Zoo de Granby: dons records pour la conservation animale en 2018

CONSERVATION. Voilà plus de 20 ans que le Zoo de Granby soutient diverses initiatives de conservation animale aux quatre coins de la planète. Les dons versés par le jardin zoologique ont toutefois pris une ampleur historique en 2018: pas moins de 375 000 $ ont été versés par l’organisme à but non lucratif en faveur de la faune et de son habitat, comparativement à environ 260 000 $ l’année précédente.

Ce sont les projets déployés par 23 institutions, soit quatre au Québec et 19 à l’international, qui ont reçu un coup de pouce total de plus de 86 800 $ du Zoo l’an dernier. C’est sans parler des différentes initiatives que l’institution mène elle-même, par exemple son projet de sauvegarde d’une aire protégée ainsi que de ses espèces menacées au Cameroun, dont les coûts, pour la première année, se sont chiffrés à environ 100 000 $.

Une partie des dons faits provient de l’aide financière offerte directement par les visiteurs. Lors de l’achat de billets, tant à l’accueil du site que sur le site Web, les clients sont désormais appelés à faire une contribution via «l’arrondi-don» pour aider le Zoo dans sa mission. «On leur demande s’ils veulent ajouter un dollar à leur facture pour la conservation. On a eu une très bonne réponse de la part des gens», explique Patrick Paré, directeur de la conservation et de la recherche pour le Zoo. Celui-ci précise que plusieurs dizaines de milliers de dollars ont été ainsi amassées en 2018.

Selon M. Paré, les gens sont intéressés à donner, mais ont tendance à délier le cordon de leur bourse plus facilement pour des causes touchant les enfants ou la santé. De plus, leur générosité varie en fonction des espèces pour lesquelles ils sont sollicités, note le biologiste. Plus les animaux ciblés par une campagne sont charismatiques, plus l’altruisme vient facilement:  «Les gens donnent beaucoup plus aux tigres, aux petits pandas et aux éléphants d’Afrique qu’ils vont donner aux grenouilles, aux chauves-souris et au requin, par exemple».

Rappeons que l’attrait touristique a lancé une campagne majeure l’an dernier visant à amasser les 200 000 $ nécessaires à son intervention, sur deux ans, au Cameron. Environ 157 000 $ ont été récoltés auprès du public. De ce chiffre, 57 000 $ sont dévolus aux actions de 2019.

Au final, les actions du Zoo en termes de conservation s’intensifient. «Depuis 2013, avec la création du département de conservation et de recherche, on en fait de plus en plus. On a mis plus d’un million $ dans cette aventure-là au cours des dernières années», se réjouit le directeur de la conservation et de la recherche.
Le gestionnaire admet néanmoins que le mandat dont est investi le jardin zoologique en matière de protection animale est encore peu connu du public, et ce même si plusieurs projets sont actuellement en branle au Québec, par exemple ceux relatifs aux tortues molles à épines ou aux martinets ramoneurs.

Faire la différence au Cameroun

Si le montant investi en 2018 est beaucoup plus important que celui de 2017, c’est notamment en raison du projet en sol camerounais touchant surtout les gorilles et les éléphants. L’initiative lancée l’an dernier, qui a pris racine au Parc National de Campo-Ma’an, compte cinq volets distincts. Elle vise, entre autres, à contribuer à outiller les écogardes de l’endroit dans leur lutte au braconnage, à faciliter le suivi écologique des gorilles et à atténuer les conflits entre éléphants et humains, particulièrement causés par les déplacements des imposants pachydermes. Le projet se déroule à merveille, se réjouit Patrick Paré.

«On a construit un laboratoire de recherche sur les maladies de la faune sur place. On a aussi acheté deux motos tout terrain pour nous aider dans nos projets de recherche et pour permettre aux écogardes de circuler plus facilement à la recherche des braconniers», résume-t-il. De nombreux autres équipements ont aussi été acquis.

Une vingtaine de ruches ont par ailleurs été achetées; huit sont déjà fonctionnelles et viennent directement en aide aux communautés locales. «C’est un projet qui est vraiment intéressant, parce que les ruches permettent de produire du miel pour nourrir les gens. Ils peuvent aussi le vendre au marché local. En même temps, les ruches ont pour mandat d’éloigner les éléphants, qui ont peur des insectes piqueurs», souligne M. Paré. Ces gros spécimens tendent à détruire les plantations et récoltes des villageois sur leur passage, compromettant du même coup la sécurité des êtres humains.

L’Amérique latine dans la mire

Patrick Paré œuvre actuellement à bâtir une nouvelle initiative d’envergure en matière de conservation. S’il ne peut actuellement lever le voile sur cette «grosse offensive de conservation et de recherche» que souhaite lancer le Zoo de Granby au courant de 2019, M. Paré avance néanmoins qu’elle devrait voir le jour en Amérique latine.

L’institution zoologique devrait être très active sur le terrain, précise-t-il: «Il y a plusieurs espèces animales sur lesquelles on veut travailler et potentiellement, on travaillerait dans deux ou trois pays. Il y aurait des ressources du Zoo qui iraient travailler sur place, en collaboration avec des partenaires».
Le département de conservation et de recherche compte quatre employés; ces derniers travaillent de concert avec une cinquantaine de partenaires sur le terrain.