Multicolore de Marie-Eve Roy: un lieu entre mélancolie et lumière

CULTURE. Depuis que les Vulgaires Machins se sont mis sur pause, en 2013, Marie-Eve Roy est bien loin d’avoir chômé. Deux ans presque jour pour jour après Bleu Nelson, la Granbyenne récidive avec un deuxième opus, Multicolore, qui dénote une assurance bien campée et une sensibilité déconcertante.

Ce deuxième album solo, teinté de mélancolie et pourtant fort lumineux, a été lancé le 22 février dernier à Montréal. Celle qui avoue ressentir le besoin de s’affranchir de son groupe et de tracer sa propre voie y redouble de confiance, mais y conserve toute l’élégance qu’on lui connaît.

«Pour Bleu Nelson, on avait choisi une facture sonore plus feutrée, les voix étaient beaucoup superposées. Pour cet album-là, je suis beaucoup plus assumée», confirme-t-elle. Mélodies accrocheuses et textures variées fusionnent sur le disque de pop réconfortante. Car c’est ce que Marie-Eve Roy veut d’abord et avant tout apporter aux mélomanes qui tendront l’oreille à son œuvre: du réconfort. «Quand j’écoute de la musique, c’est souvent pour me consoler et  quand j’écris, j’ai envie de consoler les gens, de faire du bien, d’apporter de la douceur aux autres», confie la guitariste et pianiste.

Si Multicolore semble ressembler en tous points à la chanteuse qui s’entretient avec le GranbyExpress, celle-ci ne s’est pas lancée seule dans cette grande aventure. L’auteure-compositrice-interprète a eu l’opportunité de collaborer avec le producteur et mixer Gus Van Go pour la première fois depuis l’époque des Vulgaires Machins.

Cette collaboration, débutée dès la préproduction, l’a d’ailleurs amenée à pousser encore plus loin sa démarche artistique: «Il fallait que j’aie confiance en moi pour travailler avec Gus, parce que je savais qu’il allait me mettre au défi. J’ai été capable de bien répondre à ses demandes et à ses critiques en restant positive. Je suis très fière de ça». L’album est également une coréalisation de Werner F. et de Likeminds.

Une plume plus sûre, une voix plus claire

Le résultat final de neuf plages, dont est extrêmement fière la Granbyenne, se distingue à plusieurs égards de Bleu Nelson. Sans grande surprise, sa nouvelle œuvre se situe également à mille lieues des tubes du quatuor punk qui l’a révélée au grand public. C’est que la Marie-Eve Roy de 2019 désire plus que tout «faire ce qu’elle a envie de faire», suivre sa propre ligne directrice.

La chanteuse et musicienne aujourd’hui âgée de 40 ans met d’ailleurs de l’avant, sur Multicolore, une écriture toujours aussi sensible, mais sans aucun doute plus peaufinée. L’évolution y est notable, admet celle qui a pris un véritable plaisir à se réfugier dans son sous-sol pour coucher ses mots sur papier. «Pour le premier album, j’étais vraiment plus dans le doute et dans la construction de ma confiance. J’avais besoin de me prouver que j’étais capable d’écrire. Le deuxième, je l’ai abordé en ayant confiance en moi. […] Ça a été vraiment moins douloureux comme exercice», image-t-elle avant d’éclater de rire.

L’artiste, d’abord connue pour sa participation à des chansons au rythme effréné et aux paroles revendicatrices signées Vulgaires Machins, y ajoutait à l’époque son grain de sel via les back vocals. Après être passée par une tonalité plus grave lors de son premier projet solo, Marie-Eve Roy a littéralement trouvé sa propre voix avec le deuxième album. On la retrouve plus claire, mais toujours aussi envoûtante.

«Je me suis trouvée, j’étais bien et j’avais envie d’une voix plus à l’avant-plan, qu’il y ait plus d’espace dans ma musique», note celle qui souhaite désormais avoir l’occasion de parcourir les salles de spectacle de la province pour enfin présenter cet album au public.

Précisons que les Vulgaires Machins ont récemment confirmé un retour sur scène. Cette formation emblématique grabyenne, créée en 1995, offrira un spectacle gratuit le 18 juin prochain à la Place des Festivals dans le cadre des Francos de Montréal.