Des portes grandes ouvertes à l’Auberge sous mon toit

COMMUNAUTÉ. L’âge n’est plus un critère d’admissibilité à l’Auberge sous mon toit (ASMT). Depuis le mois dernier, les hommes en difficulté situationnelle de tous âges en quête d’un gîte et d’aide peuvent désormais cogner à la porte de l’organisme de la rue Chapais. Une redéfinition de la mission qui tombe pile pour la ressource qui célèbrera ses 50 ans d’existence en novembre prochain.

Grâce à l’aval de Québec, l’Auberge sous mon toit et ses intervenants sont à présent en mesure de soutenir les hommes à travers leurs services d’hébergement et d’insertion sociale, et ce, peu importe leur âge. L’étiquette «Les 18-35 ans» accolée à l’organisme depuis sa fondation en 1971 n’a plus sa raison d’être. Que vous ayez 18 ans ou 67 ans, sans domicile fixe ou contrevenant, les portes de l’ASMT sont grandes ouvertes.

«En 2018, on a décidé de revoir le libellé de notre mission (les hommes de 18 à 35 ans et les individus de 18 ans et plus judiciarisés). Avec le temps, on s’est rendu compte que ça devenait mélangeant pour la population de comprendre les limites de qu’est-ce qu’un homme judiciarisé versus une personne non judiciarisée ou en probation active», explique la directrice générale de l’Auberge sous mon toit, Marie-Ève Théberge.

Mais paperasse gouvernementale oblige, l’ASMT a dû patienter avant de crier victoire. Chose promise, chose due. Voilà que la ressource a reçu le sceau officiel et les documents lui confirmant son titre «d’organisme général pouvant accueillir des hommes de 18 ans et plus sans limite d’âge.»

«Ça fait grandement notre bonheur parce qu’on s’entend que la population est vieillissante. Avec la tranche d’âge des 18-35 ans, on ne réussissait pas à combler tous nos lits et à avoir des taux d’hébergement satisfaisants», laisse entendre la porte-parole de l’organisme.

D’ailleurs, un projet-pilote a été mené récemment afin de valider la pertinence d’élargir la clientèle masculine à l’ASMT.  Au cours de l’expérience étalée sur une période de trois mois, pas moins de 22 requêtes d’hébergement ont été autorisées pour des hommes de plus de 35 ans, soit 69 % des demandes totales.

«Pour nous, ça prouve que le besoin est là», a commenté Mme Théberge. «Le nouveau libellé facilite notre travail et c’est gratifiant pour nos intervenants. Quand un gars faisait une demande de service et qu’on lui disait: désolé tu as 36 ans; on ne peut pas t’aider. Pour un cœur d’intervenant, c’est difficile.»

À son établissement de la rue Chapais, l’Auberge dispose de 20 lits. Ces derniers sont occupés en moyenne pour des séjours allant de 40 jours à 12 mois.

Pandémie et célébrations

Comme partout ailleurs, le personnel et les résidents de l’Auberge sous mon toit ont dû apprendre à vivre avec les aléas de la pandémie. Pas facile la vie en communauté au sein d’une organisation de première ligne.

«Ç’a été une année très essoufflante», avoue Marie-Ève Théberge. «Quand tu fais du 24/7, la ressource ne peut fermer, le télétravail n’est pas une possibilité (…). L’équipe est un peu fatiguée, les résidents aussi. Déjà à la base, notre clientèle a de la difficulté avec les règles. Le port du masque, le respect du deux mètres, le couvre-feu…ç’a été beaucoup de choses à intégrer pour eux (hommes). La première vague a été intense, mais maintenant, tout va bien.»

Présente dans le paysage communautaire depuis près d’un demi-siècle, l’Auberge sous mon toit pourrait bien souffler sa cinquantième bougie en toute discrétion en raison du contexte actuel. Les célébrations prévues pour mai dernier ont été annulées, se désole Marie-Ève Théberge.

«Pour le moment, on attend les nouvelles règles du gouvernement. Est-ce qu’on se réinvestit dans une grosse activité pour souligner le 50e anniversaire? C’est possible qu’on aille de l’avant pour le début de 2022 si on peut sinon ça sera en 2023», conclut la directrice générale de l’Auberge sous mon toit.