Une œuvre à l’image de celle qui donne

Chaque artiste crée parce qu’il a quelque chose à offrir au monde. C’est avec cette prémisse que John Fredy Rivas Gomez a conçu l’œuvre Étendue de rêves qui sera installée devant le Centre culturel France-Arbour. Une caractéristique qui sied bien à celle qui donne son nom au bâtiment.

Dans son salon où il reçoit GranbyExpress.com, l’artiste a recouvert la maquette de son œuvre sous un tricot. Pas question non plus de jeter un œil aux dessins finaux du projet. «Je veux cultiver le mystère jusqu’au dévoilement», insiste-t-il.

S’il n’est pas possible de la voir, on peut tout de même en parler. Dans le document descriptif de la sculpture, on explique que l’œuvre d’acier de 1,8m par 1,6m représente une main par laquelle les rêves peuvent devenir réalité. Elle se veut aussi «la représentation du don. De donner au monde ce qui existe en nous, comme madame France Arbour l’a fait», peut-on lire.

Fredy Rivas dit n’avoir jamais rencontré France Arbour, mais il s’est beaucoup renseigné sur sa carrière et son implication dans la région. «Dans son travail, au théâtre ou ailleurs, elle donne à tout le monde l’art de différentes manières», souligne-t-il. Des rideaux à la base de la main font aussi un clin d’œil à la carrière de la comédienne.

Un boulot de documentation a aussi dû être réalisé pour l’histoire de l’édifice anciennement connu comme La Ruche. «Je suis allé m’installer devant l’immeuble de jour, de soir, de nuit, pour voir la lumière, l’environnement. J’ai aussi fait des recherches sur sa vocation religieuse», raconte le créateur.

Déjà bien intégré

Si le nom de John Fredy Rivas Gomez est encore peu connu de la communauté artistique locale, c’est que le Colombien d’origine demeure à Granby depuis un an et demi seulement. Technicien en architecture et bachelier en art, il poursuit sa démarche artistique en marge de son emploi de dessinateur au sein de l’entreprise Clean box.

Dans la lettre d’intérêt qui accompagne sa candidature pour le projet d’art public, il mentionne sa volonté de «remercier la communauté québécoise» et du même coup «faire sortir de l’anonymat les artistes immigrants installés dans la région».

Lui-même sort enfin de l’anonymat grâce à cette première œuvre publique dans sa ville d’adoption. À son arrivée dans le coin, Fredy Rivas est d’abord allé du côté du Cégep de Granby – Haute-Yamaska où il a joué un rôle d’assistant au département d’arts.

«Ça m’a permis de connaître la langue, d’écouter les étudiants et d’apprendre les mots des arts», raconte celui qui a alors fait la rencontre de l’artiste Raphaëlle de Groot et de l’équipe du Centre d’essai en art actuel 3e Impérial.

C’est justement par l’entremise de Patrick Beaulieu du 3e Impérial qu’il a appris l’existence du concours pour la réalisation d’une œuvre au Centre France-Arbour.

En Colombie, il a notamment enseigné les arts et le dessin assisté par ordinateur auprès de jeunes du primaire et du secondaire. Il a aussi réalisé des performances artistiques dans les rues de Bogota.