Vague de morsures: six attaques de chien en six mois

Un chien mord une fillette de deux ans dans le dos l’été dernier. Un garçon de neuf ans mordu à huit reprises à l’Halloween. Une attaque de pitbull sans morsure survient en novembre. Un pitbull fracture le bras d’une joggeuse à la mi-décembre. Et un enfant attaqué trois fois par un bouvier bernois dans le temps des fêtes. Brome-Missisquoi est le théâtre d’une véritable vague de morsures de chien par les temps qui courent. Carl Girard, le responsable de la Société protectrice des animaux (SPA) des Cantons, lance un appel à la vigilance et à la responsabilisation des propriétaires.

 

Les attaques de chien se sont multipliées au cours des derniers mois dans la région. Si certaines personnes pointent du doigt les pitbulls, un recensement des dernières morsures à être survenues sur le territoire prouve ce que Carl Girard clame: ça ne va pas avec la race.

 

«On parle beaucoup des pitbulls parce qu’ils ont une force colossale et que les morsures sont plus visibles, plus marquantes. Ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir ce type de chien. Ça prend beaucoup de contrôle et il faut le socialiser. Ça reste que c’est un chien plus primé que d’autres chiens, contrairement aux Labrador ou aux caniches.»

 

L’été dernier, une fillette de deux ans a été mordue dans le dos par un Border-Collie croisé. «La morsure superficielle était un avertissement du chien», explique M. Girard.

 

À Cowansville, un couple promenait son Labrador lorsque la bête a été agressée par deux pitbulls en pleine rue.

 

Puis à l’Halloween, une histoire d’horreur survient. «C’est une des pires que j’ai eues à ce jour», confie Carl Girard. Un enfant de neuf ans a été mordu à huit reprises par un Golden croisé qui était en laisse à Farnham. Les événements se sont passés en moins de vingt secondes. «C’étaient des morsures de peur. Le chien était attaché, coincé et il a réagi fort. Les morsures, très fortes, n’étaient pas contrôlées», indique celui qui compte une dizaine d’expérience en tant qu’éducateur canin.

 

À la mi-novembre, une attaque de pitbull a été évitée de justesse. «Une personne est venue sur le terrain du chien, mais ça ne s’est pas rendu à la morsure. Maintenant la bête doit porter la muselière en tout temps et si le propriétaire perd son chien de vue, il doit nous avertir.»

 

Une joggeuse, Joy Wattie, a été moins chanceuse le 12 décembre dernier, comme le rapportait le Guide dans son édition du 21 décembre. La dame de 59 ans courrait sur le chemin Vallée Missisquoi à Glen Sutton lorsque le pitbull d’un voisin l’a agressé. Résultat: une sévère morsure et une fracture du poignet gauche. La dame a dû se soumettre à plusieurs traitements afin de prévenir la rage et une infection à son os. «C’est une attaque prédatrice et Mme Wattie a subi une blessure de défense», dit Carl Girard. Sans le réflexe de se protéger avec ses bras, Joy Wattie aurait possiblement été atteinte à la gorge par le pitbull.

 

Et plus récemment, durant le temps des Fêtes, toujours dans Brome-Missisquoi, un bouvier bernois a mordu trois fois une jeune fille. «Elle a eu une morsure au visage et deux autres aux bras. Ce sont des morsures très fortes, des morsures de peur», poursuit l’éducateur canin.

 

Beaucoup d’enfants
L’analyse des données dans Brome-Missisquoi démontre qu’une bonne proportion des victimes des attaques de chien survenues sont des enfants.

 

D’après des statistiques relevées par l’Agence de santé publique du Canada entre 1990 et 2003, 81,5% des victimes de morsures de chien survenues au pays sont des jeunes de 14 ans et moins.

 

Par exemple, dans le cas d’une attaque prédatrice, Carl Girard explique que le chien va souvent agresser un enfant. «Les petits sont plus proches d’une proie. En courant, il va allumer le chien et les cris ressemblent à ceux d’une proie.»

 

Tous les âges confondus, la tête, le visage et le cou constituent les régions du corps le plus souvent blessé (43%), toujours selon l’agence gouvernementale.

 

En comparaison, dans le cas d’une agression territoriale, commise souvent par des chiens de berger, l’animal va aboyer et faire une morsure d’avertissement pour éloigner l’être indésirable tandis que les morsures de peur sont des attaques de survie où le chien va mordre plusieurs fois sans contrôle.

 

Reconnaître les signes
Pour la Sûreté du Québec, les morsures ne constituent pas un fléau. «Dans une année, il survient «X» nombres de morsures. Chaque cas est unique au même type qu’un accident de la route mortel. C’est un concours de circonstances», explique le sergent Hugo Lizotte, porte-parole de la SQ de Brome-Missisquoi. 

 

Si ce sont des événements isolés, Carl Girard soutient que les propriétaires doivent reconnaître les signes d’attaque chez leur chien. «Il y a toujours des signes. Le premier signal, c’est que le chien fixe. Ensuite, il tournera son corps dans la direction avant de décoller», explique le responsable de la SPA des Cantons.

 

De plus, si le chien bâille sans être fatigué, c’est un signe qu’il est nerveux, voire tanné. «Ce sont de petites choses, mais ça fait allumer. Mme Wattie n’a rien pu faire, mais pour les autres agressions, il y avait quelque chose à faire. Ce n’est pas vrai qu’un chien attaque sans raison, sans signe. Il te le dit qu’il ne va pas bien, qu’il n’est pas à l’aise, qu’il est nerveux, qu’il a peur. C’est impossible de prévenir les morsures si les gens sont incapables de déceler le langage corporel de leur chien», croit Carl Girard.

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Malgré son air espiègle, Cooper, un pitbull de cinq mois et demi, dégage déjà une force incroyable. À l’âge adulte, il sera deux fois plus haut et trois fois plus large que sur cette photo.