Pénurie d’enseignants à Val-des-Cerfs: les orthopédagogues appelés en renfort d’ici la fin de l’année?

ÉDUCATION. Aux prises avec une pénurie de personnel enseignant, la direction du Centre de service scolaire du Val-des-Cerfs a peine à combler les demandes de remplacement au sein de son équipe ces derniers temps. Sa prochaine cible pour pallier le manque: les orthopédagogues. Une décision qui pourrait avoir de grandes répercussions sur le quotidien des orthopédagogues, mais aussi sur la réussite académique des élèves en difficulté d’apprentissage, les grands oubliés de la pandémie dans le milieu scolaire, selon le corps professoral.

Jeanne* est orthopédagogue dans un établissement scolaire du CSSVDC. Comme ses collègues, elle est présentement dans l’incertitude à savoir si elle terminera l’année scolaire en tant qu’orthopédagogue ou en tant que titulaire de classe au niveau primaire ou préscolaire pour pallier à la pénurie d’enseignants. Chose certaine, l’idée de réaffectation apporte un climat d’anxiété et de craintes auprès de tous les orthopédagogues . «C’est sûr que le stress et l’anxiété embarquent, parce que je pense qu’il n’y a personne qui voudrait changer de milieu de travail du jour au lendemain, et ce, sans préavis. On ne parle pas juste d’une tâche différente, on parle d’un milieu de travail différent et d’un employeur différent.», explique Jeanne.

Comme le mentionne le communiqué dont le Granby Express a obtenu une copie, la réaffectation aura lieu, entre autres, lorsqu’un «un besoin est à combler, sous réserve de conserver minimalement une orthopédagogue par école et par pavillon». Une situation qui touche particulièrement Jeanne et sa collègue, toutes deux affectées dans le même établissement. Les conséquences de cette réaffectation pourraient alors se faire sentir auprès des deux orthopédagogues si l’une d’elles devait à quitter, selon Jeanne. «Elle et moi avons 180% de tâche d’orthopédagogie à faire. Pour ma part,  je suis à 80%, et  elle à 100%. Si ma collègue quitte, moi je me retrouve à gérer un service de 180% de tâche, ce qui n’est pas plus simple, ni pour moi ni pour la personne qui quitte», affirme-t-elle.

Bien que pour le moment, aucun orthopédagogue n’a été réaffecté, le CSSVDC est présentement dans l’impossibilité de préciser le nombre exact d’orthopédagogues qui devront changer de poste pour un mandat évalué à quatre jours et plus.

Mis de côté

Depuis le début de la pandémie, les repères sont de plus en plus difficiles pour les élèves en difficulté d’apprentissage. Une situation qui inquiète grandement les professionnels du milieu qui ont à cœur leur réussite scolaire. «Depuis le début de l’année, on entreprend des objectifs de rééducation avec eux et des services pédagogiques pour leur permettre de rester dans des classes régulières et leur permettre de vivre des réussites. On met tout ça en place et on se fait dire que l’on pourrait quitter d’une journée à l’autre pour un autre milieu et ainsi couper le service que l’on offre en ce moment. C’est tout simplement un non-sens pour nous», affirme l’orthopédagogue.

Même son de cloche auprès du Syndicat de l’enseignement de la Haute-Yamaska (SEHY) qui déplore les actions prises par la direction. «On arrive à la fin de l’année scolaire. C’est le pire temps pour faire une démarche comme celle-là, car il y a des rapports à effectuer et des plans d’intervention à réviser. Les orthopédagogues sont très souvent nos experts lorsqu’il s’agit d’évaluer un élève en situation d’échec et s’il devait redoubler ou non», mentionne Alina Laverrière, présidente du SEHY.

En mode solution

Tout de même consciente des répercussions, la direction du CSSVDC a décidé d’y aller de l’avant dans cette avenue. Avec plus de 200 postes à combler pour des remplacements d’enseignants en avril, l’équipe de Val-des-Cerfs se devait de considérer les orthopédagogues dans la liste de remplaçants, selon Éric Racine, directeur général du CSSVDC. «Ça met de la pression sur toute l’organisation. Comme la Santé publique est plus restrictive au niveau de ses retraits préventifs, on doit retirer du personnel en masse lorsqu’il y a des cas de COVID-19 détectés en classe», souligne M. Racine.

Depuis le début de l’année scolaire, le CSSVDC a tenté de bonifier sa liste de remplaçants en affichant sur différentes plateformes et à l’interne. Malgré les appels d’offres auprès, entre autres, de tuteurs, de retraités, d’enseignants en congé parental, le manque est encore omniprésent. À un point où certains membres de la direction, qui ont des permis d’enseignement, pourraient être appelé à prêter main-forte prochainement.

À quelques jours de la fin de session universitaire, Éric Racine espère que les étudiants en enseignement viendront en renfort d’ici la fin de l’année scolaire. «Avec cette aide supplémentaire, on va être en mesure d’avoir une bouffée d’air pour compléter l’année», conclut M. Racine.

*Par mesure de confidentialité, le prénom de Jeanne a été modifié aux fins de l’article.