Un mur de soutènement sème la frustration à Waterloo

Amas d’eau sur les terrains, drainage inadéquat, effondrement d’un bloc de béton, affaissement de sol, risques d’éboulement et un aménagement de muret illégal. Des citoyens de la rue Chagnon, à Waterloo, n’entendent pas à rire depuis l’installation d’un mur de soutènement à l’arrière de leur nouvelle résidence. Leur vie de quartier en prend pour son rhume au point où ils demandent l’intervention du conseil municipal afin de corriger l’erreur d’un entrepreneur en construction.

Érigé au printemps 2012 par Gestion Scaron inc, le mur de soutènement visait à contenir les sols des lots voisins situés sur la rue Bellevue. La présence d’un important dénivellement de terrain avait forcé l’entrepreneur en construction à trouver une alternative pour contenir les sols. Le hic? L’aménagement a été exécuté sans la présentation d’un plan d’ingénierie et sans permis de construction.

Après avoir été mise au fait de la situation, la Ville a tenté de dénouer l’impasse avec l’entrepreneur, mais en vain.

Pour rectifier l’état des lieux, la Ville a convoqué l’entrepreneur de Boucherville en cour municipale le 5 mars dernier. La partie défendresse ne s’est toutefois pas présentée en cour et a été condamnée à une amende de 1000$.

«On a rencontré l’entrepreneur et on a fait plusieurs correspondances avec lui, mais (…). Le muret est trop haut et une partie de cette installation est tombée sur la rue Chagnon. C’est la première fois que je vois ça et c’est très insécurisant pour les gens», indique le maire de Waterloo Pascal Russell.

Des citoyens mécontents

Des résidents d’une dizaine d’habitations du côté nord de la rue Chagnon vivent avec l’épée de Damoclès au-dessus de leur tête en tout temps. Un éboulement pourrait survenir à tout moment, prétendent certains résidents rencontrés par GranbyExpress.com.

«Au printemps, les blocs (de béton) bougent par la gelée. Et près de ma maison, le terrain s’enfonce et on me répond que c’est normal…le terrain va «caler» pendant dix ans. Ils (Ville et Gestion Scaron inc.) peuvent bien faire ce qu’ils veulent, mais je veux que ça règle», déclare Line Lachance, une propriétaire de la rue Chagnon.

Outre les mouvements du mur, la citoyenne craint la présence d’un poteau d’Hydro-Québec installé tout près de l’aménagement incorrect. «Si on enlève un bloc, je vais me retrouver avec le poteau sur mon terrain», soutient-elle.

Comble de malheur, au début du mois d’avril, la Ville de Waterloo a fait parvenir une lettre aux propriétaires de la rue Chagnon les invitant à ne rien construire aux bords du mur en litige pour prévenir les dangers. Pour Mme Lachance, la décision de la Ville lui fait perdre la jouissance d’une vingtaine de pieds de son terrain. «Est-ce que je vais pouvoir garder ma galerie», ironise la dame.

La Waterloise souhaite un aboutissement positif afin de passer à autre chose. «C’est plate parce que je l’aime ma maison. C’est ma première propriété. J’aime le coin et mes voisins, mais ce mur de blocs là…».

La voie des tribunaux

Malgré l’émission d’un constat d’infraction de 1000$ à l’endroit de Gestion Scaron inc., le dossier du mur de soutènement de la rue Chagnon n’est pas clos pour la Ville de Waterloo. L’administration municipale a d’ailleurs confié un mandat à un avocat afin de porter la cause en Cour supérieure du Québec.

«Les gens sont pris en otage et il faut poursuivre les procédures légales», mentionne le maire Russell.

D’ici les représentations en cour, la Ville organisera une rencontre d’information à l’intention des résidents de la rue Chagnon d’ici deux à trois semaines.

De son côté, la direction de Gestion Scaron inc. ne voit pas la saga de la rue Chagnon du même œil.

«Oui, c’est un peu plus haut que quatre pieds, mais ça tient. J’ai fait ce mur à mes frais  pour ne pas achaler personne. Si je n’avais pas fait ça, les terrains (de la rue Bellevue) débouleraient sur les terrains de la rue Chagnon», affirme Marino Scattolin, président de Gestion Scaron inc..

Quant à la portion du mur qui a cédé, M, Scattolin allègue que l’eau est en cause. «Ç’a défoncé vis-à-vis deux terrains qui ne sont pas développés. En creusant, il nous est apparu un bassin d’eau.»

Pour mettre fin au débat, l’entrepreneur est prêt à réduire le mur. Il prévient toutefois les résidents et la Ville des conséquences d’une telle opération. «Je peux bien les descendre les blocs avec une grue, mais ça va débouler. C’est pas à moi à supporter les terrains des voisins.»

D’après Marino Scattollin, l’aménagement d’un mur de soutènement avec des blocs a fait ses preuves sur plusieurs de ses chantiers au fil des ans. «Selon ma petite expérience de 35 ans en construction, c’est fort en masse. J’en ai fait des murs de 5, 10 et 15 blocs de haut et ça tient.»