Quand la communauté se réunit devant les fourneaux

COMMUNAUTÉ. Un groupe singulier a pris d’assaut les installations des Cuisines collectives de la Montérégie, jeudi matin. Élus et représentants de différents paliers de gouvernement ont mis la main à la pâte aux côtés d’usagers du service, question de souligner la Journée nationale des cuisines collectives.

Si tous se sont réunis autour d’une même recette, c’est que l’organisme souhaitait profiter de cette journée spéciale pour sensibiliser les acteurs influents du milieu à sa cause. Le député fédéral de Shefford Pierre Breton, l’attaché politique du député de Granby François Bonnardel, Marc-André Morency, le maire de Waterloo Jean-Marie Lachapelle et le conseiller municipal de Granby Robert Riel étaient notamment du groupe qui a concocté une soupe à l’orge et aux légumineuses en toute convivialité.

«On voulait les sensibiliser, pour qu’ils voient vraiment ce que c’est, une cuisine collective, que ce n’est pas qu’une cuisine où l’on va chercher des aliments et de laquelle on repart avec des portions. Ça va chercher une série d’autres bienfaits et d’autres objectifs», plaide la directrice générale des Cuisines collectives de la Montérégie, Martine St-Germain.

Briser l’isolement, faciliter les tâches du quotidien ou adopter des saines habitudes de vie font partie des avantages énumérés par la gestionnaire, qui précise que ceux-ci vont bien au-delà de la question financière.

«Pour la moitié de nos participants, c’est vraiment une activité sociale. Ils viennent rencontrer des gens, développer des talents culinaires», renchérit-elle. Actuellement, 25 groupes de cuisine sont à l’œuvre, soit 23 à Granby et deux à Waterloo; ils réunissent, au total, quelque 225 personnes aux profils variés.

Trois groupes sont toutefois exclusivement dédiés aux personnes âgées. Une liste d’attente est d’ailleurs en place tant ces services sont populaires auprès de la clientèle aînée. Environ 46 000 portions sont cuisinées annuellement par l’ensemble des participants, qui se divisent la facture après avoir cuisiné ensemble, aux côtés d’une animatrice, pendant quelques heures.

Moins de tabous, plus de sous

L’activité de jeudi matin avait également pour but de lever le voile sur le manque de financement constaté au sein des cuisines collectives. «Il faut être très, très inventif. On est toujours à court de sous, on gratte les fonds de tiroir», déplore la gestionnaire. Annuellement, moins de 100 000 $ sont versés à l’organisme communautaire, qui ne parvient, avec cette somme, à couvrir que le tiers des frais des services dispensés. «Les groupes communautaires, on est très favorables au salaire minimum à 15 $ et on veut reconnaître nos employés, mais si on veut des salaires décents, […] ça met une énorme pression sur le budget», déplore Mme St-Germain.

L’instance pourrait d’ailleurs en faire encore plus si elle en avait les moyens. «Avec un financement un peu plus important, poursuit-elle, on serait capable d’aller chercher les autres territoires. On devrait couvrir toute la Haute-Yamaska, normalement […]». L’organisme aimerait pouvoir se déployer, par exemple, à Sainte-Cécile-de-Milton et à Roxton Pond, par exemple, mais ne peut le faire, faute de fonds.

Faire tomber les idées préconçues qui entourent encore, à ce jour, les cuisines collectives était également l’un des objectifs de l’événement médiatique de jeudi. «Ça démystifie et ça enlève des tabous, parce qu’il y a les gens qui pensent que c’est réservé à des gens qui n’ont pas les moyens de faire une épicerie», explique Mme St-Germain. Cette dernière admet qu’il y a néanmoins d’importantes économies à faire: «L’objectif, c’est moins d’un dollar la portion».

Cuisiner… et signer!

La Journée nationale des cuisines collectives s’est déroulée pour la toute première fois sous le thème «Une main sur le panier, l’autre pour signer!». En ce sens, les personnes présentes ont été invitées à parapher une pétition et une déclaration élaborées par les cuisines collectives du Québec et revendiquant le droit à une saine alimentation pour tous. Les organisations proposent aux décideurs gouvernementaux une série de mesures visant à améliorer la situation.

«On parle, par exemple, d’un prix fixe pour un panier d’aliments de base, de jardins, de marchés de proximité, du financement  accru pour les organismes œuvrant en saine alimentation ou en autonomie alimentaire, d’une offre d’aliments sains dans les établissements publics, d’une taxation pour les boissons sucrées et les aliments transformés, d’un cours de cuisine réintroduit dans le système scolaire», énumère Mme St-Germain.

Pour plus d’information, visitez le www.cuisinescollectivesmonteregie.ca.