La SPA des Cantons déborde

La période des Fêtes a été marquée par un nombre impressionnant d’abandons d’animaux dans la région. Pas moins d’une trentaine de chiens et d’une vingtaine de chats ont trouvé refuge à la Société protectrice des animaux (SPA) des Cantons en une dizaine de jours, une situation décriée par le directeur de l’organisme, Carl Girard.

«Les fêtes ont été rough. Ça nous sort par les oreilles», lance d’emblée le principal intéressé. Durant cette période, la SPA a récupéré une trentaine de chiens, dont des chiots et une vingtaine de chats. «On a trouvé une portée de cinq chiots près d’une grange le 24 décembre. On a une chienne errante qu’on a trouvée à Roxton Pond le 1er janvier et elle a accouché de neuf chiots le lendemain», donne en exemple Carl Girard. 

Avant cette période hautement achalandée, le chenil de l’organisme était pratiquement vide et les chats étaient beaucoup moins nombreux. «C’est hallucinant! Actuellement, on a près de 50 chiens plus les chiots et plus de 80 chats», constate le directeur de la SPA.

Carl Girard était loin de se douter que la période des Fêtes rimerait avec abandons de masse. «Jamais je n’aurais cru que ça aurait été si pire. Je m’étais dit, c’est Noël, ça va être correct, mais non!».

À pareil moment l’an dernier, la SPA hébergeait une douzaine de chiens. «L’année passée, la SPA n’avait pas autant de villes sous contrat et elle n’était pas autant connue. Cette année, on est victime de notre succès», croit M. Girard.

Ce dernier explique également la popularité de son organisme par ses choix. «On n’euthanasie presque pas d’animaux. On n’euthanasie que les animaux gravement malades et ceux qui sont agressifs. Les gens savent qu’on fait de quoi avec leur animal. C’est beaucoup plus facile de les abandonner», dit-il. 

Un autre blitz à venir

Avec ce flot incessant d’abandons, le refuge situé sur la rue Rivière, à Cowansville a presque atteint sa capacité maximale. «À 50 chiens, on commence à être serrés. Mais je ne devrais même pas me rendre à ce chiffre-là. Quelque part, il y a de l’abus. On est au fin fond de nulle part. On n’est pas au centre-ville de Montréal», indique-t-il. Habituellement, l’organisme qui compte 24 Villes sous contrat peut envoyer des bêtes dans des refuges situés dans le Nord des États-Unis et en Ontario, mais eux aussi roulent à plein régime. «Tous les refuges débordent. On ne peut pas en envoyer. Habituellement, ce sont eux qui nous appellent pour avoir des animaux, mais là, c’est bien tranquille», constate-t-il.

Malgré cette situation alarmante, Carl Girard s’attend à vivre un autre boom d’abandons au cours des prochaines semaines. «À la fin janvier et au début du mois de février, on devrait avoir un autre blitz, celui des animaux cadeaux de Noël.»

Le directeur indique qu’après un mois ou deux d’idylle, les enfants qui ont reçu un animal en cadeau sont tannés de s’en occuper et les parents n’ont pas le temps. L’animal risque alors d’être abandonné à la SPA.

L’organisme doit aussi jongler avec les séparations de couples. «J’ai au moins trois de mes anciens clients qui m’ont appelé au cours des deux dernières semaines pour me dire qu’ils se séparent. Ils vont venir porter leur animal.»

«C’est trop facile»

Carl Girard explique également l’abandon des animaux en montrant du doigt la facilité à laquelle les gens peuvent acheter un animal. «C’est trop facile. Il ne faut pas mettre toutes les animaleries dans le même panier, il ne faut pas catégoriser, mais je trouve ça trop facile à acheter. Les gens voient un chiot dans une vitrine au centre d’achats et peuvent l’acheter», dit-il.

Or, à la SPA, les employés responsables de l’adoption font remplir un formulaire aux aspirants-propriétaires. «C’est pour éviter d’avoir un retour dans deux semaines. On demande, entre autres, combien coûtent un vaccin et une poche de moulée. S’ils ne savent pas, ils retournent faire leurs devoirs», conclut M. Girard.