Les coups de pédales n’arrêtent pas dans la région

TRANSPORT. Forcés de rester confinés à la maison en raison de la pandémie, bien des gens ont décidé de se procurer un nouveau vélo ou bien de renouer avec ce moyen de transport qu’ils avaient délaissé depuis un certain temps déjà. Dans la région comme ailleurs au Québec, la vente bat son plein si bien qu’on prévoit des ruptures d’inventaire dans les prochaines semaines.

«Si un magasin vous dit que ce n’est pas une bonne année, je pense qu’il devrait changer de domaine, lance avec un sourire dans la voix le propriétaire de Cycles St-Onge, Martin Bessette. Le vélo, ça a vraiment bien été. Depuis le début, même quand on a été fermé, on a fait de la vente en ligne, de la consultation virtuelle. On faisait la livraison à domicile évidemment avec les précautions qu’on devait prendre.»

Le confinement a certainement motivé les gens à remonter sur la selle. Et depuis le début de la saison, Cyles St-Onge n’a jamais vraiment arrêté ses opérations de vente.

«On a peut-être eu une petite accalmie au début au mois de mars le temps que les gens réalisent c’est quoi l’ampleur du problème, mais à partir de là, ça va vraiment bien, affirme le propriétaire. La mécanique a toujours bien été aussi. Les magasins de vélos sont en santé et en bonne position. On a vu beaucoup de nouveaux achats à cause que les plans de voyagement ont été changés. C’est une de nos meilleures années.»

Le rendement est également très bon au département de vélos de la Fondation Gérard-Bossé. On parle même d’une année record. En près de deux mois, au-delà de 500 montures ont été vendues à une clientèle de tous âges provenant de différentes régions du Québec.

«Habituellement, on fait ça dans une saison, commente Audrey Roy, adjointe administrative à la Fondation. La vente de vélos s’est faite vraiment très bien. Pour nous, on n’a souffert d’absolument rien. La saison a commencé un peu plus tôt. Le monde cherchait quoi faire aussi. On s’est adapté aux mesures de la COVID. On marchait par tranche de rendez-vous. On a fonctionné comme ça un bon bout de temps jusqu’à ce qu’on rouvre à dix personnes dans le magasin.»

En croissance depuis un moment, le commerce Sports aux Puces VéloGare s’en tire bien également.

«Il n’y a pas eu vraiment de ralentissement [dans notre cas] à part pendant je dirais peut-être une semaine, note le propriétaire, Talkena Wasungu. Il y a eu une fermeture complète qui a été faite au début, après ça, on a pu quand même répondre au téléphone, répondre à des courriels et ça n’a pas cessé de reprendre depuis ce temps-là. Ça va être difficile de dire si ça va être une de nos meilleures années, mais oui, ça va bien. On est en croissance par rapport à l’année dernière.»

Vers une rupture d’inventaire

La popularité du vélo est telle que les magasins prévoient une rupture d’inventaire dans les prochaines semaines voire prochains mois.

«On a quasiment plus de vélos pour être honnête, admet Audrey Roy, de la Fondation Gérard-Bossé. Et même les fournisseurs ne peuvent plus vraiment nous en avoir jusqu’à la fin juin.»

«On a un début de saison, oui, exceptionnel, affirme Rémi Poisson, copropriétaire de Momo Sports. Le problème qu’on va vivre et qu’on vit déjà actuellement, c’est qu’on commence un peu à manquer de vélos. Donc, est-ce qu’on va avoir une année exceptionnelle? Ça va dépendre de ce qu’on va réussir à retrouver comme vélos pour finaliser l’année. Malheureusement […] on n’a plus nécessairement de tout dans tout. Et ce n’est plus nécessairement possible d’en avoir non plus. En ce moment, on commence à avoir une décroissance par manque de matériel.»

«Le plus gros problème qu’on rencontre présentement, c’est  l’approvisionnement futur dans les deux prochains mois, raconte Martin Bessette de Cycles St-Onge. Pour les magasins, ça va être dur d’avoir de l’inventaire pour les mois de juin, juillet et même août. Ça va être notre plus gros défi.»

Une grande augmentation de cyclistes

Chaque année, des gens sortent leur vélo pour sillonner les rues de la province. Cependant, dans le contexte de la pandémie, Vélo Québec confirme une hausse des usagers, notamment au niveau des enfants.

«Ce qu’on constate, c’est qu’il y a beaucoup plus de gens qui font du vélo, souligne Suzanne Lareau, PDG de l’organisation. Pendant le mois d’avril, on a vu des gens sortir à vélo comme on voit chaque année. Mais là, ce qui était différent, on voyait beaucoup d’enfants en vélo dans les rues […] [étant donné] qu’il n’y avait pas beaucoup de voitures. Le fait qu’il y a eu une grosse diminution de la circulation automobile, ça a donné le goût aux gens d’embarquer ou de rembarquer sur leur vélo après plusieurs années d’arrêt. Et c’est ce qu’on nous témoigne.»

Mme Lareau indique par ailleurs que l’intérêt pour ce moyen de transport est aussi visible dans d’autres villes et d’autres pays de la planète.

«On n’est pas les seuls à vivre ça, reconnaît-elle. Je ne dis pas que tout le monde va continuer à en faire après [la pandémie], mais il y a une grande proportion qui va conserver ces habitudes-là parce qu’elle va avoir découvert ou redécouvert les vertus du vélo comme moyen de transport ou activité de loisir.»