Corps non réclamés: environ 400 décès par année tombent dans l’oubli

DÉCÈS. Chaque année, quelque 400 décès surviennent sans que le corps du défunt ne soit réclamé. Dans la région de la Haute-Yamaska, ce sont deux corps, dont les proches n’ont pas été retrouvés ou se sont désistés, depuis 2014, qui se retrouvent sur la liste du Bureau du coroner.

Les corps de Jean-Marie Vachon et de Guy Sarrazin, de Cowansville, ainsi que de Carl Carpovitch, de Bedford, n’ont pas été réclamés. À Granby, deux décès survenus en 2018 se retrouvent sur la liste du Bureau du coroner, soit ceux de Donald Jean et de Gilles Rodrigue.

Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène, indique la porte-parole du Bureau du coroner, Joannie Lambert-Roy.

«Des fois, ce sont des conflits dans la famille qui causent ça ou le fait qu’un proche a été retrouvé, mais il n’avait aucun contact avec le défunt depuis plusieurs années, a avancé Mme Lambert-Roy. La majorité des cas, ce sont des gens qui étaient seuls.»

Le Bureau du coroner traite en moyenne 5 000 décès par année, et une centaine de ceux-ci les corps ne sont pas réclamés, soit environ 5% des cas.

Ministère de la Santé

Quand le dossier ne nécessite pas l’intervention du coroner, c’est-à-dire quand il ne s’agit pas d’une mort obscure, violente ou inexpliquée, c’est le ministère de la Santé qui s’en charge. Dans ce cas-ci, c’est environ 300 corps par année sur la moyenne d’environ 55 000 décès qui ne sont pas réclamés.

«Pour qu’un corps soit déclaré non réclamé, c’est prévu par l’article 57 de la Loi sur les laboratoires médicaux, la conservation des organes et des tissus et la disposition des cadavres, a affirmé la porte-parole du ministère, Noémie Vanheuverzwijn. En gros, c’est lorsque le conjoint ou les proches parents jusqu’au degré de cousin germain déclarent par écrit qu’ils n’ont pas l’intention de réclamer le corps ou s’en désintéresse pendant au moins 24 heures après être avisés du décès ou n’ont pu être trouvés 24 heures après la production d’un rapport de recherche effectuée par un service de police.»

Mme Vanheuverzwijn a également indiqué que le ministère tient un répertoire de corps non réclamés dans sa base de données.

Gestion des corps

Dépendemment si le décès a été pris en charge par le Bureau du coroner ou le ministère de la Santé, la gestion d’un corps non réclamé se fait différemment.

Le Bureau du coroner dispose du corps en partenariat avec des cimetières à Montréal et à Québec où il est enterré.

«Quand aucun proche ne se manifeste, le corps non réclamé est affiché sur notre site internet, a indiqué Joannie Lambert-Roy. La loi nous oblige à conserver le corps au moins 30 jours après que les policiers signent un affidavit. Ensuite, le corps est inhumé, mais jamais incinéré. Le Bureau conserve la trace dans l’éventualité où le corps est réclamé dans le futur.»

Si le décès est géré par le ministère de la Santé, le corps peut être remis à une institution d’enseignement.

«Quand le cadavre est déclaré non réclamé, l’établissement peut disposer du cadavre en l’offrant à une institution d’enseignement à des fins de recherche ou d’étude et dans ce cas-là, l’institution dispose du corps avec une entreprise funéraire de son choix et l’incinération est souvent favorisée», a affirmé Noémie Vanheuverzwijn.

Les différents établissements peuvent aussi faire affaire directement avec une entreprise funéraire ou, si une tierce personne se manifeste, lui remettre pour

«Il y a par exemple Gilles Kègle à Québec qui réclame les corps et leur fait des cérémonies», a noté Mme Vanheuverzwijn.

 

Corps non réclamés dans la région

Donald Jean

-L’homme habitait sur la rue Gill, à Granby. Le coroner a pris avis le 1er septembre 2018 de son décès. Il avait 69 ans.

Gilles Rodrigue

-Le Granbyen de 68 ans résidait sur la rue du Centre. Il est décédé en mai 2018.

Source : Bureau du coroner