Milieu hospitalier: les agences de placement invitées à rentrer dans le rang par Québec

SANTÉ. Dans son édition du 17 mars dernier, le GranbyExpress rapportait l’importante flambée des dépenses liées au personnel d’agences de placement au CIUSSS de l’Estrie-CHUS passant de 660 000 $ à plus de 3,4 M$ en cinq ans. Face à la crise sanitaire qui s’éternise, Québec agit en imposant un cadre de pratique plus rigide à ces organisations privées.

À la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), on réclamait depuis longtemps une intervention du ministre de la Santé, Christian Dubé, afin mieux encadrer ces entreprises impliquées dans le réseau de la santé.

«C’est une grande hémorragie au niveau des agences privées qui poussent et qui poussent. Elles sont là par centaine et elles profitent de la situation (pandémie). Pour moi, l’émergence actuelle de la main-d’œuvre indépendante est un symptôme que le réseau public offre des conditions totalement inhumaines à ses salariés», avait déclaré en entrevue la présidente de la FIQ, Nancy Bédard.

Selon l’arrêté ministériel rendu public, la semaine dernière, la main-d’œuvre indépendante devra s’astreindre à une série de règles et de mesures, dont l’obligation de se soumettre à des affectations minimales de 14 jours. De plus,  les mandats à temps partiel dans différents secteurs ou différents établissements seront interdits, peut-on lire dans le communiqué du ministère de la Santé et des Services sociaux. Par cette décision, Québec espère contraindre les déplacements de personnel d’un site hospitalier à un autre et «limiter les risques de propagation de la COVID-19.»

Le passage du public au privé pour le personnel infirmier sera également plus contraignant puisque «les agences ne pourront affecter un prestataire de services dans un organisme du secteur de la santé et des services sociaux si celui-ci a été à l’emploi d’un tel organisme dans les 90 jours précédents.»

Par ailleurs, selon le décret gouvernemental, le réseau de la santé sera aussi tenu de privilégier les employés de l’État au préalable avant de faire appel aux travailleurs des agences de placement. «Ainsi, les établissements publics et privés conventionnés du secteur de la santé et des services sociaux ne pourront déplacer leur personnel sur d’autres quarts de travail au seul motif d’offrir les quarts de travail ainsi libérés à des prestataires de services», explique le gouvernement Legault.

D’autres règles encadreront les agences, dont les taux horaires maximaux pour le regroupement des titres d’emploi des inhalothérapeutes et l’interdiction de recourir aux frais accessoires pour gonfler un taux horaire maximal.

Toute agence surprise à enfreindre le protocole s’expose à des amendes de «1000 $ à 6000 $ par jour et par prestataires de services», a fait savoir le Ministère par voie de communiqué.

Au moment de publier, il n’avait pas été possible de recueillir de commentaires de la part du Syndicat des professionnels en soins des Cantons-de-l’Est (FIQ-SPSCE).