Coûts des services policiers: l’UMQ abandonne Granby, dit Bonin

SÉCURITÉ PUBLIQUE. Si l’annonce, jeudi, d’une entente entre Québec et l’Union des municipalités du Québec (UMQ) sur un coût maximal pour les 1041 agglomérations desservies par la Sûreté du Québec (SQ) a fait des heureux, le maire de Granby est loin de faire partie du lot. Pascal Bonin, frustré, sent que les Granbyens ont littéralement été ignorés par le regroupement municipal.

Pour 2019, l’augmentation maximale des coûts sera de 3,1 % pour les municipalités profitant de la desserte de la SQ alors qu’en moyenne, celles de la Haute-Yamaska ont subi, en 2018, une hausse de 6,2 %. Environ 33 millions $ seront d’ailleurs versés par le provincial afin de compenser la facture découlant d’une nouvelle convention collective des agents de la paix, valide de 2015 à 2022.

Là où le bât blesse, c’est que le premier magistrat revendique depuis cinq ans l’équité, Granby étant l’une des seules villes du Québec, avec Saint-Jérôme et Saint-Jean-sur-Richelieu, à bénéficier d’un service municipal de police classé «niveau 1» et à n’avoir accès à aucune aide gouvernementale. À son avis, l’UMQ les a «laissé tomber de façon incroyable»; selon lui, c’est un message d’indifférence qu’elle envoie, tout comme le gouvernement Legault, aux citoyens de ces villes. M. Bonin en vient même à se demander pourquoi l’UMQ ne les défend pas.

«C’est une claque en plein visage. […] C’est une décision qui fait en sorte qu’il y a trois égarés», ajoute-t-il. Pour lui, le fossé ne fait que se creuser.  «On sait qu’on a des salaires plus bas qu’ailleurs, on sait qu’on a de la pauvreté, on sait qu’il y a de la criminalité. Et en plus de ça, on nous la fait payer», fulmine-t-il.

Une compensation nécessaire

Une compensation financière est indispensable, renchérit le maire: les Granbyens payent l’entièreté de la facture du Service de police de Granby (SPG) en plus de contribuer, par le biais de leurs impôts provinciaux, au Fonds des services de police (FSP) qui soutient les municipalités desservies par la Sûreté du Québec (SQ). C’est sans parler du fait que la facture du SPG augmente d’environ 10 % annuellement, en raison, notamment, des nouveaux mandats donnés aux policiers et du coût de l’équipement.

«Il y a des villes qui ont crié au meurtre pour la hausse des services de la SQ, imaginez si elles avaient eu la nôtre!», lâche l’élu. Notons que les municipalités bénéficiant de la desserte de la SQ acquittent 53 % de leur facture, tandis que le FSP subventionne la balance, soit 47 %.

M. Bonin admet se questionner quant aux intentions de la Coalition avenir Québec (CAQ) relativement au sort des services municipaux de police en province. «S’ils veulent conserver des services municipaux, ils vont devoir prendre des mesures fiscales équitables en faveur des villes concernées», lance celui pour qui l’abolition du Service de police de Granby (SPG) n’est nullement envisageable.

La balle lancée vers Bonnardel

Pascal Bonin n’entend pas pour autant baisser les bras. Le premier magistrat, qui a plus tôt cette année rencontré l’ex-ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, à ce sujet, compte désormais se tourner vers le député de Granby, François Bonnardel.  «Je vais demander à mon député qu’il me défende, parce que mon union refuse […]. C’est la seule voie», fait-il valoir. «Si rien de bouge, poursuit le maire, on sera peut-être rendus à prendre des mesures plus sérieuses». Questionné par le GranbyExpress, ce dernier  a néanmoins préféré ne pas développer à ce sujet.

Pas question d’abandon, dit l’UMQ

Alexandre Cusson est président de l’UMQ et maire de Drummondville.

Pour le président de l’UMQ, Alexandre Cusson, le regroupement n’a nullement mis de côté Saint-Jérôme, Saint-Jean-sur-Richelieu et Granby; au contraire, l’instance s’occupe du dossier, assure-t-il.  «Il y a 92 % des villes du Québec qui sont concernées par l’entente d’aujourd’hui (jeudi). Régler un dossier, ça ne veut pas dire abandonner les autres», fait valoir celui qui est également maire de Drummondville.

Ce dernier mentionne qu’il a d’ailleurs rappelé à la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, et à celle des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, l’importance de trouver des solutions pour les autres corps policiers du Québec. Il dit avoir bénéficié une bonne ouverture à ce chapitre.

Selon lui, l’avenue d’intégrer les villes qui possèdent un service municipal à la desserte de la SQ n’est pas la seule avenue à explorer: «Il faut être en mesure de respecter les choix que les citoyens ou citoyennes d’une région font». Précisons qu’un comité de travail sur le financement des corps policiers municipaux, issu de la Commission de la sécurité publique de l’UMQ,  sera mis sur pied en janvier. Il sera présidé par le maire de Thetford Mines, Marc-Alexandre Brouseau.

À Granby,  un peu plus de 20.3 millions $ seront consacrés à la sécurité publique en 2019; environ 75 % de ce montant est dédié au SPG.