Des jumelles «cellulaires» unies pour la vie

TÉMOIGNAGE. TÉMOIGNAGE. Mai 2018. Le train-train quotidien de Penny Lamarre s’arrête subitement à l’annonce d’un diagnostic d’une leucémie myéloïde aiguë. Le verdict est brutal pour la femme alors âgée de 43 ans: son cancer gagne rapidement du terrain. Heureusement, un don de cellules souches compatibles à son bagage génétique gentiment offert par une jeune Allemande lui sauve la vie près d’un an plus tard. Malgré les milliers de kilomètres qui les séparent, les deux femmes sont plus unies que jamais grâce à ce grand geste de générosité. Et voilà que la Granbyenne vient de faire la connaissance de sa jumelle génétique après avoir dû respecter le protocole de deux ans avant de connaître l’identité de sa donneuse.

Pour s’en sortir, la seule issue pour Penny Lamarre reste la greffe de cellules souches. Comme première avenue, les médecins vérifient la compatibilité génétique auprès de la soeur de la Granbyenne. « Au moment de mon diagnostic, on me donnait environ une semaine à vivre. Ça passait ou ça cassait, mais finalement ç’a passé. Mes médecins ont alors regardé la possibilité pour une greffe. J’avais une chance sur quatre d’être compatible avec ma soeur et je ne l’étais pas. »

Or, il lui reste la banque universelle où l’on y inscrit les donneurs potentiels et les receveurs en attente de cellules souches. C’est finalement cette option qui permettra à la quadragénaire d’avoir une seconde chance. Après d’intenses traitements de chimiothérapie, une rechute huit mois plus tard et des démarches en Allemagne pour trouver un donneur, la bonne nouvelle survient. Nouvellement inscrite au fichier allemand des donneurs de moelle osseuse (DKMS), une jeune femme de 19 ans présente un profil alliable avec la Granbyenne. Au terme de la batterie de tests des deux côtés de l’Atlantique, tout se confirme. Le précieux don de vie traverse finalement l’océan. Hospitalisée à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, Penny Lamarre voit poindre la lumière au bout du tunnel le 12 décembre 2019 lorsqu’on procède à la transfusion des cellules souches.

Qu’à cela ne tienne, Penny Lamarre savoure le moment. «Le 12 décembre, c’est une journée significative. J’ai deux dates de naissance maintenant.» «J’étais hyper contente et en même temps, j’avais peur de souffrir et de mourir. Mais je savais que sans cette greffe, c’était la mort à 100 %», raconte-t-elle avec le trémolo dans la voix.

Mais rien n’est encore joué au terme de la transfusion. «Ça prend 21 jours avant que les cellules migrent et que ton système reparte (…). Les risques d’une greffe, c’est le rejet », confie Penny Lamarre. Une année et demie plus tard, on lui apprend qu’elle n’a plus l’obligation d’ingérer des médicaments antirejet. «La vie est belle et l’énergie est revenue», avoue-t-elle avec un large sourire.

Connaître sa jumelle génétique

Mère de deux adolescents de 13 et 15 ans, Penny Lamarre se porte très bien et encore mieux depuis qu’elle connaît depuis peu l’identité de celle qui lui a sauvé la vie. Cette deuxième chance, elle la doit à Johanna Bargfrede, une résidente de la petite localité de Wittorf, en Allemagne. D’ailleurs, en entrevue dans un média allemand quelque temps après avoir fait le don de cellules souches, la jeune femme aujourd’hui âgée de 22 ans avait aussi manifesté son intérêt d’entrer en contact avec sa jumelle génétique.

«Dans quelques mois, on me dira si mon patient a bien supporté la transfusion« , avait déclaré Johanna Bargfrede lors d’un entretien accordé au Kreiszeitung.de. «Elle espère également rencontrer bientôt sa jumelle de cellules souches. Mais elle ne sait pas encore de qui il s’agit. Seuls son pays d’origine, son âge et son sexe lui ont été révélés», pouvait-on lire dans le reportage.

Pour Penny Lamarre, sa réaction est instinctive lorsqu’elle apprend les intentions de sa donneuse. «Je me suis mis à brailler sur-le-champ. Ç’a été un super beau cadeau», dit-elle la voix nouée par l’émotion.

Et comme il n’arrive jamais rien pour rien, les deux jumelles génétiques ont récemment fait connaissance par le truchement de courriels et d’une rencontre virtuelle. Un premier contact significatif après des mois d’attente.

«C’est le début d’une belle relation et d’un beau partenariat parce qu’on souhaite inspirer les gens à se mettre en mouvement et à aller s’inscrire à la base de données de cellules souches.» En d’autres mots, les deux nouvelles amies souhaitent promouvoir le don de cellules souches des deux côtés de l’Atlantique en collaborant avec Héma-Québec et le centre allemand de don de moelle osseuse; DKMS.

Bien qu’elles en sont encore au premier chapitre de leur jeune histoire, les deux jumelles cellulaires ont déjà une belle complicité. «Johanna est rayonnante. J’ai vraiment hâte de la rencontrer.»