Une fin de session pandémique au goût amer pour une cégépienne

ÉDUCATION. Louangée, approuvée, décriée, dénoncée. La suspension de la cote de rendement mieux connu sous le diminutif de cote R pour la session d’hiver 2020 au collégial ne laisse personne indifférent. Motivée comme jamais à vouloir gonfler sa moyenne académique, Éléonore Roy-Blanchette, une étudiante du Cégep de Granby, avale de travers la décision du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.

Désenchantée par l’ordonnance du Ministère, l’étudiante en sciences humaines a profité de son droit de parole pour adresser son insatisfaction au ministre Jean-François Roberge.

«Il est évident que compte tenu des circonstances entourant la pandémie, certains étudiants vivent des situations difficiles et contraignantes dans l’apprentissage de leurs études. Cependant, suspendre de façon unilatérale le calcul de la cote R amène un profond découragement aux étudiants qui comme moi comptaient sur cette session-ci pour augmenter leur cote R et ainsi pouvoir être admis dans un programme contingenté. Cette décision réduit à néant mes efforts et espoirs d’accéder à un programme contingenté. Plusieurs étudiants sont dans la même situation, plusieurs sont découragés, certains pensent même à quitter les études», peut-on lire dans le message envoyé par l’étudiante au ministre Roberge.

La missive de la cégépienne n’est pas demeurée sans réponse puisque l’attachée du ministre, Marie-Ève Gaudreau, lui a répondu à son tour. «Son maintien, même partiel, aurait été susceptible de générer d’importantes iniquités entre, d’une part, les élèves en mesure d’obtenir une note chiffrée (et donc comptabilisée) et ceux ne le pouvant pas. Cette décision permettra à tous de compléter leurs apprentissages, de réussir leurs cours et de poursuivre leur parcours académique, et ce, de manière équitable. Ce n’est pas une décision idéale, mais c’est la meilleure dans les circonstances que nous connaissons», lit-on dans l’échange de courriels.

À sa dernière session, la Bromontoise aspirait ni plus ni moins à optimiser sa cote R en vue son entrée prochaine à la faculté de droit.

«Je comptais prendre une session de plus au cégep parce que ma cote R n’est pas assez haute pour aller dans un programme contingenté. Et pour cela, je dois augmenter ma cote avant et ça ne se monte pas en une seule session», explique l’étudiante en sciences humaines.

Une solution

À quelques semaines d’obtenir son diplôme, Éléonore Roy-Blanchette sait déjà qu’elle devra prolonger son parcours collégial. Après avoir fait le choix de suivre une 5e session à l’automne 2020, elle appréhende de plus en plus la possibité d’être sur les bancs du collège de la rue Saint-Jacques à l’hiver 2021.

Selon l’étudiante, d’autres collégiens comme elle sont démotivés à la suite de la décision de Québec. Aux dires de la jeune femme, le milieu collégial aurait dû s’inspirer des universités qui laisseraient le choix de choisir entre le système de notation (cote Z à l’université) ou la mention «passage» sans voir sa cote principale être pénalisée.  «Chaque étudiant pourrait, selon sa situation, faire son propre choix. À mon avis, c’est la solution gagnante pour tous», a laissé entendre Éléonore Roy-Blanchette.

«Je comprends qu’il y a beaucoup d’étudiants qui vivent des situations difficiles, mais c’est difficile aussi pour ceux qui espéraient plus», conclut la Bromontoise.

À l’Association des étudiantes et des étudiants du Cégep de Granby, on aborde dans le même sens qu’Éléonore Roy-Blanchette. «On est d’accord que cela est dommageable pour les étudiants qui souhaitent augmenter leur cote R cette session-ci et qui ont travaillé fort pour cela. On pense que la suspension de la cote R soit la meilleure option», a exprimé Camille Maltais, porte-parole de l’Association étudiante.