Achat de suppléments alimentaires en hausse de 63% en Haute-Yamaska

HAUSSE. Les suppléments alimentaires sont de plus en plus utilisés par le Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de la Haute-Yamaska, révèlent des documents obtenus par GranbyExpress.com via la Loi sur l’accès à l’information. En six ans, le nombre de suppléments alimentaires, de type Boost ou Ensure, acheté par le CSSS a bondi de plus de 60%. Une donnée qui s’expliquerait par l’arrivée de diététistes au CSSS et qui viserait à éviter la dénutrition chez les usagers.

Au cours de la période 2008-2009, 40 018 suppléments alimentaires ont été acquis par le CSSS de la Haute-Yamaska. Six ans plus tard, ce nombre a grimpé à 65 391, une hausse non négligeable de 63,4%. D’un point de vue financier, le CSSS a déboursé plus de 66 000$ entre le 1er avril 2013 et le 31 mars dernier pour acquérir ces suppléments, comparativement à 45 000$ six ans plus tôt.

Au CSSS de la Haute-Yamaska, Denis Dubé, directeur des communications et des relations publiques, explique cette augmentation par la venue de diététistes dans l’équipe en janvier 2012. Une explication perceptible dans les statistiques obtenues. Entre les années financières 2011-2012 et 2012-2013, le nombre de suppléments acquis a augmenté de 27,3% pour se chiffrer à 57 456 unités.

«Les suppléments alimentaires sont administrés sur prescription médicale ou sur recommandation des diététistes. Ils viennent compléter les carences ou l’alimentation lorsque requis», soutient-il. Ces produits peuvent prendre la forme de boisson, de pouding ou de poudre ajoutée à certains aliments.

Le vieillissement de la population a également un rôle à jouer dans cette hausse. «Certains patients qui arrivent en établissement ont de fortes carences. En CHSLD, par exemple, on peut y retrouver des personnes plus affaiblies, dénutries. Le vieillissement de la population fait que l’on requiert plus de suppléments qu’auparavant.»

Pas un repas

Au dire de Denis Dubé, les suppléments administrés au CSSS viennent combler certaines carences et ne substitue aucunement un repas. «On pourrait penser que des suppléments alimentaires sont donnés pour remplacer un repas, mais pas du tout», assure-t-il. «Ils viennent compléter un repas régulier. Il n’y a pas juste un Boost dans le plateau de repas! Les suppléments sont vraiment utilisés comme suppléments alimentaires, ils ne remplacent pas un repas», conclut-il.

Une évaluation requise

SPÉCIALISTE. (S.M.F.) L’utilisation des suppléments alimentaires n’est pas systématique, précise d’emblée, Kathleen Hébert, une diététiste-nutritionniste qui pratique dans Brome-Missisquoi.

Chaque patient est évalué en fonction de ce qu’il mange. Ainsi, s’il ingère moins de 50% du contenu de son plateau, il pourrait se voir offrir un supplément alimentaire afin de l’aider à prendre du mieux. «On ne donne pas de suppléments d’emblée. On calcule ce que mange le patient. Une personne malade a besoin d’un apport nutritionnel plus élevé qu’une personne en bonne santé pour favoriser son système immunitaire.»

En outre, le régime alimentaire hyposodé (très pauvre en sel) administré dans les hôpitaux peut aussi expliquer l’utilisation des suppléments alimentaires. «La nourriture n’a pas le même goût que celle à la maison, elle n’est pas goûteuse. En plus, la personne peut avoir une perte d’appétit, surtout si ça fait quelques jours qu’elle est à jeun en raison, par exemple, d’une série d’examens ou d’une chirurgie. Elle peut ne pas être portée à manger. Et dans les hôpitaux, la clientèle est vieillissante. Les personnes âgées goûtent moins avec l’âge. Ça devient plus difficile de les alimenter. Habituellement, nous n’avons pas le choix de les supplémenter», poursuit-elle.

Elle ne voit pas de contre-indication à supplémenter un patient, à une exception près. «Évidemment, le choix du supplément et la quantité sont calculés selon les besoins de l’usager. On ne va pas donner un supplément riche en protéine à quelqu’un qui souffre d’une insuffisance rénale!», illustre-t-elle.