«La population n’a pas à s’inquiéter. On est prêt» -Serge Poulin, de la Croix-Rouge

TÉMOIGNAGE. Habitué à intervenir sur des lieux d’incendie, Serge Poulin, bénévole à la Croix-Rouge, section Haute-Yamaska, ne se doute pas que son quotidien s’apprête à changer le 5 janvier 1998. La tempête de verglas, qui s’abat sur la région de Granby, lui fait vivre sa première situation d’urgence d’importance. 20 ans plus tard, l’homme au dossard rouge est toujours paré à porter secours aux gens dans le besoin.

Résident de Shefford à l’époque et bénévole à la Croix-Rouge depuis deux ans seulement, Serge Poulin ne sait pas trop à quoi s’attendre lors    qu’il est déployé dans le secteur de Granby en ce début de janvier 1998.

«On me dit au téléphone….va au Mont-Sacré-Cœur (Collège), on ouvre un centre d’hébergement. En arrivant à Granby, j’ai bien vu ce qu’il se passait (arbres glacés, pannes de courant, poteaux affaissés). On recevait les gens sans trop savoir quoi faire», raconte le bénévole de la Croix-Rouge âgé de 51 ans au moment des événements.

La crise s’accentue et l’ouverture d’un deuxième centre d’hébergement devient inévitable à Granby. M. Poulin se voit alors remettre les clés de l’école l’Envolée qui devient le second site d’accueil des sinistrés. L’endroit accueillera jusqu’à 300 personnes au plus fort de la tempête de verglas. Trois semaines de bénévolat fertiles en histoires et en anecdotes, se souvient le représentant de la Croix-Rouge. «J’en ai vu de toutes les couleurs. Vivre en communauté, c’était pas toujours facile. On a dû mettre des règlements comme offrir le repas aux personnes à mobilité réduite en premier lieu, l’accès aux douches aux femmes dans un premier temps.»

Peu préparé et dépourvu face à l’ampleur de cette catastrophe, Serge Poulin avoue avoir appris sur le tas lorsqu’il était aux commandes de la communauté de fortune établie à l’Envolée. «C’était tout un baptême à la Croix-Rouge. Même la Croix-Rouge n’était pas prête.»

Apprendre du verglas

Après le déluge du Saguenay en 1996, la crise du verglas a rappelé une seconde fois en peu de temps l’importance de mettre en œuvre un plan de mesures d’urgence. Un message saisi par le gouvernement et l’ensemble des municipalités.

«Le verglas, ça nous a formés. Du côté de la Croix-Rouge, elle s’est adaptée en offrant des formations optimisées à ses bénévoles. Lors des inondations dans le Haut-Richelieu (au printemps 2011), on était prêt et ç’a été la même chose pour Lac-Mégantic (tragique déraillement de train)», mentionne M. Poulin.

Aux dires du bénévole, la crise de verglas a été une bonne école pour les intervenants impliqués de près ou de loin dans les interventions. «Aujourd’hui, la Croix-Rouge peut intervenir dans un délai de deux, trois heures. Et comme bénévole, je me sens mieux outillé. S’il y a un autre verglas, je ne serai pas un paquet de nerfs comme en 1998. La population n’a pas à s’inquiéter. On est prêt.»