Mordre dans la vie après une chirurgie cardiaque

INSPIRATION. La période d’attente en chirurgie cardiaque au Québec a récemment fait les manchettes dans les médias. Cette problématique ne date pas d’hier. Le Granbyen Mike Morin peut en témoigner; il est passé par là. Parce qu’il a réussi à faire bouger les choses, sept ans après son opération, il mord maintenant dans la vie et continue d’enfiler les kilomètres sous ses souliers de course.

Coincé sur  une liste d’attente de septembre 2011 à janvier 2012 pour une chirurgie de la valve mitrale, Mike Morin a vécu du stress et de l’anxiété. Il comprend donc ce que vivent présentement les patients. «L’attente de savoir quand tu seras opéré, c’est du tue-monde, lance-t-il. Ce qui me fait réagir, c’est les délais qui ne sont pas toujours respectés.»

Alors qu’il était en attente de sa chirurgie, Mike Morin a dû faire bouger les choses pour que son dossier avance. «J’avais probablement l’audace de prendre le flambeau, se rappelle le principal intéressé. C’est plate d’être obligé de brasser des cordages médiatiques et politiques pour arriver à nos fins.»

Les démarches du passionné de course lui auront permis de cheminer dans le système de santé jusqu’à qu’il reçoive avec succès une opération en novembre 2012. Aujourd’hui, il se désole de voir qu’encore des personnes doivent sortir publiquement pour se faire entendre.

«C’est très triste de savoir que les gens qui ont été nos pionniers et qui attendent pour une chirurgie vont [mourir] parce qu’on n’a pas le temps de les opérer, commente M. Morin. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de place dans le bloc opératoire, c’est parce qu’il manque de personnel et de ressources.»

Retraité de l’enseignement depuis bientôt cinq ans, le coureur savoure la chance qu’il a d’être encore en vie. Même s’il est vulnérable, Mike Morin estime être «un des plus en forme».

Enfiler les kilomètres

Depuis qu’il a reçu son opération il y a sept ans, Mike Morin n’a pas mis la course de côté. Bien au contraire. Annuellement, il court tout près de 2 500 km.

«Je suis très actif malgré ma vulnérabilité cardiaque, fait remarquer celui qui a entraîné plusieurs athlètes de la région. Le moteur fonctionne, mais la mécanique me donne des fois  des signes de ralentir la pédale. J’y vais au jour le jour; j’apprécie la vie. Je suis très concerné pas la course à pied à Granby et à l’extérieur.»

Il est évident que l’homme dans la soixantaine est heureux de pouvoir continuer de faire ce qu’il aime: courir. Et ce, malgré le fait qu’il a subi une opération cardiaque.

«C’est un peu ma vie la course à pied, note-t-il. J’ai commencé à 14 ans. Je n’ai pas été le meilleur au Québec, mais j’ai donné  quand même de bonnes performances.»

À l’occasion, M. Morin doit passer des tests sur le tapis roulant pour évaluer l’état de son cœur. Résultat: il se distingue dans sa catégorie d’âge. «C’est sans prétention que je dis ça, mais j’ai les records pour mon âge et mon poids», se réjouit le sportif.

Quand il ne chausse pas ses souliers de course, Mike Morin prend son chapeau d’entraîneur et enseigne à ceux qui veulent apprendre à courir sans se blesser. Pour lui, la course dicte son chemin. Son opération lui aura permis de profiter encore à ce jour de la vie.

«Avec de la détermination et de la ténacité, c’est fou jusqu’où tu peux aller.»