Yvon Lessard: l’homme de la situation

Durant sa carrière d’une trentaine d’années au sein de l’entreprise IBM, c’est lui qu’on appelait pour qu’un projet aboutisse. «To make the thing happen», dit-il. Un talent qu’il a par la suite mis au service des jeunes entrepreneurs et du monde communautaire. Portrait d’Yvon Lessard: l’homme de la situation.

Partout où il est passé, le technicien en électronique s’est fixé des objectifs, a mis en place sa stratégie de solution et a obtenu des résultats au-delà des attentes. «Ça vient des gènes de ma mère et de mon père. J’ai été élevé avec la mentalité de la réussite. Si tu fais quelque chose, fais-le bien», raconte celui qui a maintenant l’occasion de transmettre cette valeur à ses petits-enfants.

Après avoir grandi dans la région de Sherbrooke, puis amorcé sa carrière chez IBM à Montréal, il a participé à l’implantation de l’usine du géant de l’informatique à Bromont en 1971. Voilà comment Yvon Lessard s’est établi à Granby pour de bon.

Durant près de 30 ans, il va coordonner de nombreux projets à l’intérieur de l’usine du boulevard de l’Aéroport, soit jusqu’à sa retraite en 1997. Il décide ensuite de partager son expérience avec d’autres entreprises en offrant des services-conseils. «J’ai fait ça trois ans, mais je n’ai pas vraiment aimé ça. J’étais mal à l’aise de facturer des petites entreprises pour une solution que je pouvais trouver en 30 minutes», admet l’homme de 67 ans qui s’est alors tourné vers le bénévolat.

Pour continuer à partager ses connaissances, Yvon Lessard est devenu mentor et a pu accompagner jusqu’à maintenant sept entrepreneurs dans leur projet. «Je préfère le mentorat parce que c’est plus axé sur le savoir-être que sur le savoir-faire», souligne-t-il.

Directeur du scrutin

S’il est officiellement retraité, notre homme conserve tout de même un petit emploi qui a de quoi le tenir occupé. Depuis 2008, il est directeur de scrutin fédéral pour la circonscription de Shefford. «C’est complètement fou, mais j’aime ça!», assure-t-il.

Pour chaque élection fédérale, il doit s’assurer du bon fonctionnement des 225 bureaux de vote du comté. Ce qui veut dire diriger 50 employés durant le processus d’organisation, ainsi que recruter, former et coordonner 1 000 personnes pour le jour du vote.

«La différence avec un projet d’ingénierie, c’est que tu peux toujours avoir des délais, mais avec les élections, il n’y a pas de délai. Il faut que tu sois prêt le jour de l’élection parce que tu ne peux pas remettre ça au lendemain», compare celui qui organiser deux scrutins en 2008 et 2011.

Bénévole en or

Un organisateur efficace de la trempe d’Yvon Lessard représente de l’or pour les organismes communautaires dont les coffres ne débordent pas de moyens. Au cours des dernières années, il a apporté son aide à SOS Dépannage où il a coordonné le projet d’agrandissement, ainsi qu’à Centraide.

«Durant ma carrière, j’ai beaucoup travaillé le côté cartésien, technique et j’ai mis de côté l’humain. Dans mes objectifs de retraite, je me suis dit on va s’humaniser un peu», confie le bénévole qui a notamment reçu une médaille du jubilé de la reine en janvier dernier.

L’expérience de son pèlerinage à Compostelle a notamment joué un rôle dans ce changement de perception. «J’ai découvert la générosité des gens et j’ai décidé de l’appliquer. C’est incroyable ce qu’on retire comme satisfaction de donner pour le simple plaisir de donner», mentionne celui qui organise maintenant des marches de longue distance et collabore à l’Association du Québec à Compostelle.

100 000$ aux écoles

Le dernier projet en liste d’Yvon Lessard est celui de la campagne de vente des pains Richelieu. D’une pratique morose et peu lucrative, il en a fait une véritable source de financement pour les écoles et d’autres organismes de la région.

«Quand je suis embarqué, j’ai fixé comme objectif: cinq ans, 50 000 pains vendus», se souvient-il. Trois ans après cette déclaration, la plus récente campagne a dépassé la barre des 30 000 pains vendus et le maître d’œuvre est convaincu plus que jamais que l’objectif sera atteint cette année.

Le Club Richelieu international a pour mission d’aider les jeunes défavorisés et de faire la promotion de la langue française. La campagne de vente de pains permet aux organismes qui s’y engagent d’empocher 2$ par pain vendu, alors que le club lui ne conserve qu’environ 0,15$.

«Si les jeunes vendent 50 000 pains, c’est 100 000$ qui retournent dans nos écoles pour des projets ou du matériel», fait remarquer M. Lessard. Le Club Richelieu verse aussi de ses propres fonds en lien avec ses missions. À Granby, il contribue à hauteur de 10 000$ par année au projet Jamais trop tôt, du Festival international de la chanson, qui fait la promotion de la langue dans la francophonie canadienne.