Zone verte urbaine en péril, la soupe se réchauffe!

«Je dis que l’environnement n’est pas une affaire de religion, d’éthique ou de morale. Celles-ci sont des luxes, car on peut survivre sans elles. Mais survivre nous sera impossible si nous continuons à nous acharner contre la nature. Je suis heureux de constater que l’illusion de la consommation en tant que bien en soi, cède peu à peu le pas devant la conscience qu’il nous faut absolument protéger les ressources de la terre, et c’est plus urgent que jamais!»Tenzin Gyatso, le charismatique dalaï-lama actuel

Hier, aux côtés d’un connaisseur issu du collectif des Amis du Boisé Quévillon, j’ai enfin pu explorer cet écosystème urbain que j’ai jadis connu sous le nom du parc Terry-Fox.

Avant de quitter la région, où j’ai vécu et travaillé durant trente ans, il y a quinze ans encore, j’allais souvent herboriser là avec des groupes d’aînés, sinon y faire du ski de fond.

Quelle ne fut pas ma stupéfaction de voir ce grand écosystème jadis si varié couvert de maisons de luxe, voire d’immeubles collés autour d’immenses pelouses désertes pour le soccer de nos jeunes et de parkings asphaltés, vides eux aussi! La plantation d’érables trop serrés pour les enfants a mal vieilli elle aussi.

Mon guide, qui connaît l’histoire du développement exponentiel de ce secteur m’a mené dans la grande érablière mixte sur Bourget coin Dubé. Effectivement s’y déploient des spécimens matures de cerisiers tardifs, de frênes survivants, d’érables sains et quelques ostryers, en arrière se dresse un belle prucheraie, conifères hélas de plus en plus rares dans le coin. Impressionnante, est la grande zone humide qui contourne et scinde ce parc au récent passé controversé. Notre ami, le regretté Maurice Harvey avait prouvé que le MTQ d’alors en avait presque fait cadeau à la Ville, mais que l’offre fut sciemment mise sous silence par un triste sire dominant, et avait fait perdre à Granby la jouissance des lieux ad vitam aeternam. C’était une bonne leçon pour la saga du boisé Miner où les citoyens alertés à temps ont pu sauver cette forêt urbaine. Comme le CINLB, lui aussi sauvé par des citoyens impliqués, cette forêt rescapée des bulldozers est surpeuplée les fins de semaine, par les familles et leurs compagnons à quatre pattes qui recherchent le calme, la fraîcheur et un lieu de marche attrayant.

Plus que jamais, depuis la pandémie, les espaces verts sont vitaux et chaque municipalité honorable se doit d’avoir un minimum de forêt publique accessible. Le boisé Quévillon et les dernières bandes vertes à protéger constituent au moins une petite part de boisé naturel urbain à protéger. Que dire de nos eaux courantes, de moins en moins douces et claires? Le ruisseau Quévillon par exemple, face aux immeubles sur Verchères est dans un piètre état, entravé aux deux tiers avec des branches, des déchets de plastique et même un matelas effiloché!  Ceci n’aident certainement pas à la biodiversité et la santé de ce cours d’eau afférent au réservoir Choinière, lui-même charmant en apparence, mais une autre source de pollution de notre pauvre Yamaska.

Le béton, les pelouses et les condos chics où nous fûmes prisonniers depuis un an, c’est bien, mais qui n’a pas besoin de respirer et se dégourdir les membres dans un environnement agréable? À force d’assécher les tourbières et de souiller l’eau douce, de couper autant de forêts et émettre tant de gaz (les fameux GES!), la terre soupire et se réchauffe indéniablement.

Les grands feuillus et les zones humides préservées constituent de rares incubateurs de vie et des sources d’oxygène vitales pour tous les êtres vivants.

Granbyens, battez-vous pour vos ultimes oasis vertes et, cet automne, votez pour ceux qui protègent vraiment la nature, au-delà des insatiables intérêts des mêmes particuliers, mortifères à mes yeux d’herboriste éclectique et d’autres citoyens sensibles à la vraie beauté et au bien commun.

Anny Schneider, autrice et herboriste nomade, Waterloo