Station de compression de Gazoduc TQM: des citoyens se braquent

ÉNERGIE. Gazoduc Trans Québec & Maritimes (TQM) souhaite, dès 2021, procéder à la construction d’une nouvelle station de compression à Granby afin d’assurer l’approvisionnement en gaz naturel de la Montérégie et de l’Estrie. Or, la compagnie s’est butée à une ferme opposition de certains citoyens du secteur visé mardi soir.

Quelque 200 résidents demeurant dans un rayon de 1,5 kilomètre des installations projetées ont été conviés à assister à une réunion d’information portant sur cet ajout d’équipement; près de 30 d’entre eux se sont rassemblés à l’Hôtel Castel & Spa Confort.

Justifiée par une demande accrue, la compagnie prévoit l’implantation d’infrastructures visant à renforcer son réseau de transport de gaz naturel en provenance de l’Ouest canadien. «Pour continuer de fournir les clients, on doit apporter des ajustements», plaide David Laureti, conseiller aux communications et aux affaires publiques chez Énergir. Les coûts du projet, qui en est à ses premiers balbutiements, n’ont pas été spécifiés par la firme, qui travaille actuellement à son design préliminaire.

Le lieu identifié est une zone d’environ 200 mètres par 100 mètres située à l’est du boulevard Pierre-Laporte et au nord de l’actuel poste électrique d’Hydro Québec. Il n’est pas spécifié combien de bâtiments feraient partie intégrante de ces installations industrielles, dont la terre d’accueil a été sélectionnée en fonction de critères stratégiques.

Une carte situant la zone de 200 mètres par 100 mètres jusqu’ici privilégiée par Gazoduc TQM a été présentée; le périmètre est situé à l’est du boulevard Pierre-Laporte et au nord de l’actuelle station électrique d’Hydro-Québec.

«Il fallait se positionner non loin des conduites existantes. Nous avions également quelques considérations au niveau de l’alimentation électrique», précise M. Laureti, qui a assuré la présentation.

Si la compagnie estime qu’elle est en mesure de livrer un projet sécuritaire dans le respect des normes environnementales en vigueur, du paysage et des résidences situées à proximité, quelques citoyens  touchés ont clairement fait savoir que Gazoduc TQM n’était pas la bienvenue dans leur quartier.

«Je vous garantis que l’on va se battre pour ne pas que ça passe et ce ne sera pas juste nous qui va embarquer», a lancé l’un d’eux, Marco Domenicano.  Ce dernier a d’ailleurs laissé sous-entendre qu’il pourrait aller jusqu’à enclencher des démarches judiciaires pour bloquer l’initiative.

«On n’en veut pas dans notre secteur», a quant à elle renchéri une Granbyenne qui ne souhaite pas voir son nom publié. Cette dernière, déplorant que les citoyens concernés n’aient que peu d’emprise sur la situation actuelle, compte d’ailleurs interpeller le conseil municipal de Granby sur la question.

De nombreuses préoccupations

Si la rencontre s’est avérée houleuse, c’est que de nombreuses craintes tracassent les principaux intéressés, qui auraient plutôt voulu voir un parc industriel accueillir une telle station de compression. Hausse des coûts d’assurance et de l’évaluation foncière, impact à la revente et proximité des propriétés, bruit, risques environnementaux: voilà quelques-unes des appréhensions exposées par ceux-ci. Les risques encourus par l’initiative sont évidemment soulevés.

Si Gazoduc TQM s’est faite rassurante quant aux dispositifs de surveillance continue qu’elle compte instaurer et à son programme strict d’inspection de ses infrastructures, la présentation n’a visiblement pas suffi à convaincre l’auditoire. «Ça saute, du gaz naturel. Ça saute pas à peu près! C’est à peu près l’affaire la plus dangereuse après le nucléaire», a clamé Marc Paquette, un Granbyen qui compte déménager si la station se concrétise à deux pas de chez lui.

David Laureti, conseiller aux communications et aux affaires publiques chez Énergir, a présenté la version préliminaire du projet mardi soir.

De nombreuses étapes à venir

Présent lors de l’exercice de consultation, l’urbaniste chargé de projets au développement du territoire pour la Ville, Dominique Desmet, a confirmé que l’administration Bonin avait été mise au parfum des intentions de la société, mais que celle-ci n’y avait pas donné son aval. «On veut d’abord faire le tour du dossier. Quand on aura l’ensemble de l’information, à ce moment-là, la Ville pourra prendre position», a-t-il rétorqué lorsqu’interpellé par des citoyens, furieux.

L’équipe de Gazoduc TQM compte retourner à la table à dessin; elle s’est également engagée à faire un suivi auprès des citoyens rencontrés et à leur apporter plus de réponses. «Il y a des messages très clairs qui ont été exprimés et entendus», assure M. Laureti. L’entreprise est par ailleurs en discussion avec un propriétaire privé afin d’acquérir le lot qui accueillerait l’initiative. De nombreuses étapes devront toutefois être franchies avant la première pelletée de terre: l’Office national de l’énergie, le ministère de l’Environnement ainsi que la Commission de protection du territoire agricole du Québec doivent donner leur feu vert. Certaines autorisations  de la Régie de l’énergie sont aussi requises. La mise en service est prévue à l’automne 2022.

Précisons que l’initiative de renforcement du réseau comprend également l’ajout d’une unité de compression à la station déjà existante de Saint-Philippe ainsi qu’une nouvelle interconnexion à Saint-Basile-le-Grand. Enfin, Gazoduc TQM, propriété à parts égales de TransCanada et d’Énergir (anciennement Gaz Métro) compte acquérir la conduite de 63 kilomètres située entre Shefford et Sabrevois.

Échéancier du projet

Été-automne 2018: Définition de la portée des travaux, début des études de terrain et de l’évaluation des impacts environnementaux, présentation à la communauté, début de l’ingénierie préliminaire

Hiver 2019: Dépôt des demandes d’autorisation aux autorisations gouvernementales

Hiver 2021: Début des travaux de construction, sous réserve des approbations réglementaires

Automne 2022: Mise en service projetée des différentes composantes