Relance de la culture: des acteurs du milieu toujours dans l’incertitude

CULTURE. Le plan de relance culturel dévoilé récemment par le gouvernement du Québec a certainement fait le bonheur de certains, mais pour d’autres, les directives ne sont pas assez claires. Granby Express s’est entretenu avec des acteurs du milieu pour savoir de quelle façon ils voient le retour graduel du domaine culturel malgré le droit d’accueillir 50 personnes dans un lieu public dès le 22 juin.

«Nous attendons toujours les consignes du gouvernement pour la réouverture (date et mesures), explique le directeur des communications et du marketing du Palace, Dany Giard. Pour le moment, nous avons reporté tous les spectacles qui devaient avoir lieu d’ici le mois de septembre. Nous ne connaissons toujours pas quelles seront les mesures sanitaires qui devront être appliquées lors de la réouverture au public. Il nous manque encore beaucoup d’information afin de pouvoir planifier notre réouverture. On nage toujours en plein néant.»

Le gouvernement du Québec a annoncé un investissement de 400 millions de dollars pour relancer l’industrie culturelle et soutenir, entre autres, la production cinématographique et visuelle, les artistes et les écrivains dans leur création, l’innovation et la création dans le domaine des arts de la scène et autre.

Malgré toutes ces intentions, le Palace ne peut s’avancer sur quoi que ce soit puisqu’il n’a toujours pas eu d’instructions précises du gouvernement pour la présentation de ses spectacles.

«On n’a pas de date, on n’a rien en fait, précise M. Giard.  On est encore sur le <@Ri>hold<@$p> si on peut dire, c’est-à-dire qu’on est dans l’attente de consignes. Le problème, c’est qu’on n’a pas de consignes claires. On sait que [le gouvernement]  veut nous appuyer, qu’il  a une bonne volonté, mais il n’y a rien de concret. Chose certaine, lorsque nous allons recommencer à accueillir le public en salle, nous allons nous conformer aux mesures afin de ne pas mettre à risque la santé et la sécurité de notre clientèle et de notre personnel.»

Au Théâtre de l’Ancien Presbytère, on est à regarder les programmes qu’offrent les gouvernements pour les organismes sans but lucratif en lien avec la COVID-19.

«On ne rentre dans aucun programme [du plan de relance culturel], indique le directeur artistique, Martin Gougeon. Au niveau des arts, ce n’est pas compliqué, il n’y a rien pour nous. C’est sûr qu’avec une jauge de 25 % ou 50 %, on ne peut pas faire nos frais. Absolument pas. C’est sûr qu’on ne peut pas rouvrir bientôt. Dans le monde du théâtre, ça va prendre un <@Ri>mauzus<@$p> de bout de temps parce que répéter à deux mètres de distance, ça ne se peut pas pour 99 % des pièces que je connaisse. Est-ce que les gens vont être au rendez-vous? […] Je le  souhaite grandement, mais ça va être à voir.»

«Un véritable casse-tête»

Impliqué dans le milieu culturel depuis plusieurs années, Jessy Brown aurait aimé que le gouvernement annonce son plan de relance plus tôt puisque «les spectacles s’organisent énormément longtemps à l’avance».

«Pour l’instant, quasiment l’intégralité des festivals a été déjà annulée cet été, fait remarquer le principal intéressé qui a récemment lancé sa chaîne YouTube et qui travaille avec un vélo électrique de tournage. C’est comme un peu certain que ça ne peut pas reprendre parce qu’il manque de temps.»

Le retour éventuel des spectacles sera «un véritable casse-tête» pour la gestion de salle, mais aussi pour le va-et-vient des visiteurs qui se lèvent durant une représentation.

«Pour avoir discuté avec beaucoup de diffuseurs, ils ne reprendront rien avant un petit bout parce qu’on ne sait même pas si le public va être au rendez-vous et l’ambiance aussi dans la salle, note-t-il. C’est fou l’organisation qu’il y a en arrière de ça.»

Le premier spectacle de Jessy Brown est prévu le premier septembre et après, son horaire est chargé puisque les diffuseurs ont tous reporté leurs événements à cette date.

«J’imagine que le téléphone va peut-être se mettre à sonner pour de petits trucs ou de petites affaires cet été, mais sans plus», affirme-t-il.

«On doit appuyer nos artistes et nos artisans»

Pour le directeur général du Festival international de la chanson de Granby (FICG), l’annonce du gouvernement est la bienvenue dans le milieu culturel.

«On doit appuyer nos artistes et nos artisans et au Festival, c’est ce qu’on fait aussi en ne lançant pas la serviette et en présentant quelque chose au niveau virtuel, souligne Jean François Lippé. On veut demeurer présent pour les artistes et les artisans du milieu. On trouvait ça important de rester présent.»

«On est tous dans le même bateau actuellement et je pense qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais moment, poursuit-il. Ça devait se faire, c’est certain. Je pense que tout ça est le bienvenu.»

«Au niveau du spectacle, je pense que les artistes sont là pour jouer devant un public. Je pense que tout le monde a bien hâte de retrouver le public en salle et en spectacle extérieur. […]C’est important  qu’on fasse ça pour n’importe quel des milieux qui est touché  actuellement. Je pense qu’on ne peut pas critiquer personne actuellement. Il faut prendre ce qu’il y a et on fait avec la situation. On fait de notre mieux tout le monde avec la situation. Je pense que c’est ça qu’on doit retenir de la crise actuelle.»