Convention collective des policiers: un dossier au point mort

Le torchon qui brûle entre les policiers de Granby et l’administration municipale n’est pas près de s’éteindre. Les policiers de Granby viennent d’entreprendre une quatrième année sans contrat de travail et le moral des troupes s’en fait sentir. Et si le processus d’arbitrage suit son cours, diverses embûches se dressent sur cette route qui s’annonce sinueuse.

Si le nouveau maire de Granby, Pascal Bonin, laissait entendre, en campagne électorale, qu’il souhaitait s’assoir avec les policiers pour discuter, les choses se sont déroulées autrement. «Il est arrivé au pouvoir au début novembre. Il y a eu une brève rencontre peu après son élection et il nous a présenté la même offre. C’est le statuquo. On est en total désaccord», indique Frédéric Boulet, président de la Fraternité des policiers et policières de Granby (FPPG).

Le processus d’arbitrage pour la convention 2011 à 2013 enclenché l’automne dernier se poursuit, mais avec du plomb dans l’aile. «Nous sommes tributaires de plein de choses. On a minimum cinq agendas à concilier», explique le policier Boulet.

Et comble de malheur, les trois dates prévues en novembre dernier ont dû être annulées. «L’arbitre a été malade», précise M. Boulet. Les prochaines séances sont prévues les 19-25 et 26 mars. «Il y a quelques jours en avril et après, ça va en septembre. Les jours planifiés ne suffiront pas pour passer à travers le dossier même si on a gratté dans notre carnet pour avoir un dossier le plus petit possible», poursuit Frédéric Boulet.

De son côté, Mélissa Mercure, directrice des ressources humaines à la Ville de Granby, estime à environ huit, le nombre de séances prévues jusqu’en septembre. «C’est certain qu’en raison des annulations, il va probablement falloir en planifier d’autres pour les remplacer, mais après ça, on devrait être en mesure d’avoir terminé la présentation des dossiers à l’arbitre et ce sera à lui à rendre sa décision», indique-t-elle. Une fois l’arbitrage terminé, l’arbitre a trois mois pour rendre sa décision. Un jugement n’est pas espéré avant la mi-année ou la fin de l’année 2015. La dernière fois que les policiers avaient demandé l’arbitrage, 31 séances avaient été nécessaires. «On ne pense pas que ça va être aussi long, autant du côté patronal que du côté syndical, on ne veut pas extensionner les délais, on veut que ça se règle, on veut une décision, on veut aller de l’avant», ajoute Mme Mercure.

Dès que l’arbitre rendra son jugement pour la convention 2011-2013, les deux parties retourneront automatiquement en négociation afin de régler la convention 2014-2016. 

Une police performante

Devant cette impasse, les policiers se questionnent. «Notre direction ne fait que nous féliciter relativement à nos résultats (taux de solution des crimes, émissions des constats). Ces félicitations nous prouvent qu’on travaille toujours de façon égale et professionnelle», note le président de la FPPG. Citant le Palmarès des municipalités de HEC Montréal, réalisé en octobre 2013, ce dernier souligne que le Service de police de Granby est l’un des services coûtant les moins chers per capita. Frédéric Boulet relève aussi que les policiers de Granby figurent parmi les moins bien payés de la province. «On nous demande un rendement maximum, mais ils ne sont pas capables de nous donner une rémunération moyenne aux policiers du Québec. On ne sait pas ce qu’on doit faire pour avoir une rémunération correcte. On s’est comparé avec des policiers et on ne peut pas se consoler du tout.»

La FPPG, qui représente 71 policiers permanents et une vingtaine de surnuméraires, débute sa 4e année sans contrat de travail. «C’est difficile de parler à nos membres et de leur dire d’avoir confiance. J’ai du ressentiment quand je vous parle et ce ressentiment-là, il est aussi présent dans le poste. Il faut garder le moral des troupes et essayer de concilier tout ça ensemble. Je pense qu’on réussit à avoir de bons résultats malgré tout. Ils ne peuvent pas dire qu’ils n’ont pas un bon groupe d’employés», poursuit M. Boulet.

Malgré le mécontentement, les policiers n’entendent pas revêtir le brassard jaune qu’ils ont porté durant de nombreux mois en 2013. «On ne remettra pas ce brassard parce que c’était un message clair pour M. Goulet. Là, la situation est différente.» Le président de la Fraternité indique qu’aucun moyen de pression n’est exclu, mais que l’agenda est actuellement vide.

Des négos… inutiles?

En regard avec ce dossier qui s’étire, la FPPG a aussi de la difficulté à digérer près de deux années de négociations inutiles. «Pendant un an et demi, on a parlé du régime de retraite pour se faire annoncer quelques mois avant les élections qu’il y avait une inflexion. On a perdu une année et demie. Si ça avait été clair dès le départ, on aurait demandé l’arbitrage bien avant. On s’est fait rouler dans la farine», confie le policier. «C’est là que le bât blesse. On nous étire ça pendant près de deux ans en faisant semblant de négocier. Pendant ce temps, tout le monde engrange des frais.» Frédéric Boulet n’a pas voulu préciser le montant des déboursés défrayés par la FPPG dans ce dossier. 

Si les négociations peuvent reprendre à tous moments, M. Boulet n’a pas espoir d’en arriver à un contrat négocié.

Mélissa Mercure précise que la position de la ville a toujours été claire. «Au niveau du régime de retraite, la ville voulait maintenir l’équité avec son groupe d’employés, comme vous le savez, ils se sont entendus avec tous les autres groupes, les cols bleus, les cadres, au niveau du régime de retraite et voulait s’entendre avec les policiers dans le même cadre pour ne pas créer de l’iniquité au sein de ces groupes. Ça, c’était clair depuis le début. Oui, il y a eu des négociations avant les demandes d’arbitrage, mais ce n’était pas une surprise pour personne que la Ville avait cette position-là d’équité au niveau du régime de retraite», indique-t-elle.

GranbyExpress.com a tenté de joindre le maire Pascal Bonin, mais celui-ci est absent jusqu’au début du mois de mars.