Transport scolaire: «Ça va être tout un branle-bas de combat»_Annette Herbeuval

TRANSPORT. Alors que des conducteurs s’affairent déjà à préparer leur véhicule, d’autres attendent les recommandations du rapport de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST). Dans tous les cas, «on n’est pas contre le retour [pourvu que] ça se fasse dans les règles établies au niveau des directives de la santé publique», a confié la présidente du Conseil central de la Montérégie-CSN, Annette Herbeuval.

Autant dans les écoles que pour les chauffeurs d’autobus, on souhaite qu’il y ait une discipline en place et de l’équipement pour assurer la sécurité de tous. Des échanges entre les employeurs et le syndicat sont donc nécessaire estime, Mme Herbeuval.

«Ce qu’on me disait, c’est qu’à tous les endroits où il y a ces échanges-là, ça se passe bien, a assuré la porte-parole au bout du fil vendredi dernier. Je viens de parler avec un des syndicats de la région. Il dit [que son] employeur n’est pas plus au courant; ça change tout le temps. Et ça, c’est vrai. On le voit depuis le début de la crise. Il y a des mesures qui sont annoncées et le lendemain, il y en a d’autres. On vit pas mal au jour le jour présentement.»

Représentant aussi le personnel technique administratif éducatif de Val-des-Cerfs, le Conseil central de la Montérégie-CSN se demande comment se passera la réintégration des enfants si on doit garder une certaine distance avec ceux qui ont des besoins particuliers.

«J’ai beau essayer de le tourner dans ma tête de tout bord tout côté, ça va être pratiquement inhumain, autant pour le personnel que pour l’enfant, a déploré Annette Herbeuval. Il y a des choses qui m’échappent. Il va avoir vraiment un grand défi pour tout ce personnel-là […] Ça va être tout un branle-bas de combat ce retour-là. Mais on sait qu’on n’a pas le choix, il faut passer par là.»

«Si tout le monde met la main à la pâte, si les employeurs et les directions prennent la peine de discuter aussi avec les syndicats, je pense que ça peut être que gagnant et qu’on pourra aller de l’avant.»

Prêts pour un retour

Dans l’ensemble, le président du secteur transport scolaire à la Fédération des employés de services publics (FEESP)-CSN, Stephen Gauley, croit que «les gens sont quand même prêts à un retour». Par contre, il ne cache pas qu’il y a des inquiétudes par rapport aux mesures de protection.

«Il y en a qui prennent les devants, a assuré le principal intéressé. Je suis au courant de certains transporteurs qui sont proactifs. Mais il y en a quand même beaucoup qui attendent le rapport de la CNESST avant de bouger. Ceux-là vont être à la dernière minute. Ils vont être tributaires de leur inaction.»

Des discussions sont en cours avec la CNESST et la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) pour tout ce qui concerne par exemple l’installation d’une paroi de protection pour les chauffeurs. Et M. Gauley a bon espoir que ce soit bientôt accepté.

«Ce n’est pas arrêté encore ça va être quoi, a-t-il commenté. Il y a des suggestions qui sont faites. L’enjeu dans tout ça, c’est que la SAAQ doit approuver. Comme c’est là, c’est sûr qu'[elle va] approuver des parois malgré ce qu’on voit sur les réseaux sociaux où les gens disent ce n’est pas légal. Étant donné la situation qu’on vit tout le monde actuellement, il y a des choses qui vont être permises. Ça risque de changer notre futur.»

Le président du secteur transport scolaire à la FEESP-CSN s’attend à ce qu’il y ait un manque à combler au niveau des effectifs puisque plusieurs chauffeurs sont âgés de 70 ans et plus. Il estime que le nombre d’enfants qui prendront l’autobus jouera dans la balance.

«Si les parents collaborent, du moins ceux qui sont près des écoles, et vont porter leurs enfants à l’école, ça va aider grandement le transport scolaire, a affirmé M. Gauley. Et ça soulagerait les transporteurs et les commissions scolaires parce qu’il va devoir y avoir une nouvelle réflexion des trajets. La grande différence, je pense, ça va être réellement les parents qui vont collaborer et qui vont permettre au transport scolaire de se faire de façon fluide et rapide.»

Moins d’élèves dans les autobus

Chez Transport scolaire Sogesco, propriétaire d’Autobus Yamaska et d’Autobus Granby, on confirme que les conducteurs vont avoir «des équipements de protection personnels qui vont leur permettre de demeurer en santé».

Dès le retour sur la route des gros autobus scolaires, le nombre d’élèves passera à douze et sera de cinq pour les plus petits véhicules de type minibus. Les chauffeurs, quant à eux, devront porter un masque, des lunettes, des gants et après chaque quart de travail, les lieux seront désinfectés.

Pourrait-il y avoir plus d’un circuit le matin et le soir? «On ne le sait pas, a mentionné Line Langlois, directrice des ressources humaines chez Transport scolaire Sogesco. Ça va dépendre des commissions scolaires. Ce qu’on ne sait pas, c’est le nombre d’élèves qui vont prendre le transport. C’est une décision personnelle des parents. On ne sait pas si on va devoir par exemple passer trois fois dans le même circuit pour être capable de ramasser l’ensemble des élèves.»

Transport scolaire Sogesco anticipe aussi un manque de main-d’œuvre dans le milieu, mais pour le moment, après avoir pris le pouls, «la plupart des conducteurs vont être au rendez-vous puisqu’ils s’ennuient de leurs élèves, ils s’ennuient de leur travail».

«Par contre, on est tout à fait conscient que ça se peut qu’il y ait des conducteurs qui ne puissent pas revenir au travail […], a noté Mme Langlois. On va respecter ça dans la mesure du possible toujours. On va espérer que tout le monde va être au rendez-vous. On va être prêt.»