Des enjeux de taille pour l’industrie du ski dans Brome-Missisquoi

INVESTISSEMENTS. Les stations de Bromont et de Sutton devront prendre les bouchées doubles pour faire échec aux changements climatiques qui raccourcissent la saison de ski et influencent la qualité des surfaces skiables.

Une étude publiée par le professeur Michel Archambault, de concert avec la firme Ouranos, laisse présager un réchauffement de 1,3 degré Celsius à Bromont et de 1,45 degré Celsius à Sutton, avec moins de neige et plus de pluie, pour la période 2021-2050.

«Les centres de ski devront opter pour une technologie de pointe leur permettant de compenser la baisse des accumulations et la fonte de la neige. Le recours à un système automatisé d’enneigement, avec capteurs – comme on en retrouve en Ontario et dans le nord-est des États-Unis – permettra aux stations de produire de la neige au besoin et de concentrer leurs efforts dans les secteurs les plus exposés du domaine skiable», indique Denis Beauchamp, du CLD de Brome-Missisquoi.

Le copropriétaire de la station de Sutton, Jean-Michel Ryan, reconnaît lui aussi l’importance de produire de la neige rapidement «pour protéger et améliorer le produit».

Le centre de ski de Sutton a consacré 1,5 M$ depuis deux ans à la bonification de son système d’enneigement (ajout de canons à neige, prolongement du système de canalisation) et prévoit un investissement additionnel de 1 M$ d’ici deux ans.

«Nous avons encore de bonnes précipitations, mais les périodes de redoux sont plus fréquentes que par le passé», reconnaît M. Ryan.

Le propriétaire de la station de Bromont, Charles Désourdy rappelle que son entreprise se fait un devoir d’améliorer sa capacité d’enneigement chaque année.

«J’irais même jusqu’à dire que ça fait partie de l’ADN de notre entreprise», explique-t-il.

Modernisation des équipements

Selon Michel Archambault, les stations de ski du Québec devront également investir des sommes importantes dans les remontées mécaniques.

«Plus de la moitié des 155 remontées aériennes datent de plus de 30 ans et atteignent la fin de leur vie utile. C’est particulièrement le cas à Sutton, où l’âge moyen des remontées dépasse les 43 ans», précise-t-il.

Après avoir investi massivement dans la mise à niveau de ses équipements, la station de Bromont songe notamment à remplacer sa remontée mécanique principale par une chaise à six places dès la prochaine saison de ski.

«Nous attendons une réponse du gouvernement du Québec à ce sujet dans les prochaines semaines. Si on a la confirmation d’une aide financière pour la mi-avril, on devrait être en mesure d’installer ça pour novembre ou décembre prochain», indique M. Désourdy.

Selon ce dernier, les chaises à six places ne sont pas encore très nombreuses au Québec, mais deviendront rapidement la norme dans l’industrie du ski.

«Comme le ski de soirée coûte cher en raison des dépenses énergétiques liées à l’éclairage des pistes, le propriétaire de la station de Bromont revendique par ailleurs des tarifs plus abordables auprès d’Hydro-Québec. À ce jour, la société d’État ne s’est pas montrée très réceptive à ce genre de demande», poursuit M. Beauchamp.

Le centre de ski de Sutton fait par ailleurs l’essai d’une surfaceuse avec treuil sur tour. L’acquisition de cet équipement, envisagée pour 2018-2019, nécessiterait un investissement d’un demi-million de dollars.

Activités quatre saisons

Selon Denis Beauchamp, la santé financière des stations de Bromont et de Sutton passe également par le développement d’un calendrier d’activités quatre saisons.

La station de Bromont est déjà bien pourvue à ce chapitre avec son parc aquatique et son réseau de pistes de vélo de montagne desservant aussi bien la petite famille que les adeptes de sports extrêmes.

Après avoir misé sur le vélo de route pendant nombre d’années, Sutton ouvre maintenant les portes toutes grandes au vélo de montagne. La station de ski a développé une nouvelle offre de service en cette matière, voilà deux ans, avec la complicité de Plein air Sutton.

La station disposait de 25 km de sentiers à l’été 2017, lors de l’ouverture de son réseau, et prévoit ajouter 5 km de pistes additionnels dès l’été prochain, signale Chloé Chagnon, coordonnatrice des communications à Mont Sutton. L’entreprise a également aménagé une piste enduro, l’été dernier, au pied de la montagne.

«On compte devenir une destination privilégiée pour le vélo de montagne», affirme le copropriétaire, Jean-Michel Ryan.