Granby: 20 décès sur le réseau routier en sept ans

Qu’ont en commun Lac-Brome, Saint-Pie et Shefford? C’est dans ces municipalités que le nombre de victimes d’accidents de la route est, toutes proportions gardées, le plus élevé dans la région, révèle une enquête inédite réalisée par TC Média. Granby fait bonne figure à ce chapitre, mais compte tout de même 20 morts en sept ans,

En Haute-Yamaska et dans Brome-Missisquoi, Lac-Brome trône au sommet du palmarès avec le plus haut taux de blessés moyen (incluant les morts, les blessés légers et graves) des sept dernières années, soit 9,20 victimes par 1 000 habitants. Saint-Pie (9,18) et Shefford (8,65) complètent le top 3.

Dans la région, Granby a l’habitude de se démarquer avec le nombre d’accidents et elle se distingue aussi du côté des victimes. Entre 2006 et 2012, 3 297 personnes ont subi des blessures dans un accident de la route. «Ces statistiques-là sont vraiment réalistes. Dès qu’il y a un blessé, la police doit être appelée», précise Guy Rousseau, porte-parole du Service de police de Granby.

Malgré sa haute teneur touristique, Bromont se classe au 6<V>e<V> rang régional (sur huit) en termes de victimes. «Il y a beaucoup de surveillance routière. Les gens savent qu’à Bromont, il y a beaucoup de polices. Ça peut avoir son côté plate, mais il y a moins d’accidents et plus de sécurité», indique Marc Tremblay, inspecteur à la surveillance du territoire au Service de police de Bromont.

Et les accidents mortels?

Lac-Brome se démarque aussi au niveau des collisions fatales. C’est dans cette municipalité que l’on retrouve le plus grand nombre de victimes d’accidents de la route par habitant entre 2006 et 2012. Pas moins de dix personnes ont perdu la vie en sept ans dans cette municipalité de 5 620 âmes, soit une moyenne de 0,25 décès par 1 000 habitants, dont trois en 2012. Le 12 novembre dernier, Alexandra Laliberté et Natasha Lavigne sont décédées lors d’une violente embardée survenue sur le chemin Bondville (route 215) à Lac-Brome. Quelques semaines plus tard, la Sûreté du Québec avait mené une opération de surveillance dans ce secteur au cours de laquelle 14 conducteurs avaient reçu une contravention pour vitesse excessive.

À ce moment, cette opération faisait suite à des demandes formulées par des citoyens du secteur. «Les endroits où il y a des accidents font partie des endroits ciblés où on est plus présents pour réduire la vitesse», indique Aurélie Guindon, porte-parole de la Sûreté du Québec de l’Estrie. Les policiers reçoivent aussi leur assignation en lien avec les demandes formulées par les citoyens et élus. «Cela relève du processus de suivi des requêtes. Il y a un plan de travail mensuel qui est établi par le chef d’équipe. Lors de la réunion tenue à chaque début de quart, il y a de l’échange d’information et les assignations», explique-t-elle. Elle précise aussi que les affections sont faites en fonction des saisons et des événements spéciaux.

La municipalité de Saint-Césaire prend la seconde position de ce funeste palmarès avec 0,21 victime par 1 000 habitants. Saint-Pie et Farnham complètent, ex aequo, le top 3 avec 0,19 mort par 1 000 résidents.

Lac-Brome, encore

Lac-Brome détient aussi le titre de championne du plus grand nombre d’accidents par habitant au cours des sept dernières années. Pas moins de 972 collisions de tous types ont été enregistrées par les policiers entre 2006 et 2012 dans la municipalité de 5 620 âmes, soit 24,71 accidents par 1 000 habitants. Shefford (21,74) et Cowansville (18,26) complètent le podium dans la région.

Étonnamment, c’est à Granby que l’on retrouve le moins d’accidents par 1 000 habitants, avec un taux de 9,54. Reste que la princesse des Cantons-de-l’Est demeure l’endroit où se produit le plus d’accidents en nombre absolu. Entre 2006 et 2012, 4 284 collisions y ont été répertoriées. Granby est suivie par Cowansville et Shefford où 1 595 et 1 111 accidents ont été respectivement compilés en sept ans. 

En regard à ces statistiques, l’agent Guy Rousseau apporte une nuance puisque ces statistiques sont celles compilées par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) à partir des données fournies par les corps policiers. «Lorsqu’il y a un accident où il n’y a pas de blessé, les automobilistes ne sont pas obligés d’appeler la police, sauf si c’est sur une route provinciale. Donc, si on a un accident dans un milieu urbain et qu’il n’y a pas de blessé, c’est un constat amiable qui est rempli et la police n’est pas appelée. Il faut prendre ces statistiques avec un grain de sel», dit-il.

Malgré tout, il précise que la sécurité routière demeure une grande priorité pour les policiers de Granby. «On a diminué notre tolérance à différents endroits où la vitesse était problématique, mentionne-t-il en faisant notamment référence à l’opération Route 139. Est-ce que ça a porté fruit? On ne le saura véritablement jamais parce que les accidents dépendent de plusieurs facteurs.»

De son côté, Jean-Marie De Koninck, président de la Table québécoise de la sécurité routière et professeur au département de mathématiques et de statistiques à l’Université Laval, considère ces données «intéressantes et fiables». «Il faut toutefois regarder les raisons et les circonstances. Il y a, entre autres, le tourisme et la présence de camions, pas parce que les camionneurs sont de mauvais conducteurs, mais bien parce que les accidents qui impliquent les camions sont généralement plus graves. Et il faut aussi avoir des données à long terme pour dégager une tendance, pas sur une ou deux années», explique ce dernier. Routes à double sens, courbes prononcées, vieilles routes sont au nombre des facteurs qui peuvent expliquer que certaines municipalités aient un lot d’accidents plus élevé, fait valoir M. De Koninck.