Des ambulanciers pour désengorger l’urgence, propose Bonnardel

POLITIQUE PROVINCIALE. Le député sortant François Bonnardel veut «donner de l’oxygène» à l’urgence de Granby: pour ce faire, le politicien s’engage à mettre en branle, dans la première année d’un gouvernement de la CAQ, un projet-pilote permettant aux ambulanciers de procéder à un triage et de réorienter des patients dont le trouble de santé est mineur.

Le candidat de la Coalition avenir Québec (CAQ) voit dans cette façon de faire,  déjà en opération ailleurs au Canada, mais toujours inexistante au Québec, une alternative innovante permettant de désengorger les salles d’attente. Alors qu’ils pourraient très bien procéder à un triage, les ambulanciers sont actuellement mal utilisés, selon lui: environ 40 % des transports qu’ils effectuent systématiquement sont reliés à des cas non-urgents.

«Ce sont des centaines et des centaines de citoyens par année qui, pris au dépourvu, appellent l’ambulance parce que pour eux, c’est la seule chose à faire», résume le caquiste. «Ce sont des cas légers, poursuit-il. Ce que les paramédics veulent faire, c’est soit d’utiliser le 811 ou de directement communiquer avec l’urgence […] pour être capables de statuer sur le cas du patient», explique M. Bonnardel.

«Étant donné que l’infirmière ou l’infirmier qui est au bout de la ligne ne voit pas le patient, c’est plus difficile de prendre une décision éclairée. Nous, on va faire les acteurs principaux sur le terrain qui vont pouvoir amener une meilleure décision et une orientation du patient», explique quant à lui Jean Papineau, président du syndicat de la Fraternité des travailleurs et travailleuses du préhospitalier du Québec (FPTQ), section Granby.

Celui-ci a d’ailleurs rappelé, lors du point de presse de M. Bonnardel tenu vendredi matin, qu’actuellement, ses confrères et lui ne peuvent, légalement, laisser un patient chez lui ou le diriger vers d’autres services plus adéquats.

«Il ne faut pas oublier, non plus, que nos services sont de plus en plus requis avec le vieillissement de la population», défend l’ambulancier, qui a d’ailleurs déjà lancé l’idée au ministre de la Santé Gaétan Barrette.

François Bonnardel estime que cette idée pourrait d’ailleurs faire des petits ailleurs au Québec et que ces nouveaux «paramédics communautaires» pourraient sans conteste faire partie de la solution. «Je pense que les instances gouvernementales et le ministère de la Santé doivent s’ouvrir un peu à leurs propositions pour être capables de mesurer à quel point ils peuvent être d’une aide incroyable […]», plaide-t-il.

Voilà deux ans qu’un tel projet est dans les cartons; le Centre intégré universitaire de la santé et des services sociaux (CIUSSS) de l’Estrie-CHUS a d’ailleurs été rencontré à cet effet. «Ils ont reçu de belle façon ce projet-pilote», commente le politicien, qui entend pousser afin que l’initiative, qui doit nécessairement obtenir l’aval du ministère, puisse se concrétiser.

Le jugeant «complètement régional, même local», François Bonnardel n’a pas encore discuté de cette idée avec le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault. «Je pense que tout projet qui va enlever de la pression sur les urgences au Québec sera le bienvenu, c’est certain. À quelque part, ça n’amène pas d’investissement majeur. Ça prend juste de la bonne volonté», précise-t-il, convaincu que le projet sera aussi bien accueilli à l’intérieur du corps médical.

Précisons que le député sortant revendique également l’abolition de l’horaire de faction ainsi que la révision du traitement des paramédics. Deux ambulances de nuit et trois de jour desservent, au total, une population d’environ 75 000 personnes à Granby et aux environs.