Une passionaria de l’éducation et de solidarité à la tête de la Fondation du Cégep de Granby 

ÉDUCATION. ÉDUCATION. Criminaliste de formation, c’est une passionnée qui vient d’être nommée à la tête de la Fondation du Cégep de Granby. Enseignante en Techniques d’éducation spécialisée au même établissement collégial depuis 2004, Isabelle Giard travaillera à soutenir sa mission éducative à titre de directrice générale. Et dire qu’elle ne destinait pas à enseigner comme sa grand-mère, sa mère, ses tantes, sa soeur et ses cousines.

Par Stéphane Lévesque 

«C’est avec enthousiasme que j’ai accepté la direction générale de la Fondation du Cégep de Granby. Grâce à la générosite des donateurs, des partenaires et d’une équipe d’administrateurs engagés, nous pouvons donner vie à notre mission. La Fondation est un élément essentiel de la persévérance et de la réussite de plusieurs étudiant.e.s de notre établissement d’enseignement. Il faudra solidifier ses liens avec la communauté du cégep, mais aussi avec la communauté régionale qui a tout à gagner de leur diplomation et de leur sentiment d’appartenance local. Le besoin grandissant d’une main-d’œuvre qualifiée est un enjeu important de notre milieu socioéconomique. Le Cégep de Granby est un acteur incontournable pour y contribuer et sa Fondation est assurément un outil pour soutenir la relève pendant sa formation », explique la femme qui est également forte d’une expérience de gestion au CISSS de la Montérégie et d’un diplôme d’études supérieures spécialisées de 2e cycle Gestion des affaires-Management.

Présente au Cégep de Granby depuis 17 ans, au contraire de ses aïeules qui l’étaient, Isabelle Giard ne voulait pas, à la base, être enseignante.

« En tant que criminologue, j’ai travaillé à la protection de l’enfance. J’ai particulièrement travaillé avec les adolescents en difficulté. Vers 2003, 2004, je croise quelqu’un qui me dit que l’on cherche un chargé de cours pour Jeunes en difficulté au Cégep de Saint-Hyacinthe. C’était le lundi soir et ça cadrait bien dans mon horaire. J’ai essayé et vraiment adoré l’expérience. Quand le programme a ouvert à Granby, j’ai été appelé, avec une collègue, à le partir », se souvient celle que l’on pourrait qualifier d’une des mères fondatrices de la technique d’éducation spécialisée au Cégep de Granby.

Intervenir auprès des jeunes

 Devenue directrice générale de la Fondation depuis le 18 octobre dernier, elle garde le goût de l’intervention en supervisant l’équipe du Carrefour éducation, une entité qui fait des suivis psychosociaux auprès d’étudiants.

« Ce n’est pas comme la DPJ, mais ce sont des jeunes qui ont des problèmes d’adaptation. En arrivant du secondaire, ils peuvent aussi avoir des problèmes de consommation et de stress. Avec la pandémie et l’anxiété qu’elle a provoquées, l’équipe a été très sollicitée pour apporter de l’aide. On a aussi tous les services adaptés pour les étudiants qui ont des problèmes particuliers comme des troubles d’apprentissage… et en situation de handicap physique », rapporte une Isabelle Giard qui aura le souci de l’aide, de l’intégration et de la valorisation de la différence dans la couleur qu’elle veut donner à la Fondation.

« On remet des bourses d’excellence, mais on a aussi des bourses de persévérance. On va peut-être les doubler. On va également revoir nos bourses pour y intégrer des personnes qui relèvent des défis malgré leur santé mentale et pour des parents en monoparentalité. Au niveau de la persévérance, je me rappelle d’un, entre autres. C’est un gars qui avait tout un vécu et c’était admirable qu’il soit sur les bancs d’école. On lui avait remis une bourse de 200 $. Au-delà du montant d’argent qui lui a permis d’arrondir sa fin de mois, juste là d’être applaudi, d’être sur le podium, d’avoir les yeux tournés vers lui, cette vague de fierté, d’admiration, ça n’a pas de prix. J’en parle encore avec des frissons. Aujourd’hui, c’est un travailleur de rue à Granby et il fait un super travail. Ça fait vraiment une différence », souligne-t-elle en précisant que la Fondation offre également un fond de dépannage d’aide alimentaire. 

« On a beaucoup d’étudiants sous le seuil de la pauvreté. J’en vois quotidiennement venir cogner à la porte de ma voisine de bureau pour avoir des 50 $ chez Maxi. On aura aussi une guignolée pour trente étudiants que l’on a ciblée. Avec cela, on empêche peut-être qu’ils lâchent leur session, qu’ils persévèrent », rapporte celle pour qui l’éducation demeure la grande avenue pour se sortir de la pauvreté. « C’est plus criant que jamais et c’est l’affaire de tous », conclut Isabelle Giard.