District 7 à Granby: une transformation de quartier qui ne fait pas que des heureux

MUNICIPAL. Des entrepreneurs sont à l’affût de bonnes affaires à réaliser dans le district 7. Le quartier aux couleurs ouvrières, qui est connu pour ses bâtiments construits dans les années 1940-50, connaît une vague de nouvelles constructions. Seul problème, lesdites constructions seraient le fruit d’acquisitions à moindre coût, ce qui fait craindre à certains citoyens une gentrification du secteur.

Si le phénomène de gentrification (NDLR : embourgeoisement des quartiers plus modestes) est surtout connu dans les grandes villes, le nouveau développement en construction dans le district 7 de Granby semble en faire les frais.

La gentrification d’un quartier ou son embourgeoisement consiste à acquérir des édifices, surtout résidentiels, évalués à un coût minimal, pour ensuite les démolir afin d’y ériger des immeubles ayant une valeur mobilière plus élevée que le reste du secteur. Les conséquences se répercutent sur les taxes foncières des propriétés environnantes, entre autres, mais poussent aussi certains propriétaires établis depuis des années, voire des décennies, à vendre leur propriété à un prix dérisoire.

La vie d’un quartier

Un citoyen avisé, craignant des représailles, exprime sous l’anonymat des inquiétudes quant à ces nouveaux complexes immobiliers dans le quartier. Le souci de voir ses concitoyens débourser des sommes substantielles soulève la peur que plusieurs doivent vendre à rabais le fruit de leur retraite. «Cet homme achète les propriétés au prix du terrain et quand nous refusons, il utilise différents stratagèmes pour nous forcer à vendre.»

Les stratagèmes utilisés, selon la source rencontrée, sont pour la plupart des zones grises aux règlements municipaux, qui ont notamment pour but de construire de part et d’autre du propriétaire «récalcitrant». Les problèmes occasionnés à ce dernier font donc office de moyen de pression: pollution visuelle qui affecte l’occupant comme les voisins, surélévation des terrains, ce qui peut conduire à des problèmes d’écoulement des eaux par gravité dans les propriétés voisines lors de fortes averses. L’utilisation de rumeurs nuisibles à la réputation de personnes refusant le rachat de leur propriété a aussi été mentionnée par une résidente du district, interviewée par le Granby Express.

Plusieurs propriétaires ou locataires inquiétés par ce nouveau lotissement ont grandi dans le district 7. Selon plusieurs de ces résidents, voir leur quartier être ainsi reconstruit à des fins pécuniaires représente une scission dans la vie de leur communauté. Le complexe en question s’étendra sur la rue Cowie, entre la rue Albert et un peu après la rue Laval, ainsi que sur la rue Laval « sans compter que ce n’est pas très beau », souligne une résidente du quartier.

Les locataires de l’édifice du 475 et 477, rue Cowie ont d’ailleurs reçu leurs avis d’éviction le 26 novembre 2021 et doivent quitter leur logement à l’échéance de leur bail, soit le 30 juin 2022. Pour l’instant, les logements construits se louent environ 1200 $ par mois, alors que dans l’édifice susmentionné, les appartements se louaient environ 500 $ par mois.

Un chantier en règle

Le Granby Express a parlé au conseiller du district 7, Robert Riel, qui a lui aussi reçu des plaintes de citoyens. «Je suis allé sur place et c’est sûr que ça ne fait pas beau pour l’instant, mais les travaux sont en cours et ils vont aménager le terrain.» Quant aux règlements municipaux, le conseiller du district 7 affirme être allé constater de visu les travaux et parlé au personnel de l’urbanisme. «Tout est conforme au niveau de ses permis (ceux octroyés à la compagnie), toutes les nouvelles normes ont été faites pour évacuer l’eau conformément… si tout est conforme, je ne peux rien faire de plus [sic].»

Au service de l’aménagement et protection du territoire de la ville de Granby, Geneviève Poulin, directrice par intérim, a accepté de répondre aux questions du journal. «En 1994, le gouvernement provincial a révisé le Code civil. Il a donc rédigé la loi sur l’aménagement urbain et cette loi contient un article qui oblige les municipalités à se doter d’un règlement sur le zonage.» D’après le règlement municipal, tout est en règle. Or, toujours selon les dires de Mme Poulin, cette situation relève du Code civil, donc c’est de la responsabilité des citoyens de faire valoir leurs droits devant un juge.

Rappelons que l’ancien candidat dans le secteur, Mario Brouillette, avait décrié la situation lors de la dernière campagne électorale municipale. M. Brouillette s’était exprimé dans l’édition du Granby Express du 23 octobre dernier au sujet des rénovictions. Il avançait déjà à ce moment que la Ville devrait prendre des mesures pour protéger les citoyens au revenu précaire contre ce genre de pratique.

«Ce texte a été modifié le 12 juillet 2022. Il affirmait erronément que selon le Tribunal administratif du logement, la loi obligeait le locateur à fournir un logement à la personne évincée.  La Loi sur le Tribunal administratif du logement ne prévoit rien de tel. Les pouvoirs pouvant être exercés par le Tribunal administratif du logement en cas de démolition sont décrits à l’article 38 de la loi. (Loi sur le Tribunal administratif du logement).»