L’église Saint-Eugène dit au revoir à l’abbé Serge Pelletier

ÉGLISE. Le dimanche 28 juillet prochain à 11h, l’abbé Serge Pelletier prendra place derrière l’autel de l’église Saint-Eugène pour une dernière fois. Une ultime célébration qui mettra un terme à une union de dix ans entre l’homme d’église, les paroissiens et la communauté granbyenne.

C’est qu’à la fin du mois, le curé Pelletier quittera Granby pour aller veiller à la destinée des paroisses Saint-Thomas d’Aquin et Saint-Sacrement de Saint-Hyacinthe à la demande du Diocèse. Une nouvelle mission qui marque la fin d’un chapitre dans la vie ecclésiastique du principal intéressé. Même si la frénésie du défi l’anime, son attachement pour Granby n’est pas près de s’effacer de sa mémoire. Sa paroisse Saint-Eugène; il l’aimera toujours.

«Je me sens content du travail accompli. Je suis très reconnaissant envers les personnes qui ont embarqué dans les projets. Je pense particulièrement aux équipes de pastorale», a confié l’abbé Pelletier.

Aux dires de l’homme d’église, la paroisse Saint-Eugène regorge de paroissiens originaux et à l’imagination débordante. Deux caractéristiques importantes pour dynamiser une communauté et une église. Étant lui-même un homme d’idées, Serge Pelletier n’a pas eu à user de beaucoup de stratégies pour convaincre ses fidèles à embarquer dans ses projets. «Je proposais et ça embarquait.» «Je veux bien être original un peu, mais si les gens avaient dit: on ne veut rien savoir. Ça n’aurait pas marché. Moi, je suis un gars d’équipe et si des projets se sont concrétisés, c’est en partie grâce aux équipes.»

Pour Serge Pelletier, l’église catholique d’aujourd’hui se doit d’être plus active pour mieux rejoindre les fidèles. «Qu’est-ce que les gens vivent sur le terrain? Qu’est-ce que l’on peut leur apporter comme soutien? Bien sûr au nom de la foi, mais pas nécessairement avec la bible et la croix dans les mains. Ça prend une présence concrète.»

Apprécié de ses paroissiens, le révérend originaire de la municipalité de Saint-Hughes n’est pas près d’oublier son séjour à Granby de sitôt. «Je ne garde que de bons souvenirs. J’ai toujours aimé l’Estrie et la région même si je ne suis pas un gars de la place. J’aime les gens qui l’habitent. Ils sont sympathiques, vivants et joyeux.»

Avec un personnel vieillissant au Diocèse de Saint-Hyacinthe (une douzaine de prêtres de moins de 75 ans d’ici une dizaine d’années), Serge Pelletier se doutait bien qu’il allait un jour ou l’autre recevoir le coup de fil de l’évêque Mgr Christian  Rodembourg. Et cet appel est venu récemment.

«On sait qu’on peut être appelé n’importe quand. Quand on s’engage, on sait dans quoi on s’embarque», a philosophé le curé Pelletier. C’est son confrère des paroisses Saint-Joseph et Très-Sainte-Trinité de Granby depuis un an, Danick Savaria, qui lui succèdera dès le 1er août. «C’est un innovateur comme moi. Je pars très confiant. Je laisse les paroissiens entre de bonnes mains», a déclaré l’abbé Pelletier.

Le curé cool

Alors que l’église catholique connaît un creux sans précédent au Québec, on serait porté à croire que  le révérend Pelletier a le goût de baisser les bras. Bien au contraire. L’homme d’église prêche une parole plus actuelle. Ces messes 2.0 ne sont pas à guichet fermé, mais les fidèles sont au rendez-vous.

«On a une perte de pertinence criante d’où l’importance que le discours soit pertinent. Je suis convaincu et ça m’a été confirmé par bien des gens de l’église; ce que les personnes viennent chercher présentement, c’est du contenu et une parole qui nourrit (…).»

«C’est très changeant comme pratiques religieuses. Je ne m’en fais pas avec ça. Honnêtement avec tout ce qui se passe dans l’église, il y a des gens qui me disent: tu ne trouves pas ça plate qu’il n’y ait pas beaucoup de monde. Moi je leur dis: qu’il y en ait encore, c’est un miracle», a avoué l’abbé.

 

Les funérailles de la fillette de Granby: un dur moment

En 26 ans de prêtrise, l’abbé Pelletier a célébré de nombreuses funérailles. Mais la cérémonie dédiée à la fillette de 7 ans décédée tragiquement  en avril dernier a profondément marqué l’homme d’église.

«Ç’a été difficile à cause de l’ampleur et de la souffrance que ça générerait dans la famille et au Québec au complet.» «Ç’a été aussi difficile de trouver le bon discours et le bon ton. J’ai eu de gros échanges avec le vicaire Guy Pelletier pour justement chercher ensemble comment on gère cette situation lors de la célébration et après la cérémonie notamment avec les médias (…). Parce que les tentations de rentrer dans le politique, le jugement et les messages étaient très fortes.»

Près de trois mois après les funérailles,  Serge Pelletier se dit toujours ébranlé par les tristes événements. «J’en parle et j’ai encore des émotions. Une semaine à penser à cette célébration (…). Une chance que je n’étais pas seul parce que j’aurais pu tomber dans des pièges.»