Période de chasse préoccupante sur le chemin Darby

La reprise de la chasse aux canards inquiète des résidents du chemin Darby, à Shefford, au point où ils demandent l’intervention des autorités concernées afin de légiférer la chasse dans ce secteur.

Bruits de chaloupes à moteur au lever du soleil, coups de fusil à répétition, déchets et débris de cartouches laissés sur place, empiètement sur des terrains privés, aménagement illégal de caches sur la rivière Yamaska et même des maisons touchées par des balles perdues.

Depuis des années, des chasseurs s’emparent du chemin Darby pour le transformer en stationnement durant les week-ends. Des véhicules et des remorques s’y entassent tôt le matin. Signe que la chasse aux canards bat son plein. À cette hauteur, la rivière Yamaska devient un véritable parc à chasseurs.

Des citoyens, qui désirent garder l’anonymat par peur de représailles, dénoncent cette situation. Ces derniers craignent pour leur sécurité et hésitent à sortir à l’extérieur de leur maison, dont certaines se trouvent à quelques dizaines de pieds de la rivière.

«Ils (chasseurs) vont finir par tuer quelqu’un», déclare Gérard (nom fictif). Un avis partagé par François (nom fictif). «On se fait envahir par des gens de l’extérieur. On n’est pas contre la chasse, mais ces chasseurs détruisent un peu l’environnement et nous enlèvent une qualité de vie. Je connais même un propriétaire d’une résidence secondaire qui n’ose plus venir dans le temps de la chasse.»

Dès l’aube, les méandres (cours d’eau en serpentin) de la Yamaska, près du chemin Darby, sont pris d’assaut par des chasseurs. En un rien de temps, la zone de chasse regorge d’individus armés en quête de gibiers. Et le festival des coups de fusil se prolonge jusqu’au coucher du soleil. Selon les deux citoyens interrogés par GranbyExpress.com, des chasseurs chasseraient même du côté de Granby, dans le secteur du chemin Ostiguy, et ce, à quelques pas du Parc national de la Yamaska et du Centre d’interprétation de la nature du lac Boivin alors que la chasse y est interdite.

Les deux hommes se sont adressés à la municipalité de Shefford sans obtenir réponse à leurs questions. L’un de nos interlocuteurs, Gérard, a contacté par le passé le 9-1-1 pour aviser la Sûreté du Québec. «J’ai appelé quatre, cinq fois pour signaler des coups de fusil, mais ils (policiers) viennent le lendemain. Ils doivent être bien occupés», ironise l’homme.

Le voisinage s’est donc mobilisé cette année pour mettre fin à ce manège automnal. D’ailleurs, François et Gérard ont apposé des affiches «terrain privé» le long du chemin Darby pour sensibiliser les chasseurs.

«On a acheté des terrains sur le bord de la rivière pour avoir la paix (…). Pensez-vous que l’on a la paix? Vous devriez entendre ça les bruits de moteur à 5h le matin», indique Gérard.

Gérard et François espèrent l’intervention de la municipalité de Shefford, des policiers de la SQ et des agents de la faune pour ramener l’ordre sur la rivière Yamaska et sur le chemin Darby.

«On veut que les chasseurs sachent qu’ils ne sont pas les bienvenus. On a peur pour nous, pour nos enfants et nos petits-enfants», affirme François.

Agents de la faune ou SQ ?

Qui peut agir pour ramener la paix dans les environs du chemin Darby? Les policiers? Les agents de la  faune? La municipalité de Shefford? À la lumière de nos appels logés aux intervenants concernés, la partie de chasse pourrait se poursuivre longtemps.

Informée de la situation par GranbyExpress.com, la direction du Service de protection de la faune du Québec, bureau de Granby, admet ne pouvoir intervenir. «À notre niveau, on ne peut rien faire. Si des chasseurs chassent sur des terrains privés sans permission du propriétaire, c’est la SQ qui doit intervenir», explique le lieutenant Pierre Fortin, directeur du Service de protection de la Faune du Québec, bureau de Granby.

Si les dates, les heures de chasse, le permis et les armes et les projectiles utilisés respectent la règlementation, les chasseurs sont en droit de pratiquer la chasse sur cette portion de la Yamaska, soutient le lieutenant Fortin. En cas de doute, on peut appeler SOS Braconnage au 1 800 463-2191.

À la municipalité de Shefford, le dossier de la chasse revient sur la sellette tous les automnes.  «Des citoyens ont fait des représentations au conseil, mais ça demeure une activité permise par la loi et légiférée par une douzaine de lois fédérales, provinciales et municipales. Donc, si les gens laissent l’accès aux chasseurs et qu’ils chassent avec un permis durant la bonne période et dans les règles de l’art, une municipalité ne peut intervenir», déclare Charles Brunelle, inspecteur municipal au Canton de Shefford.

Samedi dernier, ouverture officielle de la chasse aux canards, des patrouilleurs de la SQ se sont rendus sur le chemin Darby à la demande de citoyens. Les agents ont d’ailleurs profité de leur visite pour remettre des avis aux chasseurs garés en bordure de cette voie privée.

«Le conseiller municipal responsable de la sécurité publique, André Pontbriand, et le policier parrain de la municipalité sont allés sur place, vendredi dernier, pour regarder les infrastructures afin de voir de quelle façon on peut intervenir sur le chemin Darby, mais aussi sur le chemin Potvin où c’est également une problématique»,  déclare le lieutenant de la SQ de la MRC Haute-Yamaska, Martin Dupont.

Quant au droit de chasse sur un terrain privé, le lieutenant Dupont rappelle aux chasseurs qu’ils doivent obtenir une permission écrite du propriétaire terrien. En cas contraire, ils sont en infraction. Une règlementation municipale d’ailleurs appliquée par les agents de la SQ.

«Comme il y a une problématique de chasse aux canards dans ce secteur, on va travailler en partenariat avec les agents du ministère de la Faune. On doit se rencontrer dans les prochains jours pour arrimer nos pratiques et nos compétences pour s’assurer que la chasse se déroule de façon conforme et sécuritaire», confie le lieutenant Dupont.