Les stations de ski de Bromont et Sutton sollicitent l’appui du monde municipal

ÉCONOMIE. Avec 12 % du marché du ski au Québec, les stations de ski de Bromont et de Sutton tirent habilement leur épingle du jeu et font de la MRC de Brome-Missisquoi une destination importante pour le sport de glisse. Leur avenir n’est pas assuré pour autant.

Les centres de ski devront en effet investir des sommes substantielles au cours des prochaines années pour demeurer concurrentiels et relever les nombreux défis posés par les changements climatiques, révèle une étude réalisée par Michel Archambault, professeur émérite de l’UQAM qui accompagne l’Association des stations de ski du Québec depuis 25 ans.

«Le retour sur investissement devient de plus en plus difficile pour toute station qui se doit de maintenir une qualité d’offre du produit nécessaire pour être attractive, conserver ou créer des emplois et rentabiliser ses opérations», signale M. Archambault, dans l’étude réalisée au coût de 25 000 $ pour le compte des deux centres de ski, des municipalités concernées et du Centre local de développement de Brome-Missisquoi.

Soutien financier

La MRC Memphrémagog réalise le sérieux de la situation et s’est engagée à appuyer les efforts de la corporation sans but lucratif responsable de la station du Mont Orford à hauteur de 2,5 M$ sur cinq ans. Seize des 17 municipalités de cette MRC injectent conjointement 250 000 $ par année dans le cadre de ce plan d’aide quinquennal 2017-2021.

«Les propriétaires des stations de Bromont et de Sutton ont approché notre MRC (celle de Brome-Missisquoi) afin de savoir de quelle façon elle comptait soutenir l’industrie du ski. La MRC souhaitait connaître l’état de la situation avant d’y aller avec des engagements formels. C’est dans ce contexte qu’une étude a été commandée à M. Archambault», explique Denis Beauchamp, directeur du service de développement économique au CLD de Brome-Missisquoi.

Le copropriétaire de la station de Sutton, Jean-Michel Ryan, laisse entendre que les décideurs publics européens considèrent l’industrie du ski comme un outil de développement économique régional et la soutiennent en conséquence. Selon lui, le Québec a tout avantage à suivre cet exemple.

«Il y a déjà une prise de conscience au sein de la MRC et du CLD de Brome-Missisquoi. Il faut maintenant sensibiliser les nouveaux élus. La présence d’un centre de ski dans une localité comme Sutton profite à tout le monde (impôts et taxes municipales, hausse du nombre de résidants et de villégiateurs, achalandage dans les commerces, impact sur la valeur des propriétés, etc.). Les entreprises qui investissent des millions de dollars sont plutôt rares de nos jours», indique-t-il.

Le propriétaire de la station de ski de Bromont, Charles Désourdy, voit également «une bonne ouverture» de la part des élus provinciaux et de la MRC de Brome-Missisquoi qui perçoivent dorénavant le ski comme un sport familial et non comme un sport réservé à l’élite. Ce dernier croit cependant que les municipalités ont encore «un bout de chemin» à faire à ce chapitre.

«J’ai toujours pensé que les remontées mécaniques et les canons à neige ne devrait pas être taxés, mais c’est au gouvernement du Québec qu’il revient de changer la loi et non aux municipalités», précise M. Désourdy.

Autres défis

M. Ryan prend soin d’ajouter que l’approvisionnement en eau de la montagne constitue un grand défi pour l’entreprise qui cherche à bonifier son système de fabrication de neige. Le nouveau maire de Sutton, Michel Lafrance, est également bien conscient de la problématique et en parle ouvertement avec les autres maires de la région.

«Cette lacune a freiné le développement de la station et du village à sa base. À cet égard, on estime qu’un investissement de quelque 10 M$ pour la ressource hydrique s’avère stratégique pour l’avenir économique de la station et de la municipalité», signale M. Archambault dans son étude déposée en novembre dernier.

Le ministère du Tourisme du Québec n’entend pas être en reste et a confirmé une aide financière de plus de 6 M$, en décembre dernier, aux stations de ski du Mont Orford (3 M$), Sutton (1,6 M$) et Bromont (1,5 M$).

«L’aide financière du gouvernement du Québec nous permettra notamment d’améliorer notre système d’enneigement et de développer un calendrier d’activités quatre saisons», précise M. Ryan.

M. Désourdy voit également cette aide financière d’un bon œil.

«Le gouvernement comprend aujourd’hui qu’une aide financière versée à l’industrie du ski génère un bon retour sur investissement en termes de taxes et d’impôts notamment», affirme-t-il.