Chantal Beauchemin plaide pour une meilleure immigration

POLITIQUE PROVINCIALE. La péquiste Chantal Beauchemin souhaite qu’encore plus de personnes immigrantes s’ajoutent au paysage granbyen et choisissent, à long terme, d’y demeurer. Si elle est élue députée, la candidate souhaite d’ailleurs offrir tout son appui à Solidarité ethnique régionale de la Yamaska (SERY), qui constitue à ses yeux un modèle.

Selon la politicienne, l’instance qui accueille  et contribue à l’intégration des nouveaux arrivants se doit de recevoir tout le soutien nécessaire pour mener à bien sa vaste mission de «guichet unique».

«Ces gens-là ont besoin d’argent, ils n’ont pas besoin qu’on leur dise comment faire leur travail. Ce sont eux les experts. Je m’engage, comme députée, à aller me battre pour faire débloquer des sommes qui vont venir en aide au SERY», a annoncé la candidate, qui a déjà rencontré les dirigeants de l’organisme. Cette dernière estime également qu’il importe de reconnaître le travail accompli par l’instance et d’écouter ses doléances.

La péquiste prend aussi l’engagement de travailler en étroite collaboration avec le Centre d’innovation et de technologies industrielles de Granby (CITIG) ainsi que la communauté d’affaires afin d’inciter l’arrivée de personnes immigrantes sur le territoire. Accompagner les commissions scolaires quant à leurs classes d’accueil fait également partie de ses priorités.

Mme Beauchemin, qui a rencontré la presse locale vendredi matin, rappelle d’ailleurs la nécessité de régionaliser l’immigration. Alors que 95 % des nouveaux venus choisissent Montréal ou Québec, sa formation politique voudrait que le quart d’entre eux optent plutôt pour les régions du Québec, notamment en accélérant le processus de ceux et celles faisant ce choix. Granby serait évidemment une terre d’accueil bien positionnée, plaide la candidate.

«On vit actuellement une pénurie de main d’œuvre», rappelle-t-elle, ajoutant que les nouveaux venus pourraient contribuer à combler les postes vacants. Alors qu’environ 37 % des immigrants s’étant d’abord établi en province l’ont quittée en 2016, il faut travailler à une meilleure rétention, plaide celle qui dit croire personnellement en l’immigration.

Si le chef du PQ Jean-François Lisée a fait savoir, le 7 septembre, qu’il viserait l’arrivée de 35 000 à 40 000 migrants annuellement au Québec, Mme Beauchemin, elle, se formalise peu des chiffres: «Ce que l’on vise, c’est que 100 % restent ici[…]», répond-elle.

Francisation et travail

Le PQ souhaite également s’attaquer à la francisation à différents niveaux. La troupe de Lisée souhaite, entre autres, que 100 % des candidats à l’immigration économique (et non les réfugiés) parlent d’emblée la langue de Molière lors de leur sélection. L’accès aux cours de français serait par ailleurs bonifié pour les autres, notamment sur les lieux de travail. «Moi, je pense que 60 minutes à tous les jours, ce serait garant de réussite», explique la candidate dans Granby.

Celle-ci rappelle que le PLQ a sélectionné 58 % d’immigrants ne parlant pas français; selon ses calculs, 55 % des nouveaux arrivants établis chez nous ne seraient pas en mesure d’en faire usage actuellement.

L’accès au marché du travail serait aussi facilité, fait valoir la péquiste, qui fait allusion au projet de loi 998 déposé par son parti politique. Celui-ci contient pas moins de 20 mesures, dont un projet-pilote de CV anonymes, une facilitation de reconnaissance des diplômes ainsi que l’interdiction, pour les employeurs, d’exiger qu’un candidat détienne au préalable une expérience de travail en sol canadien.

«Un drame humain»

Pas question, martèle Chantal Beauchemin, d’appuyer la proposition de la Coalition avenir Québec (CAQ), qui souhaite mettre en vigueur un visa temporaire de trois ans, période à l’issue de laquelle les candidats devraient passer avec succès un test de français et de valeurs. À son avis, les personnes concernées vivraient «un drame humain» en cas d’échec.

«Souvent, les enfants vont être intégrés dans des classes de francisation, vont apprendre le français, se faire des amis, développer un réseau social. Au bout de trois ans, si papa ou maman ne réussit pas, c’est terminé, ils vont devoir repartir chez eux», déplore l’enseignante, dont la classe est bon an mal an composée du tiers d’enfants immigrants.