Vaccins contre la COVID-19: Ottawa s’accroche à sa politique d’approvisionnement

COVID-19. Malgré les nombreuses perturbations dans les livraisons, le premier ministre Justin Trudeau a indiqué en conférence de presse que les retards n’affecteraient ni la livraison des six millions de doses de vaccins attendues d’ici fin mars ni l’administration du vaccin à tous les Canadiens désireux de le recevoir d’ici septembre.

 Les retards concernent principalement les deux vaccins approuvés par Santé Canada à savoir ceux de Pfizer-BioNtech et Moderna. Pfizer a annoncé des baisses cumulées de ses livraisons de 70 % sur quatre semaines. Moderna a annoncé de possibles réductions de ses livraisons pendant les deux dernières semaines de février selon le major général Fortin qui dirige les opérations de distribution. Justin Trudeau a réitéré fermement les bases du programme que son gouvernement suit dans l’approvisionnement extérieur et la production domestique des vaccins.

«Je comprends les frustrations que les gens ressentent. On voudrait que tout le monde soit vacciné d’ici une semaine ou deux semaines. Malheureusement, la production mondiale ne permet pas d’aller à ce rythme-là», a-t-il affirmé, appelant le Canadiens à la patience.

 Les retards s’accumulent et Ottawa s’est dit prêt à recevoir une partie des doses de vaccin distribuées dans le cadre du Covax, un mécanisme mis en place par l’Organisation mondiale de la santé en direction de plus petites économies mondiales. Le Canada sera désormais l’un des rares pays du G7 à puiser dans cette réserve. Si le vaccin de Novavax est approuvé, il sera produit au Canada, mais les projections établissent les premières livraisons nationales vers l’été prochain.

 Les pharmaceutiques refusent de produire au Canada

À l’exception de Novavax, les firmes Pfizer, Moderna, Johnson & Johnson et d’autres fabricants ont décliné l’offre d’Ottawa plusieurs fois renouvelée de produire localement leurs vaccins, en raison des capacités manufacturières non adaptées au Canada.

La production domestique aurait épargné à Ottawa d’énormes tracasseries au moins dans l’importation, mais après avoir évalué la situation, plusieurs pharmaceutiques se sont dites incapables de se payer ce luxe.

«Ils ont tous conclu que les capacités biomanufacturières étaient trop limitées pour justifier des investissements de capitaux et d’expertise pour lancer une production au Canada», a expliqué la ministre de l’Approvisionnement, Anita Anand, en comité parlementaire.

De plus, la plupart des contrats que le Canada a passés avec les fabricants de vaccin ne prévoient pas d’approvisionnement sur des bases hebdomadaires ou mensuelles. La ministre Anita Anand s’appuie un total trimestriel des livrables en provenance de l’étranger, car le Canada n’a pas les capacités d’accéder à «l’échelle de production exigée.»

 

Les critiques de l’opposition

«Il y a donc une nécessité de faire face, une nécessité de l’admettre, une nécessité de reconnaître une situation qui est préjudiciable à la santé des citoyens du Québec et du Canada», a conclu le chef du Bloc québécois, Yves François Blanchet peu avant la conférence de presse du premier ministre canadien.

Il a invité Ottawa à faire preuve d’humilité en vue de produire un «échéancier crédible» pour l’approvisionnement en doses de vaccin au Canada.

«Il y aura des délais, ils seront significatifs, et les objectifs exprimés par le gouvernement ne semblent plus être accrédités par qui que ce soit d’autre que le gouvernement lui-même », a-t-il expliqué dans un point de presse, où il a noté que « plus ce sera long, pire ce sera.»

Comme ses collègues du Parti conservateur, M. Blanchet a invité le gouvernement à publier les contrats ficelés avec les firmes pharmaceutiques pour des soucis de  prévisibilité» dans les provinces.