamondon.

De fil en aiguille, il rencontre des vignerons, des brasseurs de bières et des producteurs d’alcool qui sont à la recherche de tonneaux de chêne. «Il y a certains producteurs qui savent l’importance que leur produit soit fait à 100 % au Québec», mentionne le fabricant qui commercialise la marque Tonnellerie Plamondon depuis six ans.

Puisqu’il fabrique tout à la main, le tonnelier peut livrer en moyenne de 12 à 20 tonneaux par mois. Au moment de notre visite, il avait déjà 24 grosses barriques de 225 litres à assembler sur son carnet de commandes.

Bois, métal et feu

Pour fabriquer un tonneau, il faut du bois de chêne, des anneaux de métal et du feu. «Pour que ce soit parfaitement étanche, il faut que les angles soient parfaits», note d’abord Pascal Plamondon.

Les lattes de bois, appelées douelles, sont ensuite disposées côtes à côtes à l’intérieur des cerceaux de métal. C’est par la simple pression du serrage des douelles les unes contre les autres qu’on obtient l’étanchéité.

Pour sceller le tout, le bois est chauffé par le feu. C’est aussi cette étape de chauffe qui va brûler le bois pour y donner le goût de fumée.

Métier d’avenir

Le travail du tonnelier, dans un jeune marché comme le Québec où la production d’alcool débute à peine, pourrait s’avérer prometteur. L’avantage pour le fabricant de tonneaux, c’est que le vigneron ou le brasseur doit changer de cuve de bois à chaque production.

«Pour aller chercher le goût de fumée, de noisette et la couleur ambrée, il faut du bois neuf», précise Pascal Plamondon. Les clients satisfaits deviennent donc assez rapidement des partenaires d’affaires à long terme.

Le marché du tonneau décoratif est lui aussi intéressant. Après avoir meublé de nombreux supermarchés IGA, il continue de recevoir des commandes de designers qui décorent des brasseries et des restaurants.

Pour l’instant, le tonnelier ne dispose pas d’une production assez suffisante pour en vivre à l’année. Il se prépare toutefois à lancer de nouveaux produits artisanaux qui devraient le tenir bien occupé dans son atelier.