Dossier Quai des Brises : Mario Rodrigue se défend d’avoir «menti» aux Waterlois

Mario Rodrigue est catégorique: il était de bonne foi lorsqu’il a rédigé le tract «Un changement de zonage qui vous coûtera cher» concernant le Quai des Brises de Waterloo en juillet dernier. Malgré les erreurs qu’il contenait. Après une mise en demeure de la Ville et une lettre de rétractation de sa part, il est le premier surpris de l’ampleur de la tournure des événements.  

«On a juste voulu informer les gens, et c’est nous (sa conjointe et lui) qui mangeons la claque», insiste Mario Rodrigue.

Son but, en rédigeant ce tract, était d’attirer l’attention de ses concitoyens sur un avis public concernant le secteur Quai des Brises.

La Ville souhaitait y créer une nouvelle zone dans laquelle la construction d’immeubles multiplex et jumelés serait permise.

«À la séance du 2 juillet, j’ai demandé à Pascal Russell si leurs multiplex pouvaient être des deux logements? Des quatre? Et j’ai grimpé jusqu’à 16. Il m’a répondu: «Ça va dépendre de ce qu’ils (promoteurs) vont nous présenter». Il n’a jamais dit non. Même s’il dit qu’il a toujours dit que ce serait des six à huit logements. Ça veut dire que le 2 juillet, ils n’avaient aucune idée du projet, ni de ce que ça aurait l’air», soutient M. Rodrigue qui, à l’époque, n’avait pas annoncé sa candidature pour le poste de conseiller au sein de l’Équipe citoyenne Waterloo.

«Les gens nous demandaient…c’était gros comment, un 16 logements, et les seuls qu’on a dans le coin, ce sont des blocs de HLM. On s’est servi de ce comparatif, mais jamais on n’a dit que ça allait être ça qui allait être construit sur le bord du lac», martèle-t-il.

De son côté, Pascal Russell affirme ne pas se souvenir avoir été à l’encontre des recommandations du CCU (comité consultatif d’urbanisme), qui proposait des six à huit logements.

«D’avoir dit que ça ressemblerait à des HLM, je trouve ça vraiment mesquin. Il joue avec les mots», plaide le maire.

Mauvais chiffres

L’avis public a été publié le 29 juin. La séance du conseil municipal était le 2 juillet, et le registre se tenait le 9 juillet.

Mario Rodrigue a rédigé son tract devant «l’urgence» de la situation.

Il y a écrit que la Ville avait emprunté 2 450 000$ pour le projet résidentiel, alors que le chiffre réel est de 2M $.

«J’ai demandé les chiffres à la Ville, mais on ne m’a pas répondu. J’ai fouillé sur Internet et j’ai trouvé cette info, qui datait de 2009. On n’était pas à jour», reconnaît-il.

Pour bloquer le changement de zonage permettant la construction de jumelés et de multiplex, M. Rodrigue a rédigé qu’il fallait «au moins 50 signataires» lors de la tenue du registre.

Il s’est basé sur le calcul qui avait été effectué à Chambourg-sur-le-lac peu de temps avant.

Le nombre de signatures requises, déterminé par le Directeur général des élections (DGE), est entré le 4 juillet: 37 signatures. La distribution du tract était débutée.

«On nous a accusés d’avoir menti sur le chiffre, mais on a mis une approximation, et finalement, il y en a 52 qui sont venus signer», affirme-t-il.

«Pourquoi jouer au justicier quand on n’a pas les bons chiffres? Comme ça, soudainement? J’appelle ça le syndrome de Don Quichotte, et il y a beaucoup de gens qui n’ont pas aimé ça, note le maire Russell. Surtout qu’il assiste à toutes les séances depuis un an!

Mise en demeure

Le vendredi 5 juillet, à sa grande surprise, Mario Rodrigue a reçu une mise en demeure de la Ville de Waterloo à 16h. Il devait écrire une lettre de rétractation au plus tard le lundi 8 juillet. Sinon, il risquait des poursuites judiciaires.

«J’ai toujours été de bonne foi. Sinon, est-ce que j’aurais vraiment signé mon tract avec mon adresse et mon numéro de téléphone?», plaide-t-il.

«Les gens m’ont dit que j’avais travaillé trop fort pour faire l’objet d’une telle campagne de salissage, alors j’ai contacté un avocat et on lui a envoyé une mise en demeure, allègue Pascal Russell. Pourquoi il ne s’est pas assis avec moi pour en jaser avant d’écrire ça pour me poser les questions?»

Le maire, qui habite à quelques maisons de M. Rodrigue, affirme qu’il lui a écrit le 22 juillet pour lui offrir de discuter.

«J’ai pilé sur mon orgueil et j’ai fait les premiers pas, mais je n’ai pas eu de nouvelles. Je lui laisserais une chance, même s’il m’a giflé deux, trois fois. Je suis prêt à lui tendre la main, et j’espère qu’il va faire de même. La perche est lancée», conclut M. Russell.