Corridor de sécurité: des automobilistes peinent toujours à le respecter

SÉCURITÉ ROUTIÈRE. Les gyrophares d’une auto-patrouille s’activent à la suite d’une interception. Les automobilistes réagissent. La situation est souvent tout autre pour une banale opération de remorquage sur les grands axes routiers et les routes secondaires. Si des conducteurs se font un devoir de respecter le corridor de sécurité, d’autres font fi de la mesure et mettent la sécurité des intervenants en danger. GranbyExpress l’a constaté en sillonnant le réseau routier en compagnie d’un remorqueur.

«Il est obligatoire de respecter un corridor de sécurité entre votre véhicule et un véhicule d’urgence, une dépanneuse ou un véhicule de surveillance qui est immobilisé sur la route», peut-on lire sur le site Internet de la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ).

Mais qu’en est-il sur le terrain? Est-ce que les automobilistes sont vigilants à l’approche d’une opération de remorquage?

«Le corridor de sécurité s’est respecté pour les services de police, les ambulanciers et les pompiers parce que si les automobilistes ne font pas attention, ils risquent une sanction», mentionne Jean Boissonneault, de Remorquage Boissonneault.

Seulement en 2017, plus de 1200 conducteurs ont été pincés sur les routes de la province pour avoir omis de respecter le corridor de sécurité, d’après des données de la SAAQ. Cette infraction entraîne une amende de 200 $ à 300 $ et quatre points d’inaptitude.

Selon le remorqueur, les gyrophares rouges activés influencent automatiquement le comportement des usagers de la route alors que le gyrophare orange n’a plus d’impact. «Quand on fait un remorquage et qu’il y a une voiture de police sur place, on la voit la différence. Les automobilistes se tassent (…). Le gyrophare orange, on l’utilise pour plusieurs choses et les gens ne l’associent plus au danger», explique M. Boissonneault,

Vigilant en tout temps

Mercredi dernier, l’auteur de ses lignes a accompagné le remorqueur Éric Demay dans le cadre de ses fonctions. Direction autoroute 10, à proximité de la sortie 68 du côté de Saint-Alphonse-de-Granby. L’opérateur enclenche ses gyrophares et ses clignotants d’urgence et gare son poids lourd à l’arrière d’un véhicule stationné en bordure de route. Après quelques minutes d’observation, on remarque rapidement qu’il y a encore des automobilistes qui n’ont pas saisi le principe du corridor de sécurité.

«Pour une remorqueuse et une voiture en panne, ça ne se tasse pas», avoue d’emblée M. Demay qui pratique le métier de remorqueur depuis un plus de deux ans.

Des injures, des coups de klaxon, des véhicules qui passent à deux doigts de frôler la remorqueuse ou le travailleur. Éric Demay en voit de toutes les couleurs. «Je peux comprendre que parfois on est dans les jambes. Mais si on n’avait pas besoin de moi, je ne serais pas là. Notre but, c’est de se dépêcher pour rétablir le trafic.»

Pour protéger son personnel, Remorquage Boissonneault dispose d’un véhicule d’assistance s’apparentant à une auto-patrouille depuis quelques années. La présence de ce bolide équipé d’une flèche de signalisation lors d’un remorquage fait toute la différence. Dès qu’il se place à l’arrière d’une remorqueuse, l’effet sécurité est instantané. Les automobilistes obtempèrent et respectent le corridor. «Les conducteurs pensent que c’est un char de police et ne prennent pas de chances. Avec cette voiture, c’est automatique le changement de voie.»

 

Des gyrophares bleus: la solution?

«Depuis la mise en vigueur du corridor de sécurité, c’est environ 70 % (des conducteurs) qui se déplacent; ce qui représente une amélioration significative. Cependant, le 30 % qui demeure, il nous fait peur à 100 %», laisse entendre le président-directeur général de l’Association des professionnels du dépannage du Québec (APDQ), Réjean Breton.

Pour protéger son personnel, Remorquage Boissonneault dispose d’un véhicule d’assistance s’apparentant à une auto-patrouille depuis quelques années. La présence de ce bolide équipé d’une flèche de signalisation lors d’une intervention fait toute la différence. Dès qu’il se place à l’arrière d’une remorqueuse, l’effet sécurité est instantané. Photo: GranbyExpress-Éric Patenaude. 

Les risques que prennent les automobilistes à texter au volant sur le réseau routier s’ajoutent aux dangers auxquels sont confrontés les membres de l’Association, soutient M. Breton. «Ils (conducteurs) peuvent faire un mouvement brusque et causer un dérapage quelconque. Et c’est là que c’est dangereux pour l’opérateur qui est debout sur la ligne.»

Pour le PDG de l’APDQ, l’optimisation du niveau de sécurité dans l’industrie du remorquage passe, entre autres, par l’installation de gyrophares bleus qui sont moins communs que les gyrophares orange. D’ailleurs, l’Association a profité récemment de son congrès annuel pour adresser ses priorités au ministère des Transports.

«Le conseiller politique de François Bonnardel est venu chercher notre liste de demandes et de préoccupations. Dans cette liste se trouve la possibilité d’obtenir des gyrophares bleus lorsqu’une dépanneuse est en opération.» «Dans le passé, on a dû exercer des pressions parce qu’on avait des fins de non-recevoir, mais ce n’est pas le cas à ce jour. Le ministère et son ministre démontrent de l’ouverture à nos besoins», confirme M. Breton.