C’est parti pour la reprise des coups de ciseau

DÉCONFINEMENT. Ceux et celles qui n’en peuvent plus d’avoir une longue tignasse peuvent enfin crier «victoire». Les salons de coiffure les accueillent en mode restrictions sanitaires depuis lundi.

Loin de sa clientèle et de ses ciseaux, Rachel Gaudreau, du salon Coiffure Reflet de perle, ne s’est pas fait prier pour revenir derrière sa chaise. Depuis hier, la professionnelle des soins capillaires reçoit son monde dans un tout nouveau contexte de travail, prend-t-elle soin de rappeler.

«Quand c’est ta passion et que ça fait deux mois que tu ne peux vivre ta passion, c’est dur. Oui, je suis contente malgré toutes les recommandations et les protocoles de désinfection que l’on doit mettre en place», confie la coiffeuse. Mais avec ce jour de grande première vient une série de consignes qui risque de changer un peu le décorum d’une visite au salon, admet Rachel Gaudreau.

«Je peux faire mon métier comme auparavant. Par contre, c’est beaucoup de petites attentions. Pour te donner un exemple, une serviette, je ne peux l’utiliser plus d’une fois. C’est plusieurs petits détails qu’on ne doit pas oublier en plus du port du masque, de la visière et des lunettes de protection.»

Et on dit au revoir aux longues filées de clients assis confortablement dans un fauteuil en train de dévorer la dernière revue à potins. Pour respecter les règles prescrites par la Santé publique, les salles d’attente devront rester désertes.

«Il faut que je me garde un bloc de 30 minutes entre chaque client pour tout désinfecter. Je m’attends qu’à mes premières semaines, je vais devoir m’accorder un peu plus de temps pour bien gérer mon horaire», affirme Rachel Gaudreau.

Bien confinée à la maison, la propriétaire du salon de coiffure de la rue Dufferin n’a pas eu le temps de chômer. La gestion de sa page Facebook pour informer son monde et la vente de produits capillaires ont occupé, entre autres, une partie de son temps. «J’ai bien préparé ma clientèle à la fermeture de mon salon. Maintenant, je suis prête à repartir puisque j’ai une bonne banque de noms sur ma liste de rappels. Tellement longue que mes prochains rendez-vous sont autour du 24 juin.»

Au salon Barbier VIP, les habitués de la place n’ont pas tardé à s’asseoir sur le fauteuil de Nancy Sagala, propriétaire du commerce de la rue Principale. Habituellement fermé le lundi, le salon a rouvert exceptionnellement ses portes pour accommoder les messieurs impatients de rafraîchir leur coupe de cheveux. Un retour au boulot sous le signe du changement.

«Tout est plus long puisque notre temps de service a dû être ajusté. Une coupe de cheveux, on s’en sortait en une demi-heure et là, on s’est ajouté 15 minutes par client pour s’assurer du respect du port du masque, de la désinfection du lavabo et du poste de travail», admet Nancy Sagala, du salon Barbier VIP.

Tout comme sa collègue du salon Coiffure Reflet de perle, Nancy Sagala croit que la relance des salons va exiger une adaptation de part et d’autre durant un certain temps. «Il y a beaucoup d’adaptations pour les clients et les coiffeuses. Travailler avec le masque et la visière, c’est quelque chose. Il fait chaud, mais on va s’adapter.»

Bon pour le moral

Avec la relance des salons de coiffure et de barbier, les clients vont finalement renouer avec leur professionnel de la coloration et de la coupe stylisée. Ça sera aussi une occasion pour certains clients assidus de revoir leur meilleur confident.

«Je pense qu’on va faire un grand bien à la société», soutient Rachel Gaudreau.

Pour Nancy Sagala, c’est Noël en juin. «Tout le monde est content. Ça leur manquait d’avoir des beaux cheveux.» Les gens viennent nous voir un peu comme s’ils étaient en thérapie. Ça manquait à bien du monde. Notre service est essentiel alors je ne comprends pas pourquoi on a arrêté», ironise-t-elle.