Des petits pots de miel pour protéger les éléphants du sud du Cameroun

CONSERVATION. Comment contrôler les déplacements d’éléphants qui s’invitent à l’improviste dans un village du sud du Cameroun? En vendant du miel pour financer l’achat de ruches qui vont protéger les communautés. Un beau projet de sauvegarde mené de front par le 14e Groupe Scout Georges-Pépin et le Zoo de Granby.

Les idées les plus simples pour protéger des espèces animales sont parfois les meilleures. Pour les éléphants et les habitants du Cameroun, la vente de 300 pots de miel gérée par les jeunes du 14e Groupe Scout Georges-Pépin pourrait changer le cours de leur vie dans les prochaines années.
«Les éléphants ont une très bonne mémoire. Quand les abeilles les piquent, ils s’en souviennent et savent où aller lorsqu’ils entendent les bourdonnements», a expliqué Thomas Drapeau, membre du 14e Groupe Scout Georges-Pépin.

Grâce au miel, les communautés de Mabiogo et d’Akak, établies dans le Parc national de Campo Ma’an, s’alimentent à même le miel et leurs cultures sont en sécurité.

«Ce parc-là est cinq fois la grandeur de l’Île de Montréal. C’est immense comme parc. Il y a à peu près 160 villages qui l’entourent et environ 100 000 à 110 000 personnes qui habitent autour du parc en zone riveraine. Pour les éléphants, il n’y a pas de frontières. S’ils veulent traverser, ils traversent dans les villages et ça insécurise les gens», a affirmé Patrick Paré, directeur conservation et recherche au Zoo de Granby.

Avec une vingtaine de ruches déjà installées à Mabiogo et à Akak, le Zoo croit être en mesure de faciliter la vie des pachydermes vivant aux abords des villages.

«Les éléphants vont dans les plantations pour chercher les fruits et détruire les arbres. Ça amène des problématiques et ça amène des conflits entre les humains et les animaux. Alors ce qu’on essaie de faire, c’est de favoriser la coexistence. Et parce que nos scouts vendent du miel, on va être capable de se payer des ruches», a laissé entendre M. Paré.

Étudier les éléphants
Une employée du zoo, Valérie Michel, retournera au Parc national de Campo Ma’an, du 5 mai au 23 août prochain, pour la seconde phase de ce projet de conservation. Un travail fait en collaboration avec des intervenants du gouvernement camerounais et des habitants des villages touchés.

«L’année passée, notre mission, c’était de trouver où les éléphants se situaient dans le parc. Cette année, vu que les villages sont ciblés, ça va être de trouver les chemins que les éléphants prennent pour se rendre aux cultures et pourquoi», a exprimé Mme Michel.

Avec une meilleure connaissance du trajet des éléphants, le Zoo et ses partenaires camerounais désirent déposer les ruches aux bons endroits pour ramener un peu de quiétude dans les villages.

Quant à la vente de pots de miel, elle va bon train. 200 des 300 pots ont été vendus jusqu’à présent. L’objectif est d’atteindre le plateau des 3000 $ et d’aménager cinq autres ruches en 2019 notamment du côté du village de Nyeté.