FICG: une première sans point ni coup sûr

CRITIQUE. Véritable melting pot de styles et de sonorités, la soirée qui a donné le coup d’envoi du volet concours du Festival international de la chanson de Granby (FICG), mercredi, ne pourrait que très étonnamment passer à l’histoire comme celle où a été découvert le lauréat du 50ième rendez-vous musical.

Les six artistes qui ont brisé la glace ont tous brillé à leur façon et offert de bons moments au public venu les découvrir. Mais monsieur et madame Tout-le-monde ne sont pas tombés en bas de leur strapontin, aucun souffle n’a été coupé et la révélation tant attendue ne s’est pas présentée.

C’est sans aucun doute la Rimouskoise Véronique Bilodeau qui a techniquement le mieux performé; armée une voix fleuve flexible et puissante qu’envieraient certaines des grandes interprètes québécoises, celle qui a une énergie contagieuse a  sans aucun doute présenté le numéro auquel le public a réservé l’accueil le plus chaleureux. Mettez l’un de ses tubes pop à la radio demain matin et gageons que les auditeurs voudront rapidement savoir de quelle bouche sortent ces prouesses vocales…

Celle qui a offert une prestation alliant nostalgie, touches électro et années 1970,  Laura Lefebvre, a certainement soumis la proposition la plus originale en début de soirée. Sa voix claire et les tonalités planantes jouées par ses musiciens ne sont peut-être pas destinées à rester dans les annales du concours, mais auront certainement ravi le cœur de nombreux spectateurs qui ne l’oublieront  pas de sitôt. Gageons qu’on la reverra…

Joe Robicho a mis de l’avant son côté festif fort sympathique.

Quant à troisième représentante de la gent féminine, Charlène Blanchette, elle a fermé la marche de la première demi-finale avec de la «pop à paillettes» sucrée. Véritable diva sur scène, celle qui dit adorer les dinosaures aura toutefois, avec sa tenue flamboyante et ses mouvements aguichants, contribué elle-même à détourner l’attention de ses textes et de sa musique. Dommage, puisque l’artiste de Saint-Hyacinthe brillait par une originalité assumée et une confiance sur scène qui, à un cran inférieur, aurait été juste parfaite.

Chez les messieurs…

Chez les hommes, c’est définitivement Joe Robicho qui s’en est le mieux tiré, du moins, aux yeux de ceux qui n’accordent pas une importance démesurée au protocole. Celui en qui on reconnaît tantôt des airs de Bernard Adamus et plus tard un peu de Marc Déry s’est présenté sur scène une bière à la main, qu’il a d’ailleurs levée en direction de la foule. Explorant tant les travers de l’hiver que des «histoires de brosses», l’auteur-compositeur-interprète débarqué de Sainte-Louise a définitivement une écriture bien tournée. Si l’artiste a fait preuve d’une belle aisance sur les planches, on l’imagine toutefois bien mieux en plein cœur d’une soirée festive et arrosée que sur la scène d’un concours de chanson.

C’est précisément une écriture un peu plus poussée que l’on aurait espéré de Michel Cormier, ayant obtenu son laissez-passer à Granby grâce au prix coup de cœur récolté au Gala de la chanson de Caraquet. Si l’artiste de Maisonnette, au Nouveau-Brunswick, célébrait la fête des Acadiens en ce 15 août, il y a fort à parier qu’il ne fêtera malheureusement pas, samedi prochain, l’obtention de son ticket pour la finale. Le chansonnier, qui a «sorti sa musique de son sous-sol l’année passée», est divertissant et a livré une belle performance…. mais est-ce suffisant pour obtenir la faveur des juges?

Quant à Alpha Toshineza, arrivé tout droit du Manitoba, il a, comme le prédisait son texte d’introduction, rempli sa promesse de présenter un «vocable impeccable». Le rappeur qui a réussi à faire bouger la foule, notamment avec sa pièce Jazz Inuit, maîtrise d’ailleurs son style avec doigté, ce qui est évidemment tout à son honneur. Ceux et celles honnissant  le rap n’auront pas passé un mauvais moment en sa compagnie, ce qui n’est pas peu dire.

Le slameur Mathieu Lippé, à la barre de cette première soirée de demi-finales, a, avec le génie qu’on lui connaît, su insuffler un fil conducteur entre les oh combien différentes pièces du puzzle. Le magicien des mots est parvenu tant à faire rire qu’à surprendre, signe que les juges de l’édition de 2011 ont eu du flair lorsqu’ils l’ont proclamé vainqueur.

Coup de cœur  du jour 1: l’animateur (!)

Les demi-finalistes de jeudi:

Fidel Fiasco (Drummondville, Québec)
Alexandre Dionne (Edmunston, Nouveau-Brunswick)
JS Lachance (Saint-Georges de Beauce, Québec)
Les autres (Longueuil, Québec)
Virginie (Rivière-des-Prairies, Québec)
Jessy Benjamin (Varennes, Québec)