Réseaux sociaux: Pascal Bonin ne regrette pas sa décision

MUNICIPAL. Un an après s’être retiré complètement des réseaux sociaux, le maire de Granby, Pascal Bonin, ne regrette pas son geste. Loin de là. Il ne se fait plus «taper sur la tomate chaque matin pour une ridiculité». Il estime être le grand gagnant de cette action posée après mûre réflexion, tout comme sa famille, mais aussi ses citoyens puisqu’il affirme être «bien plus de bonne humeur».

Quand le premier magistrat de Granby a décidé de bannir les réseaux sociaux de sa vie il y a un an, ce fut après une grande réflexion. Aujourd’hui, il n’a plus à passer «un temps incroyable» à gérer sa page Facebook et à vivre avec au-dessus de sa tête «un nuage noir».

«C’est sûr que je ne m’ennuie pas de ça, confirme le principal intéressé. Je trouve encore que [Facebook] n’est pas une plateforme qu’on peut utiliser pour travailler des idées. [Là-dessus], c’est celui qui va faire le plus mal. Et les personnalités publiques, on ne s’en sort jamais.»

Comme il l’explique, à l’époque, Pascal Bonin était seulement le deuxième élu à travers le Canada à couper les ponts avec l’univers des réseaux sociaux. Avec le recul, il conseille à tout politicien de s’enlever de Facebook.

«Il y a des gens qui, malheureusement, se sentent obligés de donner du malheur aux autres, surtout aux personnalités publiques. Ce n’est pas toujours facile pour les politiciens. Je crois de moins en moins à Facebook; je regarde ce qui se passe à l’international et je suis content de m’être enlevé de là.»

À l’heure actuelle, Pascal Bonin préfère exprimer son opinion par l’entremise des médias locaux et faire travailler les gens d’ici. «Au bout du compte, c’est le geste ultime d’encouragement, fait-il remarquer. J’aime mieux faire travailler mon monde et que ça soit bien fait plutôt que d’envoyer ça à Mark Zuckerberg , qui se fou pas mal de nous autres. Ça remet du local dans tout ça.»

«Il y a des fois que j’aimerais m’exprimer [sur les réseaux sociaux], mais je ne le fais pas. Très honnêtement, ça permet d’éviter beaucoup de gaffes à des politiciens.»

Toujours réticent

Pascal Bonin ne le cache pas: il sera toujours réticent par rapport à Facebook. Si c’était à refaire, il n’hésiterait pas à poser le même geste. Il aurait probablement même pris sa décision bien avant que son quotidien ne soit affecté.

«Je le ferais avant parce que j’ai attendu que ça atteigne ma famille et moi avant d’y mettre fin, admet-il. Ça a été le début d’une grande réflexion. Comme maire, je vais me donner à 100 %, mais maintenant, il y a une ligne.  Quand j’arrive chez moi, je mérite comme n’importe quelle personne de pouvoir parler d’autre chose que de politique ou de ville. Je porte aujourd’hui une attention à la coupure, ce que je ne faisais pas avant. Je pensais ville et mangeait ville 24h sur 24.»

Le maire de Granby préfère avoir une «vraie» relation avec ses citoyens. «Avoir une relation virtuelle, anonyme, sans saveur; ce n’est pas moi. Qu’on se mette à discuter sur la plateforme pour faire avancer des dossiers, on n’avancera à rien. Il y a des séances du conseil qui sont là pour ça. Je ne reviendrais pas en arrière. Ça a été un grand soulagement.»

Un meilleur équilibre

Pascal Bonin n’hésite pas à confier que se retirer des réseaux sociaux a été bénéfique pour son équilibre, mais aussi pour le moral de sa famille.

«L’équilibre d’une personne est important, note-t-il. Ça permet de libérer le stress. Les grands gagnants de ça ont été moi, ma famille et les citoyens. Je l’avoue candidement. Je suis un maire bien plus de bonne humeur. Je prends le rôle de répandeur de bonheur assez au sérieux.»

Le contact positif privilégié avec certains citoyens via les réseaux sociaux manque parfois au maire de Granby, qui rappelle être effacé de toute plateforme. «Il n’y a plus moyen de me rejoindre du côté électronique sauf par le courriel standard; ce qui fait en sorte que c’est plus poli. Je peux dire qu’on ne m’écrit pas de la même façon dans un courriel que sur Facebook.»

Depuis qu’il est invisible sur les réseaux sociaux, Pascal Bonin travaille plus fort sur le réseau de sa ville. «On va essayer de former une espèce de communauté numérique avec Granby», affirme-t-il. Une page Facebook pour la Ville n’est cependant pas dans les plans de M. Bonin.

«Il y a une réflexion quant à avoir un Facebook. Je me suis toujours opposé. La raison est fort simple. Si j’ai 50 000 $ ou 60 000 $ à mettre sur une ressource, je ne peux pas croire que la plus utile que je pourrais avoir c’est quelqu’un qui va effacer des messages Facebook et essayer de contrôler des dérapages. Je pense que les citoyens sont mieux servis avec une personne qui donne un service directement à la population.»

Le maire de Granby a vu les changements «négatifs» de la plateforme Facebook au cours des dernières années et il insiste sur le fait qu’il est «assez content de l’avoir quittée».