Crise du logement: quand quitter Granby devient une éventualité

HABITATION. Près d’une semaine après le 1er juillet ; journée nationale du déménagement, pas moins d’une quinzaine de ménages sont en attente d’un toit à Granby, selon l’Office d’Habitation Haute-Yamaska Rouville (OHHYR) qui supervise le service d’aide à la recherche de logements depuis quelques semaines.

Avec un taux d’inoccupation de 0,1 %, la recherche d’un logement à Granby devient pratiquement un emploi à temps plein par les temps qui courent. D’ailleurs, trois familles ont dû être hébergées temporairement à l’hôtel au lendemain du traditionnel 1er juillet, a fait savoir l’intervenante au service d’aide à la recherche de logements à l’OHHYR, Rachelle Côté.

« C’est une question de jours avant que ça soit réglé. Les familles sont en recherche », a pris soin de préciser Mme Côté. «Pour certains, c’est de l’itinérance entre parenthèses. Quelques jours chez un parent ou un ami en attendant de se trouver quelque chose (…). Comme ces gens réussissent à se dépanner, il est difficile pour nous de déterminer le nombre de personnes sans toit, mais je dirais qu’on a une bonne quinzaine de ménages en attente. »

Personnes seules, retraités, familles, couples. Selon la porte-parole de l’OHHYR, le portrait des locataires en quête d’un domicile est très varié. À cela s’ajoutent des personnes qui souhaitent délaisser un appartement insalubre et des individus touchés par la rénoviction. Et comme toute bonne crise, des malfrats profitent du contexte pour frauder les personnes vulnérables. Deux cas d’arnaque ont d’ailleurs été rapportés à Rachelle Côté au cours des derniers jours.

« Des personnes sont allées visiter (un logement) et on leur a demandé un dépôt. Finalement, c’était faux. On leur avait même remis de fausses clés.» « Quand tu l’apprends à une journée du déménagement, tu te retrouves rapidement en recherche d’urgence. Le 1er juillet est terminé, mais c’est loin d’être fini la crise du logement. »

Déménager ailleurs : une option ?

Si partir à la chasse au loyer n’est pas une mince affaire pour une personne seule actuellement, le scénario n’est pas plus rose pour les familles nombreuses qui peinent à repérer un logement. Les appartements de type 5 1/2, 6 1/2 et 7 1/2 sont rares dans le marché actuel, convient Rachelle Côté. L’une des portes de sortie de cette crise du logement à Granby serait d’ouvrir ses horizons en optant pour un déménagement en région où la détresse locative est moins intense, suggère Mme Côté. « À 0,1 % (taux d’inoccupation) à Granby, c’est une pénurie (…). Je dis souvent aux gens d’aller voir ailleurs. »

« J’ai référé dans d’autres régions du -Québec que ça soit en Beauce ou dans la région du Granit (-Lac-Mégantic). C’est sûr que tout dépend de la situation financière, mais quand les personnes sont admissibles à un HLM (habitation à logement mode, je leur propose de déménager, car ici, on a 400 noms sur notre liste d’attente (…). Changer de ville, c’est un deuil, mais parfois un changement de décor peut faire du bien. »

Avec une hausse du coût des loyers de 54 % à -Granby entre 2021 et 2022, selon une étude réalisée par le Regroupement des comités logements et des associations de locataires du Québec, la construction de nouveaux logements abordables est de plus en plus inévitable pour contrecarrer la pénurie. D’ailleurs, la semaine dernière, Québec a annoncé le financement de 41 projets (1723 logements) dans le cadre du Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ). Parmi les initiatives financées par le PHAQ, notons le Projet Simonds (90 logements) à Granby. Invitée à clarifier les termes du futur projet de la rue Simonds, la Société d’habitation du Québec s’est faite avare de commentaires. «Nous ne pouvons pas préciser de montants par région ou par projet étant donné que les organismes devront nous fournir des informations supplémentaires afin de déterminer les subventions finales pour leur projet. Cette procédure est régulière dans de tels dossiers puisque les projets peuvent être modifiés en cours de route », explique la Société dans un courriel laconique.

Selon le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), pas moins de 4000 ménages québécois ont demandé de l’aide pour dénicher un toit cette année.