Station de compression de Gazoduc TQM: Granby veut des réponses

MUNICIPAL. Jugeant incomplètes les informations jusqu’ici transmises par Gazoduc Trans Québec & Maritimes (TQM), qui souhaite procéder à la construction d’une nouvelle station de compression à Granby afin d’assurer l’approvisionnement en gaz naturel de la Montérégie et de l’Estrie, la Ville a ni plus ni moins décidé, lundi soir, de gagner du temps.

Le conseil municipal a adopté, en séance régulière, l’avis de motion relatif à une modification à son règlement de zonage qui a pour effet «geler» le statut de la zone de 200 mètres par 100 mètres visée par le promoteur, située à l’est du boulevard Pierre-Laporte et au nord de l’actuel poste électrique d’Hydro Québec.

«Le zonage permettait l’installation d’une telle entreprise», explique d’emblée le directeur général de Granby, Michel Pinault. Avec ce changement à la réglementation, il devient temporairement  impossible pour Gazoduc  TQM d’obtenir un permis de construction pour les installations souhaitées à cet endroit précis et sur toute zone agricole du territoire. Un délai supplémentaire de deux mois pourrait s’ajouter si l’administration municipale décidait d’adopter un règlement à l’intérieur de la première période de 60 jours.

Avec la décision prise lundi soir, tout projet similaire sera plutôt relégué en zone industrielle, à une distance minimale de 500 mètres de toute zone commerciale ou résidentielle.

Pour le maire, Pascal Bonin, c’était la meilleure avenue à prioriser devant le peu de renseignements disponibles à ce jour. «La présentation n’était pas à la hauteur de ce qu’elle aurait dû être et tout le monde est d’accord là-dessus. Ils vont devoir fournir des réponses», lance-t-il.

L’élu fait ainsi allusion au fait que le projet d’ajout d’équipement en bordure de l’actuelle ligne de transport de gaz a fait l’objet d’une consultation publique houleuse le 27 novembre dernier à l’Hôtel Castel & Spa Confort. Une trentaine de citoyens résidant à proximité ont assisté à la réunion présentant les visées préliminaires du promoteur. De nombreux participants avaient alors communiqué leurs inquiétudes aux représentants de Gazoduc TQM; certains d’entre eux avaient même fait valoir leur intention de bloquer l’initiative.

Plusieurs questions ont récemment été adressées à l’entreprise concernée par la Ville. Les élus  s’interrogent, entre autres, à savoir si l’emplacement choisi est le seul envisageable et quelle est la nécessité de procéder aux travaux prévus, qui contribueraient à renforcer le réseau de transport de gaz naturel  de Gazoduc TQM en provenance de l’Ouest canadien.

Le premier magistrat demeure confiant de réunir rapidement les pièces manquantes du puzzle. «Dans les quatre mois, on va les avoir nos réponses, assure le maire. On ne fera pas traîner un dossier comme celui-là. Il y a quand même des gens qui sont inquiets».

Plusieurs interrogations des citoyens étaient également restées sans réponse lors de la séance d’information du mois dernier. Par exemple, les coûts et le nombre de bâtiments compris dans le projet, qui en est à ses premiers balbutiements, n’avaient pas été spécifiés par la firme, qui travaille actuellement à son design préliminaire.

Demandes de consultation

Deux citoyens touchés, Gisèle Rainville et Pierre Bell, se sont présentés au micro lors de la période de questions lundi soir. Visiblement inquiets qu’un tel projet voie véritablement le jour, ils ont tous deux revendiqué de la transparence ainsi qu’une séance de consultation publique sur la question avant que la Ville ne tranche officiellement.

«Honnêtement, ce qui nous dérangerait énormément, ce serait de se retrouver devant une décision déjà prise de la part du conseil sans que les citoyens le sachent», a fait valoir Mme Rainville, qui est intervenue à deux reprises lors de la séance.

Bien que talonné par M. Bell, le maire ne s’est pas formellement avancé sur la tenue éventuelle d’une consultation publique, ce dernier souhaitant d’abord réunir les informations nécessaires à la compréhension du dossier. «S’il n’y a pas d’acceptabilité sociale, le projet, on s’entend qu’il est mis en péril. Pour avoir une acceptabilité sociale, il faut en discuter avec les citoyens pour savoir quels sont les points qui achoppent. […]», a toutefois glissé le premier magistrat, prudent.

Précisons qu’en plus de l’obtention d’un permis auprès de la Ville, de nombreuses étapes devront toutefois être franchies avant qu’une première pelletée de terre ait lieu: l’Office national de l’énergie, le ministère de l’Environnement ainsi que la Commission de protection du territoire agricole du Québec doivent donner leur feu vert. Certaines autorisations  de la Régie de l’énergie sont aussi requises. Gazoduc TQM souhaite, si tout se déroule tel que prévu, que les travaux de construction débutent à l’hiver 2021; la mise en service des installations serait quant à elle prévue à l’automne 2022.