Personnes en crise: des policiers à l’école de la désescalade

SÉCURITÉ.  Vendredi soir, 23h55, un individu dépressif aux propos incohérents tient des policiers en haleine. Comment agir auprès de cette personne en crise sans recourir à une intervention musclée? Les agents du Service de police de Granby (SPG) viennent de suivre une formation en désescalade pour mieux communiquer et ainsi favoriser un dénouement pacifique lors de situations de détresse humaine.

Dans les dernières années, sur le territoire du SPG, les appels pour des individus perturbés n’ont cessé de grimper passant de 220 en 2015 à 355 interventions (nécessitant un transport à l’hôpital) en 2018. À cette dernière statistique s’ajoute une centaine de cas de tentatives de suicide et d’actes fatidiques à Granby seulement l’an dernier. Pour éviter des incidents malheureux et l’escalade des chiffres en santé mentale, le corps policier municipal a formé l’ensemble de ses patrouilleurs grâce à une formation en désescalade développée par l’École nationale de police du Québec.

«C’est une problématique qui est préoccupante à Granby. Cette formation arrive à point pour donner des outils supplémentaires aux policiers», a mentionné Caroline Garand, porte-parole du Service de police de Granby.

Divisée en neuf modules, la formation en ligne comportait une série d’exercices et de notions (policiers versus la santé mentale, le recours à la force, le contact avec la personne, etc.) pour mieux cerner les personnes en détresse et sur les techniques pour désamorcer un état de crise.

De la théorie à la pratique

Après une journée de théorie, les policiers du SPG ont ensuite pu expérimenter leurs connaissances en désescalade sur le terrain. Des simulations se sont d’ailleurs tenues récemment au pavillon Norbert-Talbot et dans le stationnement du parc Terry-Fox.

«Les outils de communication montrés aux policiers étaient surtout centrés lorsqu’on faisait affaire avec des personnes rationnelles. De plus en plus, les statistiques d’interventions pour des personnes en crise sont en constante progression. On ne croit pas que ça va se stabiliser et de notre côté, il fallait adapter nos moyens de communication», a affirmé le sergent Frédéric Boulet, moniteur en emploi de la force au SPG,

Pour le commun des mortels, la désescalade vise à humaniser une intervention policière menée dans un contexte de crise et de santé mentale au lieu d’opter pour la force. «En humanisant cette intervention, on va essayer de favoriser la création du lien et faire une cueillette d’informations afin de comprendre la réalité de ces gens-là, comprendre leurs besoins et connaître leur état d’esprit», a expliqué le moniteur du SPG.

Avec cette approche axée sur les échanges et la quête de solutions, Frédéric Boulet croit que le travail des policiers va changer pour le mieux . «Le but ultime de ce type d’intervention, c’est d’en arriver à une résolution pacifique et de minimiser l’emploi de la force.»