Vers un transport en commun bonifié dans le parc industriel?

TRANSPORT URBAIN. Certaines personnes de la population immigrante ont indiqué qu’elles aimeraient que le transport en commun dans le parc industriel soit bonifié aux heures non desservies. C’est du moins ce que des ateliers de l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (AFEAS) pour une meilleure intégration sociale ont illustré. Un dossier actuellement étudié par Granby Industriel, la Chambre de commerce Haute-Yamaska et la Ville de Granby, a appris GranbyExpress.

Une personne immigrante qui souhaite se déplacer au travail dans le parc industriel en autobus ou aller chercher ses enfants à la garderie n’est pas toujours facile depuis quelques années, remarque le directeur adjoint de SERY, Frey Guevara.

«C’est compliqué, commente-t-il. Il y a quelques années, on a essayé de voir comment on pouvait accompagner nos participants pour les aider à se débrouiller. On fait des ateliers pour qu’ils apprivoisent le transport en commun. Lorsque les gens ont besoin de rentrer au parc industriel assez tard pour aller travailler, c’est quasiment impossible, ça ne marche pas.»

Bien que plusieurs personnes de la population immigrante «vivent avec cette envie de travailler» et qu’ils trouvent des emplois intéressants dans le parc industriel, certains n’ont pas opté pour travailler dans ce coin-là «à cause de la complexité».

«Ils se sont organisés autrement; ils ont trouvé des emplois ailleurs, souligne M. Guevara. Il y a cette difficulté au début. Il faut penser que ces gens-là n’ont pas de sous pour s’acheter un premier véhicule et même s’ils ont de l’argent, il faut avoir un permis de conduire. En arrivant au pays, ça prend tout un processus avant l’obtention du permis de conduire pour pouvoir conduire tout seul.»

Parce que l’immigration peut contribuer à surmonter la pénurie de main-d’œuvre, le SERY aimerait développer une table de concertation avec l’expertise de plusieurs acteurs du milieu et profiter du «boom» actuel.

«C’est le temps de nous asseoir et de coordonner toutes les choses pour favoriser cette situation des nouveaux arrivants pour qu’ils puissent commencer à travailler, précise Frey Guevara. On ne doit pas seulement s’attaquer au transport, mais aussi à la capacité de logements. Ça prend vraiment une coordination et c’est pour ça que je veux lancer un projet pilote pour mettre en place quelque chose pour favoriser tout le monde. »

«On ne doit pas voir ça comme un problème, mais plutôt comme une opportunité de s’améliorer, illustre le directeur adjoint de SERY.  Si on arrive à convoquer tous les gens qui ont un pouvoir décisionnel, ça va régler facilement la chose et on va tous être gagnants.»

Évaluer les besoins

La Chambre de commerce Haute-Yamaska et Granby Industriel sont au fait de la situation du transport en commun dans le parc industriel. Les deux organismes ont d’ailleurs décidé d’unir leur voix pour évaluer les besoins dans ce secteur de la ville de Granby.

«Quand on parle des immigrants qui arrivent et du parc Industriel, c’est sûr que ça nous touche parce qu’on travaille actuellement à recruter de la main-d’œuvre à l’international, souligne Patrick Saint-Laurent, directeur général de Granby Industriel. Évidemment, il y a peut-être des besoins supplémentaires de mobilité qu’on n’avait pas auparavant dans le parc Industriel.

«Le premier enjeu était d’attirer de la main-d’œuvre à Granby, poursuit le principal intéressé. Ça fait deux ans qu’on travaille là-dessus. Ça va créer des besoins plus importants pour des travailleurs qui n’ont pas de voiture ou de moyen de locomotion en arrivant ici. La Chambre de commerce a également évoqué que c’était une situation que vivaient certains de ses membres. Au lieu de travailler en silo, on s’est dit qu’on allait travailler ensemble.»

Une rencontre  entre les deux organismes a d’ailleurs eu lieu, le 23 mai dernier, pour établir le plan de match et prendre le pouls des différents besoins des entrepreneurs et de la population immigrante.

«On doit vraiment suivre des étapes précises, affirme pour sa part la directrice générale de la Chambre de commerce Haute-Yamaska, Claude Surprenant.  Les entrepreneurs sont prêts à participer s’il y a un besoin. Il y a une grande ouverture des entreprises manufacturières du parc Industriel dans le but de faciliter l’accès de leur entreprise. On est en train d’évaluer les besoins dans le parc Industriel.»

La Chambre de commerce Haute-Yamaska et Granby Industriel souhaitent par ailleurs étudier les connaissances des entrepreneurs et de la population immigrante quant au transport en commun à Granby.

«On veut vraiment aller rencontrer les employeurs et les employés dans les entreprises pour voir leur connaissance et comment on peut aller vers eux pour leur donner de l’information, explique Mme Surprenant. Si jamais on évalue qu’il y a un besoin plus grand que ce qui existe déjà, là, on va essayer de s’asseoir avec la Ville pour voir les possibilités.»

Collaborer avec la Ville

Dans ce projet d’étude du transport en commun, la Ville de Granby a indiqué son ouverture, si besoin il y a, de bonifier son offre de service.

Récemment, la Chambre de commerce Haute-Yamaska et Granby Industriel ont élaboré un petit questionnaire de onze questions qui sera transmis bientôt aux utilisateurs du parc industriel. Selon les réponses compilées, un plan d’action, impliquant la Ville de Granby, sera mis sur pied.

«On a bon espoir qu’à l’automne, on va déjà avoir fait une bonne partie des choses pour que les employeurs et les travailleurs puissent être comblés à la hauteur de leurs attentes, mais aussi dans la mesure du possible», note M. Saint Laurent, qui rappelle que le service de transport en commun et de taxibus est «beaucoup plus performant et intéressant que nous l’avions figuré».

De son côté, la Ville de Granby voit d’un bon œil cette mobilisation concernant le transport en commun et elle confirme son intérêt dans le dossier. «On est sur le point d’organiser avec Granby Industriel et la Chambre de commerce des rencontres d’information parce que je crois qu’il y a une incompréhension du système de transport en commun», estime Jean-Pierre Renaud, directeur général adjoint à la Ville de Granby.

«On travaille actuellement à mieux informer les gens de façon à pouvoir rendre le service adéquat et par la suite, bien sûr, s’il y a des adaptations nécessaires, on va les faire bien entendu, assure M. Renaud. On a un très bon service, c’est juste qu’il est malheureusement méconnu.»

M. Renaud rappelle qu’à Granby, tout le territoire est desservi par le transport en commun ou le service de taxibus. Cependant, il n’a pas de problème à ce que le système d’horaire soit adapté pour répondre à des besoins spécifiques.

«C’est justement ce qu’on a demandé auprès de Granby Industriel et de la Chambre de commerce pour voir auprès des demandeurs ce qu’ils ont besoin comme adaptation. On est ouvert et on veut adapter [le transport en commun] de la plus belle façon pour qu’il réponde aux besoins des gens.»