Les Quatre Lieux n’ont plus de secret pour Gilles Bachand

En acceptant la présidence de son conseil d’administration, Gilles Bachand souhaitait relancer la Société d’histoire et de généalogie des Quatre Lieux (SHGQL) et lui donner l’élan nécessaire pour faire son entrée dans le nouveau millénaire. Si on regarde le chemin parcouru depuis 2000, force est d’admettre qu’il n’a pas trop mal réussi.

À l’arrivée de M. Bachand, la SHGQL avait déjà franchi le cap des deux décennies, mais ne comptait guère plus d’une vingtaine de membres. Quatorze ans plus tard, l’organisme peut miser sur l’appui de 180 membres en règle, d’une vingtaine de commanditaires et de quatre municipalités.

«Le nouveau conseil d’administration ne manquait pas d’ambition, ni d’idées. À force de travail et de persévérance, il a  réussi à transformer une société moribonde en une société moderne qui fait l’envie de nombreuses autres localités québécoises», soutient celui qui a fait carrière comme bibliothécaire à l’Institut de technologies agricoles (ITA) de Saint-Hyacinthe pendant un bon quart de siècle.

Retour à la terre

Gilles Bachand est originaire de Drummondville et y a passé son enfance. Il a débuté son cours classique au Séminaire de Nicolet, mais a quitté l’établissement après un an, incapable de tolérer la discipline.

Pendant un séjour à Montréal, M. Bachand a notamment fréquenté le Studio 53-16, fondé par Jean-Louis Gagnon pendant la grève au quotidien La Presse. Il a par la suite complété un baccalauréat en histoire et un certificat en archivistique à l’UQAM.

En 1975, après avoir accepté un emploi à Saint-Hyacinthe, M. Bachand et son épouse se sont établis à Saint-Damase, où ils ont opté pour un retour à la terre tout en rénovant une vieille maison de pierre. À la même époque, le bibliothécaire a collaboré à la mise sur pied d’une petite société d’histoire.

En 1991, les Bachand déménagent à Saint-Paul-d’Abbotsford, à quelques dizaines de km de Farnham, où le père de Gilles avait  jadis travaillé pour l’Imperial Tobacco et le Canadien Pacifique.

L’intérêt de Gilles Bachand pour l’histoire de sa région d’adoption n’a d’égal que sa passion pour les voyages et son amour pour ses deux petits-enfants.

Diversification des activités

La SHGQL a vu le jour en 1980 dans le vieux collège de Saint-Césaire. De 1990 à 2000, l’organisme occupait un tout petit local à l’hôtel de ville d’Ange-Gardien, avant de déménager dans l’édifice des loisirs de Saint-Paul-d’Abbotsford.

«En 2011, nous avons tenté de trouver un local à Saint-Césaire, mais sans succès. Notre choix s’est finalement arrêté sur une série de locaux situés au deuxième étage de l’ancienne caisse populaire de Saint-Paul», relate M. Bachand.

Déjà réputée pour ses conférences mensuelles, la SHGQL a décidé de poursuivre dans cette voie, tout en ajoutant de nouvelles cordes à son arc: un bulletin de liaison, un site Internet, des cours de généalogie et une abondante documentation.

«En 1997, la Société publiait un petit feuillet deux fois l’an. De nos jours, la revue Par monts et rivière compte une vingtaine de pages, paraît sur une base mensuelle (un cas unique au Québec) et est distribuée à 200 exemplaires», précise le président de l’organisme.

Le site de la SHGQL (www.quatrelieux.qc.ca) a reçu près de 20 000 visiteurs depuis son ouverture au début des années 2000.

«Les sociétés d’histoire en milieu rural sont peu nombreuses au Québec. Rares également sont les sociétés d’histoire qui desservent le territoire de quatre municipalités», signale M. Bachand.

Des tonnes de documents

Au fil des ans, la SHGQL a publié des dizaines d’ouvrages – souvent à 30 ou 40 exemplaires, et a réuni des tonnes de photos, cartes, plans, registres, DVD, cassettes VHS, périodiques, livres d’histoire, arbres généalogiques et autres documents d’intérêt général.

«À chaque année, des gens du Canada et des Etats-Unis viennent nous visiter pour en apprendre un peu sur leurs ancêtres. Certains se déplacent d’aussi loin que de l’État de Washington», indique M. Bachand.

 Les municipalités, associations et entreprises de la région font également appel aux services de la SHGQL quand vient le temps de souligner un anniversaire de fondation ou d’organiser un événement à caractère historique. Une dizaine de visiteurs se présentent au local de la Société chaque semaine pour consulter ses documents. L’accès est gratuit pour les membres, alors que les non-membres doivent débourser 5 $ par visite selon un tarif établi par les fédérations d’histoire.

«Nos bénévoles effectuent les recherches demandées, par pur plaisir. Et quand ils ne trouvent pas, ils n’hésitent pas à référer les clients aux centres agréés de Saint-Hyacinthe ou de la Haute-Yamaska», ajoute M. Bachand.

La SHGQL réussit à se payer un local commercial, un lien Internet haute vitesse et à se procure le matériel nécessaire à la préservation des documents avec des revenus annuels inférieurs à 30 000 $. Il faut préciser que tous les membres du personnel et du conseil d’administration agissent sur une base volontaire, sans aucune rémunération.

«Ce sont des gens engagés, qui aiment l’Histoire et la généalogie. Ils se font une fierté de préserver le patrimoine pour les générations futures», poursuit le président.

Même si plusieurs organismes éprouvent de sérieux problèmes de relève, Gilles Bachand entrevoir l’avenir de la SHGQL avec optimisme.

«Notre membership est en progression constante, mais le recrutement des administrateurs et des bénévoles n’est pas toujours facile. Voilà pourquoi nous sommes à la recherche d’un professeur à la retraite pour aller parler dans les écoles et sensibiliser les jeunes à l’importance de l’Histoire», indique M. Bachand, qui prononce lui-même des conférences à saveur historique depuis près de 25 ans.