5 000 corneilles de plus à Granby

Chaque soir, le ciel de Granby se remplit de milliers de corneilles espèce qui semble être présente en plus grand nombre cette année. Et pour cause. La région compte près de 5 000 volatiles de plus que l’an dernier révèle le plus récent recensement.

Vers 17h, le spectacle est impressionnant. Les dizaines de milliers de corneilles font une arrivée remarquée afin de passer la nuit en sol granbyen.

Selon les plus récentes statistiques fournies par le Club d’observateurs d’oiseaux de la Haute-Yamaska (COOHY), le nombre de corneilles est passé de 15 871 individus en 2011 à 20 535 en 2012, une augmentation de 29,4%. «Le recensement est relativement précis. Les corneilles utilisent entre un et trois corridors près de David-Bouchard. On fait le recensement en fin de journée», explique Monique Berlinguette, responsable de l’Étude des populations d’oiseaux du Québec (ÉPOQ) à la COOHY. L’ornithologue mentionne que les observateurs ciblent un repère vertical, comme un pylône, et comptent les oiseaux lorsqu’ils passent derrière cette borne.

Malgré cette hausse de 4 664 individus, la situation de Granby est loin d’équivaloir à celle de Saint-Jean-sur-Richelieu. En un an, les ornithologues estiment que près de 15 000 volatiles aux plumes noires de jais ont élu domicile sur le territoire johannais. Avec 58 756 corneilles, la capitale des montgolfières abriterait le plus gros dortoir de corneilles au Québec, suivi de Granby. «En réalité, on ignore quel est le plus gros dortoir puisque ce sont des dortoirs connus. On les retrouve principalement dans le sud du Québec, dont Granby et Saint-Jean. Il y a aussi un dortoir à Saint-Hyacinthe, mais il y a de grosses chances qu’actuellement, Saint-Jean-sur-Richelieu soit le plus gros dortoir et Granby le deuxième», indique François Morneau, biologiste.

En analysant les données des recensements de Granby et de Saint-Jean-sur-Richelieu, «on voit clairement que de 2005 à 2008, les quantités étaient supérieures dans la région de Granby, qui était alors le plus grand dortoir au Québec en se basant sur les recensements», indique Mme Berlinguette.

Un oiseau opportuniste

Monique Berlinguette indique que la corneille d’Amérique est une espèce opportuniste. «Peut-être que le dortoir de Saint-Jean est plus attrayant? Ou qu’il y a moins de neige?», s’interroge-t-elle.

«Elles vont où elles ont accès à de la nourriture disponible de façon abondante. Tout est question de nourriture, ajoute François Morneau. Mais à un moment donné, leur nombre va plafonner.»

La transformation de l’agriculture au cours de 40 dernières années aide beaucoup les sombres volatiles. «On retrouve maintenant de grands champs de maïs. C’est ça qui les aide. Et il ne doit pas y avoir beaucoup de neige dans les champs», spécifie le biologiste. Les températures clémentes et la neige tardive favorisent aussi l’implantation des corneilles puisque ces facteurs contribuent à augmenter leur survie.

En ville, les corneilles fréquentent les dépotoirs, se nourrissent dans les vidanges et mangent les carcasses d’animaux morts sur le bord des routes, lit-on dans une fiche produite par le Centre d’expertise en analyse environnementale du Québec (CEAEQ).

Le quotidien d’une corneille

Selon une étude réalisée en 1991 et reprise par le CEAEQ, le perchage occupe la majeure partie de l’agenda quotidien de la corneille. Les déplacements, l’alimentation, les vocalises et les interactions sociales meublent le reste du temps du volatile.

Le soir venu, les corneilles se rassemblent de façon stratégique dans un dortoir. «Elles vont là où il n’y a pas de prédateurs et où il y a un microclimat. Les villes sont des endroits où le climat est plus doux», explique M. Morneau. L’un des prédateurs de la corneille est le grand-duc d’Amérique. Selon les statistiques fournies par le COOHY, ce rapace nocturne n’a pas été observé en 2012 à Granby. La plus récente observation a été faite en 2001 où un seul individu a été répertorié. Le raton-laveur, les oiseaux de proie et le corbeau figurent aussi parmi les prédateurs de la corneille d’Amérique.

La migration printanière des corneilles s’échelonne de la fin février à la fin mars. À ce moment, elles quittent pour aller nicher.

Des mesures à prendre?

Au dortoir, les croassements de cet oiseau sociable peuvent être nombreux (et bruyants) avant de cesser subitement à la tombée du jour. Le nombre de plaintes reçu à la Ville de Granby pour le bruit des corneilles serait cependant «marginal», indique Michel Pinault, directeur général.

À Saint-Jean-sur-Richelieu, les autorités municipales souhaitent intensifier la lutte aux corneilles. Un règlement obligerait notamment les citoyens à se munir d’une poubelle en plastique sur roues. À Granby, où le bac gris est obligatoire, la situation est toute autre. «Il n’y a pas de mesures prises et on n’entend pas prendre de mesures», indique Michel Pinault.

Ce dernier indique que les fientes sur le mobilier urbain sont le seul désagrément causé par les corneilles. «Quand les lieux publics et le mobilier sont souillés, on procède au nettoyage», conclut-il.

La corneille d’Amérique en chiffres

         Granby      Saint-Jean-sur-Richelieu

2012  20 535      58 756

2011  15 871      43 802

2010  12 812      30 580

2009  11 688      16 981

2008  25 643      15 000